Asie du Sud : les syndicats de l’éducation font pression pour améliorer les programmes scolaires dans les domaines de la santé, du bien-être et de l’égalité des genres
Plus de 160 personnes, y compris des représentant·e·s des syndicats de l’éducation, des gouvernements, de la société civile, des jeunes, des agences des Nations Unies et des universitaires d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est, se sont réunies afin de partager des expériences, explorer des programmes innovants et débattre de la façon dont les systèmes éducatifs peuvent aider les enseignant·e·s à dispenser des contenus scolaires sensibles au genre, socialement responsables et exempts de toute stigmatisation, y compris l’éducation complète à la sexualité (ECS) pour les enfants, les adolescent·e·s et les jeunes.
Du 23 au 25 septembre 2025, l’Internationale de l’Éducation Asie-Pacifique (IEAP) s’est associée au Centre de ressources et de recherche Asie-Pacifique pour les femmes (ARROW) – une organisation chef de file dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive et des droits et de la justice au profit des femmes, des filles et des jeunes, à l’UNESCO à Bangkok, au Bureau de coordination des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique, au Bureau régional de l’UNICEF pour l’Asie du Sud et au Bureau régional Asie-Pacifique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), mais aussi au Réseau de Jeunes et Étudiant∙e∙s pour l’Objectif de développement durable 4 et au Centre Asie-Pacifique Y-PEER, à l’occasion d’un Forum multipartite sur la transformation de la profession enseignante et de l’enseignement pour la santé, du bien-être et de l’égalité des genres des adolescent·e·s.

Le rôle crucial des enseignant·e·s dans la protection de la santé et du bien-être des adolescent·e·s et des jeunes
Undarmaa Batsukh, coordinatrice régionale de l’IEAP, a prononcé l’allocution de bienvenue au nom de l’Internationale de l’Éducation. Elle a notamment souligné qu’ « investir dans la santé et le bien-être des adolescents et adolescentes et des jeunes est essentiel pour l’avenir. Toutefois, le bien-être des élèves dépend de celui des enseignants et enseignantes. »

Et de souligner que les enseignant·e·s sont les principaux acteurs et actrices de cet effort et « doivent être convenablement soutenus, respectés et valorisés en tant que professionnels et en tant que profession ».
Pleins feux sur le besoin d’enseignant·e·s dans le domaine de l’ECS
Le panel sur « L’évolution des voies de professionnalisation au profit des enseignant·e·s de l’ECS : un dialogue multigénérationnel entre enseignant·e·s », qui réunissait des enseignant·e·s de toutes catégories ainsi que des représentant·e·s du PGRI/Indonésie, du NUTP/Malaisie, du NTTU/Thaïlande, d’ACT/Philippines et du STU/Singapour, a marqué un temps fort du programme. Animé conjointement par Mme Batsukh et la Directrice exécutive adjointe de ARROW, Mme Say Jyothirmai Racherla, le panel a exploré l’influence déterminante des enseignant·e·s sur la santé et le bien-être des adolescent·e·s.

Comme l’a noté l’enseignante Parichart (NTTU/Thaïlande), « les enseignants et enseignantes sont en première ligne dans la protection des élèves face aux problèmes de santé mentale – mais comment pouvons-nous remplir ce rôle si nous devons sacrifier notre propre bien-être au profit d’obligations sans lien avec l’enseignement ou le soutien à nos élèves ? »
Les défis systémiques et professionnels auxquels la profession est confrontée ont été réaffirmés par Mme Susilowati (PGRI/Indonésie), reconnaissant que « trop souvent, les initiatives de bien-être se cantonnent à un niveau individuel ou à l’échelon de l’établissement et ne bénéficient d’aucun soutien cohérent à l’échelle du système ni d’aucun financement durable ou ne sont pas intégrées dans les stratégies nationales en faveur de l’éducation. Un soutien au niveau du système est indispensable ! »
L’importance de veiller à protéger, valoriser et doter les enseignant·e·s des outils, des compétences et des connaissances nécessaires pour mener cette transformation, également par le biais de leur capacité d’action collective et de leur mouvement, a en outre été soulignée. Comme l’a expliqué C. Kwe (ACT/Philippines) : « L’ECS repose sur nos droits à disposer de notre corps, de notre identité et de notre liberté, précisément parce que ces droits nous sont refusés partout dans le monde. Nous continuons à qualifier ce constat de ‘système d’injustice’, mais ce terme sera-t-il assez fort ? Cette tendance mondiale à l’exploitation, à l’extraction et à la domination aux fins de pérenniser les inégalités – qui entraîne l’érosion des droits, la dévalorisation des femmes, l’oppression des minorités – porte un nom : l’impérialisme. Et il est du devoir de la profession enseignante de la mettre au jour afin de permettre aux élèves de se réapproprier l’avenir. »
En conclusion, le panel a rappelé de continuer à progresser vers l’âge adulte en se dressant fièrement et fermement pour l’égalité des genres, même lorsque des défis se présentent sur le chemin, et de se rappeler où ce chemin a commencé, sans jamais perdre espoir. Pour reprendre les propos de Kusmita (ISTU/Népal) : « Chaque jeune mérite la connaissance, la dignité et l’égalité ».
Appel à une collaboration plus forte, à l’apprentissage continu et à la solidarité pour faire progresser l’ECS dans la région
L’organisation de séances plénières informatives et participatives, de ‘cafés du monde’ et de sessions de renforcement des compétences a permis aux participant·e·s d’accéder à des innovations plus inclusives, pratiques et prometteuses à appliquer dans leurs contextes nationaux et locaux.

Mike Thiruman (STU/Singapour) a également souligné que « la relation entre l’enseignant ou enseignante et l’élève est le socle indispensable pour faire progresser l’enseignement et l’apprentissage, et il faut du temps et de l’espace pour cultiver et renforcer cette relation ».
Le forum s’est conclu par un appel à une collaboration renforcée, à l’apprentissage continu et à la solidarité pour aider les enseignant·e·s et les systèmes éducatifs à faire progresser l’ECS dans la région.