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Internationale de l'Education
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Etats-Unis: le Wisconsin restreint les droits des syndicats du secteur public et des enseignants

Publié 10 mars 2011 Mis à jour 18 mars 2011

Les sénateurs républicains du Wisconsin ont approuvé un plan régressif visant à priver les syndicats du secteur public et d'enseignants de leur droit à la négociation collective.

Les quatorze sénateurs démocrates de cet Etat américain ont tenté d'empêcher cette mesure en quittant le territoire de l'Etat: le nombre minimum de votants requis ne pouvait donc pas être atteint. Néanmoins, les républicains ont eu recours à une mesure de procédure rarement utilisée afin que le vote puisse avoir lieu en comité.

A l'issue du vote, de nombreux manifestants, membres des affiliés américains de l'IE, l' American Federation of Teachers(AFT) et la National Education Association(NEA), ont envahi le Capitole de la capitale du Wisconsin, Madison.

« Le monde entier a les yeux rivés sur vous », ont-ils clamé, alors que la police barrait l'entrée de la chambre du Sénat. Pendant le déroulement du vote, des spectateurs présents dans la tribune du Sénat ont crié « Vous n'êtes que des lâches! ».

L'annonce de cette mesure a généré des semaines de protestations en soutien aux travailleurs du secteur public et aux enseignants.

Cette loi devrait être adoptée ce jeudi matin par l'Assemblée de l'Etat, majoritairement républicaine, pour être ensuite signée par le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker.

Walker a affirmé que cette mesure permettrait de combler le déficit budgétaire de 3,6 milliards de dollars sur les deux prochaines années. Néanmoins, selon les syndicats d'enseignants, elle vise plutôt à affaiblir le pouvoir des syndicats, qui ont tendance à soutenir les démocrates lors des élections.

Les démocrates ont appelé les républicains à accepter un compromis relatif au droit à la négociation collective des syndicats du secteur public.

Cependant, après le retrait de toute mesure financière, la proposition de Walker a été approuvée par un comité spécial de conférence: le quorum n'était donc plus nécessaire au Sénat. Lors du vote, les sièges des démocrates sont restés vides. Seul le sénateur républicain Dale Schultz a voté « non ».

Dans une déclaration publiée sur son site Internet, le gouverneur Walker déclarait : « Je salue ce que le corps législatif a réalisé en ce jour: il a décidé d'aller au-delà de cette situation de status quo, vers un équilibre budgétaire et une réforme du gouvernement. »

Il a ajouté que les sénateurs démocrates, qui s'étaient réfugiés il y a presque trois semaines dans l'Etat voisin de l'Illinois, afin de bloquer le vote, se sont vu offrir plusieurs opportunités de revenir dans le Wisconsin et d'agir.

Selon le leader de la minorité démocrate au Sénat, Mark Miller, les républicains ont manqué de respect envers les habitants du Wisconsin, comme envers leurs droits : « Ce soir, dix-huit sénateurs républicains ont organisé une conspiration visant à reprendre le gouvernement des mains du peuple. Demain, nous nous tiendrons aux côtés des habitants du Wisconsin afin de les aider à récupérer leur gouvernement. »

Les syndicats ont fait savoir qu'ils accepteraient les changements proposés par Walker en matière de salaires (soit une diminution de 8%), tant qu'ils maintiendraient leur droit à la négociation collective.

Selon le Président de la NEA, Dennis Van Roekel : « Ce scénario est digne des méchants de bande dessinée. Une nouvelle série de dirigeants d'Etat ont lancé des attaques foudroyantes à l'encontre des familles de travailleurs, au moyen de réformes éducatives et budgétaires. Bon nombre de dirigeants cherchent à priver les travailleurs de leur droit à la parole, au travers des syndicats. »

Selon Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, « dans le monde entier, les éducateurs soutiennent leurs collègues américains et condamnent fermement cette attaque contre le droit à la négociation collective, un droit syndical fondamental ».

« Ces dirigeants politiques, qui recourent à de telles mesures régressives pour attaquer les travailleurs de l'éducation, ne comprennent pas qu'il est impossible de réformer l'éducation de façon efficace sans l'implication ni l'approbation des enseignants, des travailleurs de l'éducation, et des communautés scolaires. L'IE tient notamment à s'assurer que les enseignants seront entendus lors du Sommet international sur la profession enseignante qui se tiendra la semaine prochaine à New York, où nous plaiderons en faveur d’une profession enseignante forte et respectée et ce, dans le monde entier. »