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Argentine : les syndicats dénoncent une nouvelle attaque du gouvernement contre le droit de grève et les salaires du personnel enseignant

Publié 27 mai 2025 Mis à jour 30 mai 2025

Les syndicats de l’éducation d’Argentine dénoncent une nouvelle vague d’attaques menées par le gouvernement argentin, alors que le Président Javier Milei a annoncé des mesures visant à limiter le droit de grève du personnel enseignant et à démanteler la négociation collective des salaires au niveau national.

Les affiliés de l’Internationale de l’Éducation dans le pays, à savoir la Confederación de Educadores Argentinos (CEA), la Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina (CTERA), la Federación Nacional de Docentes Universitarios (CONADU) et le Sindicato Argentino de Docentes Privados (SADOP), ont dénoncé ces mesures et lancent déjà des actions pour défendre les droits de leurs membres.

« Nous sommes solidaires de nos affiliés dans la défense d’une éducation de qualité et nous nous opposons à toute action portant atteinte aux valeurs démocratiques et au bien-être du personnel enseignant, des personnels de soutien à l’éducation et des élèves », a déclaré David Edwards, Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation. « Les récents décrets constituent une attaque directe contre le personnel enseignant, l’éducation publique et les droits de travailleurs et travailleuses en Argentine. No pasarán ! » M. Edwards a manifesté son soutien et sa solidarité avec les syndicats de l’éducation « qui luttent sans relâche pour protéger le droit à une éducation publique gratuite et inclusive ».

L’Internationale de l’Éducation a tiré la sonnette d’alarme au niveau mondial en lançant un Appel d’action urgente, par lequel elle demande aux organisations membres du monde entier de manifester leur solidarité avec leurs collègues argentin·e·s.

Le droit de grève en danger

Le 21 mai 2025, le gouvernement a adopté le décret n° 340/25, qui vise à limiter le droit de grève du personnel enseignant et d’autres secteurs. Le décret qualifie l’éducation de « service essentiel », mais uniquement aux fins de restreindre les actions de grève. Ce type d’attaque contre le droit de grève n’est pas nouveau et a déjà été jugé illégal.

En 2002, la Chambre d’appel nationale en matière de travail a confirmé un arrêt déclarant qu’un décret similaire (décret n° 843/00 du gouvernement De la Rúa) était inconstitutionnel. L’arrêt précisait expressément que l’éducation n’est pas un service essentiel aux fins de limiter le droit de grève. Il indiquait également que les futurs gouvernements ne peuvent pas utiliser ces outils pour limiter ou mettre un terme aux actions des travailleur·euse·s de l’éducation. Plus récemment, le système judiciaire a également confirmé l’inconstitutionnalité d’un autre décret (DNU n° 70/23) adopté par le gouvernement actuel, qui est très similaire au nouveau décret n° 340/25.

Des organisations internationales se sont également déjà prononcées sur cette question dans le passé. Le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a examiné une plainte déposée par la CTERA concernant les résolutions antérieures. Le comité de l’OIT a rappelé aux gouvernements que le droit de grève ne peut être limité que pour les « services essentiels » au sens le plus strict. Cette définition stricte ne s’applique qu’aux services dont l’interruption pourrait mettre en danger la vie, la sécurité ou la santé des personnes. L’OIT a déclaré que le secteur de l’éducation ne constitue pas un service essentiel au sens strict.

Défendre La Paritaria

L’autre mesure que les organisations membres dénoncent est un amendement à l’article 10 de la loi n° 26.075, qui mettrait fin à la participation du gouvernement national aux négociations sur le salaire minimum des enseignant·e·s, communément appelées les negociaciones paritarias (négociations paritaires). Cela abolirait effectivement un mécanisme de négociation tripartite qui garantit un salaire minimum commun pour tou·te·s les enseignant·e·s du pays.

Depuis son adoption, l’article 10 a été essentiel pour promouvoir des conditions de travail décentes et uniformes, en reconnaissant le caractère fédéral du système éducatif argentin.

S’il est adopté, l’amendement proposé représenterait un revers majeur pour le salaire des enseignant·e·s et les droits de négociation en Argentine. Selon les syndicats de l’éducation, cette nouvelle mesure s’inscrit dans le programme rétrograde de l’administration Milei, qui menace l’enseignement public et le respect des droits de ceux qui la dispensent.

En écho à la déclaration du Bureau exécutif de l’IE de janvier 2024, David Edwards a ajouté : « Nous reconnaissons le rôle capital que les syndicats de l’éducation jouent dans la défense des droits des personnels de l’éducation et dans la promotion des valeurs civiques en Argentine et nous nous tenons, encore et toujours, aux côtés de nos membres pour nous opposer à toute mesure portant atteinte aux valeurs démocratiques et au bien-être des éducateurs et éducatrices et des élèves ».