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Internationale de l'Education
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Ghana : l’éducation de qualité, garante d’un avenir brillant

Publié 26 octobre 2012 Mis à jour 5 novembre 2012

La Ghana National Association of Teachers (GNAT), qui compte au nombre des affiliés nationaux de l’IE, a réagi à un article rédigé par Kwame Akyeampong, Analyste principal de politiques au sein de l’équipe chargée du Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous.

Dans l’article intitulé « For Ghana’s young, skills are the test of progress » (« Pour la jeunesse ghanéenne, les compétences sont l’outil de mesure des progrès réalisés ») publié sur le World Education Blog, Akyeampong reconnaît que « Le Ghana, qui aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2020, continue de s’attirer les louanges des médias internationaux pour ses progrès remarquables. »

Des progrès accomplis dans l’éducation

« Après tout, comment évaluer au mieux les efforts entrepris en faveur de l’amélioration du bien-être des ghanéen(ne)s, sinon en examinant si les jeunes les plus vulnérables et défavorisés ont accès à une éducation qui les conduit à un emploi décent ? Education, compétences et emploi sont en effet devenus des questions politiques sensibles dans la course aux élections générales qui auront lieu en décembre. »

Il s’est également déclaré frappé par un autre débat ouvert au Ghana, parmi des jeunes s’interrogeant sur la manière de faire de l’éducation un tremplin assuré vers un avenir prospère.

Il a souligné l’importance cruciale de ce débat pour les nombreux jeunes gens pauvres, dont la plupart sont de jeunes femmes vivant au nord du Ghana, qui n’ont pas eu accès à l’éducation –  8 jeunes femmes pauvres sur 10 âgées de 17 à 22 ans comptaient en effet moins de quatre années de scolarisation en 2008 dans le nord du pays.

24,8 millions d’individus vivent au Ghana et 41 % sont âgés de moins de 15 ans (recensement 2010). La majeure partie (74,1 %) de la population de 11 ans et plus est analphabète. La proportion de la population rurale qui n’a jamais été scolarisée (33,1 %) est plus de deux fois supérieure aux zones urbaines (14,2 %). On note en outre un écart important entre les hommes (9,1 %) et les femmes (14,3 %) qui n’ont jamais fréquenté l’école.  Le pourcentage de la population n’ayant jamais été scolarisée dans les trois régions du nord oscille entre 44,5 % dans le nord-est du Ghana et 54,9 % dans le nord, alors qu’il est de 10,1 % dans la région du Grand Accra. Tous les jeunes doivent bénéficier d’une éducation de qualité.

Akyeampong a déclaré : « Notre devoir envers les jeunes consiste notamment à assurer un enseignement formel décent, mais aussi à offrir une expérience professionnelle dans le cadre scolaire ainsi que des programmes dédiés à ceux qui quittent l’école afin de les accompagner dans leur recherche d’emploi ou leur démarche de création d’une petite entreprise. »

« Les progrès actuels du Ghana laissent présager d’un avenir plus prometteur et prospère  – mais uniquement si le pays investit dans ses jeunes les plus marginalisés et défavorisés afin d’instaurer une société plus égalitaire, » a-t-il ajouté.

La Secrétaire générale de la GNAT et Vice-présidente de l’IE Irene Duncan-Adanusa a réagi à l’article d’Akyeampong en recommandant à ce dernier de « gérer la question du point de vue des jeunes défavorisés ». La question de la bonne préparation des jeunes ghanéen(ne)s au marché du travail est une priorité pour la nation, et tout particulièrement pour les acteurs du secteur de l’éducation.

Lien entre éducation et travail décent

Elle a souligné la corrélation entre l’éducation et le travail décent. « Sinon, pourquoi le Ghana devrait-il s’attaquer aujourd’hui à la croissance du chômage chez les jeunes diplômés universitaires ? » a-t-elle demandé.

Elle a souligné qu’Akyeampong avait mentionné le nord du Ghana, qui se situe au cœur de la « ceinture de la pauvreté ».  Chaque année les jeunes issus des trois régions du nord, qui n’ont pour la plupart bénéficié que de quatre années d’enseignement de base, migrent vers le sud dans l’espoir d’un avenir plus favorable. Leur voyage les conduit hélas dans les bidonvilles, les marchés et les rues, où ils sont recrutés pour des emplois non qualifiés tels que cireurs(euses) de chaussures, ou parfois même la prostitution, dans le cas des jeunes filles.

Elle a déploré le fait que cette situation ne soit pas propre aux jeunes dans le nord du Ghana : « Dans les rues de la capitale, Accra, on croise souvent des jeunes issus d’autres régions du Ghana. »

Duncan-Adanusa a ajouté que la nouvelle Loi ghanéenne sur l’éducation de 2008 prévoit un programme d’apprentissage formel de quatre années pour les jeunes, à l’issue d’un cursus d’enseignement de base de 9 ans, ou des programmes de deuxième cycle de quatre années.  Elle a cependant noté que le plan de mise œuvre n’avait pas encore été officiellement lancé. Actuellement, des ONG telles que Camfed, citée dans l’article d’Akyeampong, comblent ce vide.

« Sur cette toile de fond, la GNAT insiste sur la nécessité pour tout programme d’amélioration des compétences destiné aux jeunes âgés de 14 à 22 ans de s’appuyer sur la compétence dans les matières de base, c’est-à-dire le calcul, la lecture et l’écriture ainsi que la communication, la compréhension des théories scientifiques fondamentales et leurs effets sur l’environnement, et bien sûr les compétences entrepreneuriales, » a ajouté Duncan-Adanusa.

Elle a poursuivi en indiquant que « l’on ne soulignera jamais assez combien les compétences à valeur ajoutée sont nécessaires, pour permettre à nos jeunes de s’adapter au marché du travail.  Ce phénomène ne peut être balayé d’un simple revers de main dans des pays comme le Ghana où la population jeune est en croissance. La question de l’équité et de l’équilibre social(e) est déterminante dans un monde où la crise économique mondiale vient menacer le progrès scolaire et social individuel. »

Investir davantage dans l’éducation - une absolue nécessité

Irene Duncan-Adanusa marque enfin son accord avec Akyeampong  quant à la nécessité pour le Ghana d’investir massivement dans un système éducatif plus ingénieux et efficace qui fournira à l’ensemble des jeunes les outils nécessaires à leur future survie et au développement du pays  Et cet investissement ne se cantonnera pas aux « jeunes les plus marginalisés et défavorisés », issus de régions spécifiques du pays. Chaque année, le Ghana consacre 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à l’éducation, alors que l’UNESCO recommande d’y consacrer 6 %.

« Il est crucial que des jeunes brillant(e)s soient formé(e)s au métier d’enseignant(e)s et dispensent une éducation de qualité aux futures générations, » a déclaré le Secrétaire général de l’IE Fred van Leeuwen. « L’IE encourage les autorités ghanéennes à prendre les mesures qui s’imposent pour attirer et retenir des jeunes professionnel(le)s qualifié(e)s, formé(e)s et motivé(e)s dans la profession enseignante. »