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États-Unis : les éducateur·trice·s et leurs allié·e·s se mobilisent en masse le Premier mai pour réclamer la dignité, des écoles sûres et un avenir plus équitable

Publié 2 mai 2025 Mis à jour 9 mai 2025

Les travailleur·euse·s aux États-Unis et dans le monde entier se sont rassemblé·e·s en ce Premier mai, Journée internationale des travailleur∙euse∙s, pour honorer l’héritage de ceux et celles qui se sont battu·e·s pour les droits des travailleur·euse·s et pour poursuivre ce combat. Aux États-Unis, des dizaines de milliers de manifestant·e·s sont descendu·e·s dans les rues à travers tout le pays, avec notamment d’importants rassemblements à Los Angeles et à Washington, pour exprimer leur vive opposition à l’administration du président Donald Trump.

Les syndicats de l’éducation montrent la voie

La National Education Association (Association nationale de l’Éducation - NEA) et l’American Federation of Teachers (Fédération américaine des enseignant∙e∙s - AFT) se sont jointes aux parent·e·s, aux éducateur·trice·s, aux élèves et aux membres des communautés locales pour participer à plus de 800 manifestations à travers un millier de villes. Il s’agissait des plus importantes manifestations depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Ces rassemblements ont été organisés en réponse aux mesures extrêmes imposées par l’administration Trump, notamment l’attaque contre l’enseignement public et les travailleur·euse·s, le renversement des politiques en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, et les attaques directes contre les étudiant·e·s immigré·e·s et leurs familles.

Becky Pringle, présidente de la NEA, a souligné les raisons qui ont motivé la mobilisation du Premier mai. « Pourquoi nous mobilisons-nous le Premier mai ? », demande Mme Pringle. « Nous nous mobilisons parce que les milliardaires suppriment les financements publics destinés à nos écoles publiques et trahissent les promesses faites à nos élèves. » Elle a souligné que les travailleur·euse·s, y compris les enseignant·e·s, les conducteur·trice·s de bus, les employé·e·s de cafétéria et les conseiller·ère·s pédagogiques, méritent mieux qu’une simple subsistance. « Les élèves méritent des écoles bien financées et des quartiers sûrs. Les travailleurs et travailleuses méritent des emplois qui garantissent un traitement digne », a-t-elle déclaré. Le Premier mai est une date cruciale pour poursuivre la lutte en faveur de ces droits.

Randi Weingarten, présidente de l’AFT, pour sa part, a attiré l’attention sur la nécessité urgente de protéger les élèves. Prenant la parole lors d’un rassemblement, Mme Weingarten s’est jointe aux éducateur·trice·s qui ont participé aux centaines d’événements organisés à travers le pays pour faire entendre un message clair : « Ne venez pas dans nos écoles pour prendre nos enfants. Ne venez pas dans nos écoles pour prendre nos élèves. Nos élèves ont le droit d’être scolarisés aux États-Unis, qu’ils soient ou non en possession de papiers », a déclaré Mme Weingarten, avant de proclamer avec passion : « Nos écoles doivent être des zones sûres ». S’inspirant de l’histoire de sa propre famille immigrée, elle a évoqué le devoir du mouvement syndical de défendre tout le monde, en particulier le Premier mai.

Les manifestations ont abordé toute une série d’enjeux cruciaux aux États-Unis, notamment :

  • Mettre fin à l’influence et à la corruption des milliardaires et du gouvernement.
  • Protéger les programmes essentiels tels que Medicaid et la sécurité sociale.
  • Financer intégralement l’enseignement, la santé et le logement publics.
  • Mettre fin aux attaques contre les communautés marginalisées, notamment les immigré·e·s, les personnes de couleur, les autochtones, les personnes en situation de handicap et les personnes LGBTQ+.

Libérez Kilmar

Les militants ont également exigé la libération de Kilmar Abrego García (en anglais) et son retour en toute sécurité auprès de sa famille aux États-Unis. Bien qu’il n’ait aucun casier judiciaire, qu’aucune procédure judiciaire n’ait été engagée contre lui et qu’il se trouvait légalement aux États-Unis, le gouvernement des États-Unis a déporté Kilmar, membre syndical et père de trois enfants, vers une prison de haute sécurité au Salvador, connue dans le monde entier pour ses conditions déplorables et le non-respect des procédures légales.

Il a été expulsé des États-Unis malgré une décision judiciaire de 2019 interdisant sa déportation vers le Salvador. Bien qu’elle ait admis que l’extradition de Kilmar Abrego García résultait d’une « erreur administrative », l’Administration Trump a néanmoins fait fi d’un arrêt de la Cour suprême des États-Unis qui devait faciliter son retour.

La fédération syndicale internationale UNI Global Union a par ailleurs encouragé les militants du monde entier à adresser une lettre à l’ambassade du Salvador la plus proche pour exiger la libération de Kilmar ainsi qu’une « procédure régulière pour tou·te·s les autres travailleur·euse·s injustement arrêté·e·s, emprisonné·e·s ou expulsé·e·s ».

La solidarité régionale s’affiche à travers les Amériques

Les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation pour l’Amérique latine (IEAL) ont participé activement aux manifestations et mobilisations du Premier mai pour réclamer des financements pour l’éducation, le renforcement des démocraties et les droits des travailleurs∙euse∙s de l’éducation.

Les syndicats de l’éducation des États-Unis et d’Amérique latine entretiennent une relation de coopération de longue date fondée sur la solidarité et la conviction commune que la stabilité de chaque pays est essentielle à la stabilité de la région.

Le bureau régional de l’IEAL a relayé les messages des dirigeant·e·s syndicaux·ales latino-américain·e·s, dont Sonia Alesso, présidente du Comité régional et secrétaire générale de la CTERA, Argentine, Eduardo Hidalgo de l’ADP, République dominicaine, Isabel Olaya de la FECODE, Colombie, María Dolores Escobar de la COLPEDAGOGOSH, Honduras, et Luis Ramirez Enamorado de la COPRUMH, Honduras, entre autres.

Mme Alesso a souligné l’urgence que revêt la situation politique mondiale actuelle : « Nous, travailleurs et travailleuses de toute l’Argentine, affirmons notre solidarité avec les syndicats de l’éducation et l’ensemble des travailleurs et travailleuses des États-Unis membres de la NEA et de l’AFT. Ils pénètrent dans les écoles pour déporter des travailleurs et travailleuses de l’éducation et des élèves, ce qui représente une avancée très claire de l’extrême droite et du fascisme. Ce Premier mai, partout dans le monde, nous disons : Oui à l’éducation, non à la déportation. »

La démocratie va bien au-delà de la tenue d’élections libres et équitables

Les manifestations ont fait écho à la déclaration du Premier mai de l’Internationale de l’Éducation, qui appelle à la solidarité et à une action mondiale. « La démocratie, c'est plus que des élections libres et équitables : il s'agit d'agir pour le peuple, et non pour les oligarques qui pillent les ressources publiques. Il s'agit de lutter contre les inégalités, l'intolérance et de plaider pour la justice sociale et climatique. Ce sont des questions de survie qui construisent une communauté mondiale partagée. »