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France : le NON clair des syndicats d’enseignant∙e∙s au « Pacte enseignant » et à la loi sur les retraites

Publié 25 mai 2023 Mis à jour 3 juillet 2023

L’Internationale de l’Éducation apporte son soutien à l’intersyndicale de l’enseignement qui appelle les enseignant·e·s à se mobiliser en masse pour montrer leur opposition au « Pacte écoles, collèges, lycées généraux, technologiques et professionnels » et exiger l’abrogation de la loi sur les retraites en France.

Dans un communiqué de presse conjoint publié le 19 mai, la fédération syndicale unitaire (FSU), l’Union nationale des syndicats autonomes-Éducation (UNSA-Éducation, la Fédération Nationale de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation Professionnelle Force Ouvrière (FNEC-FP-FO), la fédération des Syndicats généraux de l'Éducation nationale- Confédération française démocratique du travail (SGEN-CFDT), le Syndicat de salariés de l’Éducation nationale (SNALC) et SUD éducation ont appelé à un rassemblement le 31 mai. Ce rassemblement sera suivi d’une grève le 6 juin, soit deux jours avant l’examen par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites, afin de placer les parlementaires ainsi que le gouvernement devant leurs responsabilités.

Le pacte comporte des risques pour le système éducatif

L’intersyndicale enseignante fait valoir que, « espérant nous faire tourner la page des retraites, le ministre Ndiaye a mis à l’ordre du jour du Comité Social d’Administration (CSA) ministériel du 31 mai les décrets et arrêtés sur la ‘revalorisation’ et le ‘pacte enseignant’. Le ‘pacte’ est un dispositif qui ne répond en rien aux attentes des collègues. Loin de contribuer à la revalorisation attendue par toutes et tous, il va conduire à un alourdissement de la charge de travail des personnels, alors qu’une enquête de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a fait la lumière sur la réalité du temps de travail des enseignantes et enseignants (la moitié travaille plus de 43h par semaine) et que des chiffres de l’observatoire du bien-être confirment les conditions de travail difficiles pour la profession : la moitié des personnels est en état d’épuisement avancé. »

Par ailleurs, les organisations estiment que le pacte :

  • Porte le risque avéré d'aggraver les inégalités femmes/hommes.
  • Va considérablement dégrader le fonctionnement des écoles et des établissement publics locaux d'enseignement (EPLE) et fragiliser les collectifs de travail par une mise en concurrence des personnels.

C’est pourquoi elles « contestent le choix du déploiement des réformes à coup de pactes au risque de traitements inéquitables des élèves dans le service public d’éducation. Cette stratégie est démultipliée pour la voie professionnelle où le Pacte est l’outil de mise en place de mesures contestables. Il s'agit d'un passage en force de la part du gouvernement, de la même manière que pour la réforme des retraites dont nous demandons toujours le retrait. »

Elles refusent donc le Pacte et revendiquent de véritables augmentations salariales, en particulier par l’augmentation du point d’indice pour tous les personnels dans ce contexte de forte inflation.

Elles appellent enfin les personnels de l’enseignement à se réunir pour réaffirmer les revendications et organiser des rassemblements, partout où c’est possible, devant les rectorats, les inspections académiques, le ministère de l’Education nationale, le 31 mai (jour du CSA ministériel), et à être massivement en grève mardi 6 juin pour exiger l’abrogation de la loi sur les retraites.

Le pacte ne constitue pas la revalorisation proclamée

Le SNES-FSU considère par ailleurs que « le pacte n’est pas une revalorisation comme l’affirment avec aplomb et malhonnêteté Emmanuel Macron et Pap Ndiaye. Il est surtout synonyme de ‘travailler plus pour s’épuiser plus’. Il est aussi, et surtout, une forme de service d’astreinte qui nous fait perdre notre liberté professionnelle en donnant un chèque en blanc aux chefs d’établissement. »

Le syndicat appelle à ne pas signer le pacte, indiquant qu’en cas de signature, les chef·fe·s d’établissement complètement la main sur le quotidien professionnel des enseignant·e·s : « Face à cette attaque frontale contre notre statut et nos métiers, le SNES-FSU organise la lutte : ensemble mettons en échec le pacte ! »