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Photo credit: UN Department of Economic and Social Affairs
Photo credit: UN Department of Economic and Social Affairs

Journée internationale des peuples autochtones du monde 2023

Déclaration de l’IE

Publié 8 août 2023 Mis à jour 21 mars 2024

Le 9 août, Journée internationale des peuples autochtones du monde, l’Internationale de l’Éducation réaffirme les droits des peuples et des jeunes autochtones à un enseignement de qualité respectueux de leur culture à tous les niveaux. La capacité des peuples autochtones à contrôler et mettre en œuvre leurs propres systèmes éducatifs dans des langues autochtones ou traditionnelles est un exercice de leur droit à l’autodétermination. Les points de vue des jeunes autochtones sont essentiels et leur participation et leur consultation au sujet de décisions les concernant sont plus vitales que jamais.

Ces trente dernières années, l’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres ont œuvré à faire avancer les droits de peuples autochtones aux niveaux local, national, régional et mondial. Au cours de cette période, nous avons observé des mouvements importants à l’échelle internationale avec l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ainsi que la création de l’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones, le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, la Déclaration de Coolangatta sur les droits des peuples autochtones à une éducation de qualité et plusieurs recommandations du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale et du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, acronyme anglophone).

Plus récemment, après près de 20 ans d’actions collectives et de plaidoyer, le 26 octobre 2022, le mouvement des femmes autochtones a réussi à faire adopter par le CEDAW une recommandation spécifique, la Recommandation générale n°39 sur les droits des femmes et des filles autochtones. La Recommandation générale n°39 donne voix au chapitre aux femmes et aux filles autochtones, qui sont des figures référentes au sein de leurs communautés et en dehors, aborde les différentes formes de discrimination intersectionnelle fréquemment commises par des acteurs étatiques et non étatiques et garantit une protection explicite aux femmes et aux filles autochtones dans le monde.

Malgré ces progrès essentiels, un fossé demeure entre ce que ces instruments garantissent et la manière dont les États appliquent ces droits, en particulier en ce qui concerne les droits des enfants et des jeunes autochtones. En l’absence d’une volonté politique soutenue, de fonds et d’un engagement véritable auprès des peuples autochtones, ces derniers continueront d’être marginalisés socialement, économiquement et politiquement dans le monde, ce qui affecte tout particulièrement les jeunes autochtones.

La discrimination et le racisme structurels à l’égard des jeunes autochtones sont ancrés dans les constitutions, les législations et les politiques, tout comme dans les programmes, les actions et les services gouvernementaux. Cela se ressent le plus dans l’éducation. Les histoires coloniales brutales et les réalités néocoloniales actuelles soulèvent divers obstacles à la capacité des enfants et des jeunes autochtones à jouir pleinement de leur droit à l’éducation. Souvent, ils ne disposent pas de suffisamment d’enseignant·e·s qualifié·e·s pour dispenser un enseignement et un programme scolaire respectueux de leur culture dans des langues autochtones. Ces obstacles varient selon les régions et les situations individuelles et peuvent être aggravés par des faiblesses croisées, notamment pour les filles, les enfants lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexués et bispirituels, les enfants handicapés et ceux qui vivent dans des régions éloignées, dans des communautés nomades ou dans des zones urbaines. [1]

Dans le même temps, les défenseur∙euse∙s des droits humains autochtones, dont un grand nombre sont des enfants et des jeunes, font face à des arrestations, du harcèlement et de la violence, en particulier lorsqu’ils défendent leur souveraineté et leurs droits sur des terres, des territoires et des ressources naturelles contre l’expansion des industries extractives et la militarisation.

Malgré ces difficultés, les jeunes autochtones jouent un rôle actif dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination.

Les jeunes autochtones ont changé cette réalité en menant et en organisant diverses activités destinées à renforcer et à promouvoir leur identité culturelle, en participant à des assemblées et en partageant des espaces culturels avec des anciens autochtones, ainsi qu’en créant des réseaux de solidarité au sein du mouvement d’action mondiale pour le climat, la paix et la coopération numérique. Les jeunes autochtones ont démontré que les réseaux sociaux et les plateformes en ligne peuvent être exploités pour sensibiliser, développer la solidarité et changer l’histoire.

L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres sont solidaires des efforts des jeunes autochtones et de leurs communautés.

Le droit à l’éducation étant fondamental pour l’exercice de nombreux autres droits, l’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres appellent les gouvernements à :

  • Donner la priorité à la pleine participation des communautés autochtones à la formulation, la définition et la mise en œuvre d’une éducation de qualité ;
  • Ratifier et appliquer la Convention n°169 de l’Organisation internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux, les principaux traités relatifs aux droits humains et la législation nationale correspondante et intégrer ces instruments dans les plans nationaux de mise en œuvre, avec la participation des peuples autochtones, notamment les enfants et les jeunes, et en consultation avec ceux-ci ;
  • Mener la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » à tous les niveaux pour renforcer l’offre d’une éducation de qualité et respectueuse de la culture aux peuples autochtones, y compris dans leurs langues traditionnelles ; et
  • Mettre en place et financer des mécanismes nationaux afin de mettre en œuvre la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032), notamment en fournissant du matériel pédagogique dans les langues autochtones, en partenariat avec les peuples autochtones.

Afin de rechercher comment les syndicats de l’éducation et les expert·e·s de l’éducation autochtones, les militant·e·s et les enseignant·e·s peuvent collaborer pour garantir une éducation de qualité qui mette les jeunes autochtones au cœur de l’enseignement et renforce les droits des peuples autochtones dans l’éducation et par elle, l’Internationale de l’Éducation va réaliser ce mois-ci une série de blogs rassemblant les voix des peuples autochtones et leurs alliés à travers le monde.