Malaisie : le NUTP rejoint la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » et appelle le gouvernement à remédier de toute urgence à la pénurie de 10.000 enseignant·e·s
Le syndicat national de la profession enseignante (National Union of the Teaching Profession − NUTP) a publié une déclaration appelant le gouvernement malaisien à s’attaquer sans tarder à la pénurie croissante d’enseignant·e·s dans le pays. Le président du NUTP, Aminuddin Awang, a averti que la Malaisie était actuellement confrontée à une pénurie d’environ 10.000 enseignant·e·s. « Cette pénurie porte directement atteinte au droit de chaque enfant d’accéder à une éducation de qualité », a-t-il souligné.
Lors d’une réunion organisée cette semaine à Kuala Lumpur dans le cadre de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », le NUTP a examiné tous les problèmes que rencontre la profession enseignante. Anand Singh, directeur de l’Internationale de l’Éducation pour la région Asie-Pacifique (IEAP), et Angelo Gavrielatos, directeur de la campagne, ont participé à cette réunion pour y apporter leur soutien et leur expertise.
Une profession mise sous pression
La pénurie d’enseignant·e·s reste un problème majeur pour le secteur de l’éducation en Malaisie, où plus de 10.000 enseignant·e·s supplémentaires doivent être trouvé·e·s de toute urgence. Étant donné que les postes vacants ne sont pas pourvus et que les effectifs partis à la retraite ne sont pas remplacés, la pénurie ne fait qu’augmenter le nombre d’élèves par enseignant·e et exerce une pression supplémentaire sur les personnels en service.
Conséquence, la surcharge de travail a également été identifiée comme un problème majeur pour les personnels enseignants en Malaisie. Un grand nombre d’entre eux signalent des tâches administratives excessives et un temps de planification réduit au minimum, une situation qui engendre stress et épuisement professionnel.
Face aux parents qui contactent les enseignant·e·s via les applications de messagerie en dehors des heures de travail, les syndicalistes ont également discuté de la nécessité de garantir le droit à la déconnexion des personnels enseignants à travers le pays.
Le financement insuffisant de l’éducation pose également un problème majeur. Bien que le gouvernement ait prévu d’allouer 64 milliards de ringgits malais (environ 13 milliards d’euros) à l’éducation dans son budget actuel, le seuil recommandé de 6 % du PIB n’est toujours pas atteint.
Faute de réduire la charge de travail, d’améliorer les conditions de travail et de rendre les salaires plus compétitifs, la Malaisie risque de nouvelles pertes d’effectifs au sein de la profession enseignante. Tant la profession que la qualité globale de l’enseignement sont menacées.
Le gouvernement doit procéder à la mise en œuvre des recommandations des Nations Unies pour mettre un terme à la pénurie d’enseignant·e·s
À la suite de la réunion « La force du public », Aminuddin Awang a appelé le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations des Nations Unies, en vue de renforcer la profession enseignante et sa résilience. Ces recommandations exhortent les gouvernements à investir dans les personnels enseignants et dans l’éducation de qualité et à élaborer un plan global pour remédier à la pénurie d’effectifs dans l’enseignement.
Le NUTP a identifié plusieurs recommandations à mettre en œuvre sans délai :
- La recommandation n° 5 qui demande aux gouvernements de mettre sur pied des commissions nationales incluant les syndicats de l'éducation et les parties prenantes compétentes, en vue d’évaluer et résoudre les problèmes liés à la pénurie d’enseignant·e·s et à la surcharge de travail.
- La recommandation n° 7 qui appelle les gouvernements à financer l’enseignement public à hauteur d’au moins 6 % du PIB et 20 % de leurs dépenses totales.
- La recommandation n° 8 qui souligne que le financement à long terme d’enseignant·e·s qualifié·e·s et bien soutenu·e·s est un investissement dans la qualité et la durabilité des systèmes d’éducation. Raison pour laquelle les gouvernements doivent investir dans les enseignant·e·s en leur proposant des salaires compétitifs et des incitants.
- La recommandation n° 37 qui définit et exige de bonnes conditions de travail et des charges de travail équilibrées.
- La recommandation n° 48 qui définit le dialogue social comme le principal mécanisme d’élaboration des politiques portant sur l’éducation, l’enseignement et la profession enseignante.
En vertu de la recommandation n° 5 des Nations Unies, le président du NUTP a appelé le gouvernement à créer une commission spéciale réunissant les autorités compétentes du ministère de l’Éducation, les représentant·e·s des organisations d’enseignant·e·s et d’autres parties prenantes, afin d’évaluer et résoudre le problème de la surcharge de travail des personnels enseignants.
« Ce n’est qu’au travers d’une approche globale fondée sur des données probantes que nous pourrons garantir des charges de travail équitables, attirer et retenir des enseignants et des enseignantes de haute qualité, et assurer l’avenir du système éducatif en Malaisie », a souligné Aminuddin Awang.
Le secrétaire général du NUTP et vice-président de l’IEAP, Fouzi Singon, a souligné : « La pénurie de personnels enseignants est un problème de longue date qui persiste depuis plus de trente ans. Le ministère de l’Éducation et le département de la fonction publique doivent démontrer leur volonté politique de résoudre ce problème une fois pour toutes. »