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Succès des cercles d’apprentissage pilotés par les enseignant·e·s pour l’évaluation formative en Asie-Pacifique

Publié 7 novembre 2025 Mis à jour 14 novembre 2025

La formation organisée par le bureau de l’Internationale de l’Éducation Asie-Pacifique (IEAP) sur les cercles d’apprentissage pilotés par les enseignant·e·s pour l’évaluation formative (T3LFA) visait à faire le point sur les progrès et les enseignements tirés depuis la fin du projet, à identifier les réussites, les défis et les lacunes, à co-créer une feuille de route pour un engagement continu en faveur du développement professionnel et à renforcer le plaidoyer syndical en faveur d’un changement durable et de l’autonomisation.

Le projet T3LFA vise à fournir aux enseignant·e·s des outils et un soutien pour identifier et mettre en place des pratiques efficaces d’évaluation formative menées par les enseignant·e·s, et qui peuvent être diffusées au sein des syndicats de l’éducation. Dirigé par l’IE et financé par la Fondation Jacobs, il a débuté en 2023 et se poursuivra jusqu’en 2026 dans diverses salles de classe et structures nationales et internationales. Il est développé dans sept pays, avec le soutien des organisations membres de l’IE : en Asie-Pacifique, en Malaisie avec le National Union of the Teaching Profession (NUTP) et en Corée du Sud avec le Korean Teachers and Education Workers' Union (KTU).

Le projet T3LFA, « sœur naturelle » de la campagne La force du public : ensemble on fait école !

En ouvrant la réunion qui s’est tenue les 25 et 26 octobre 2025 à Séoul, en Corée du Sud, le directeur régional de l’IEAP, Anand Singh, a rappelé aux participant·e·s les domaines d’action stratégiques de l’IE, à savoir les 4 P : les Personnes, le Public, la Profession et la Planète. « Bien que cet atelier se situe dans la sphère professionnelle, nous ne devons pas oublier l’importance des trois autres », a-t-il déclaré.

Il a également insisté sur le fait que « ce projet a placé l’activisme des enseignants et enseignantes et des pédagogues au cœur du travail de la région Asie-Pacifique. Il s’inscrit naturellement dans le prolongement de la campagne La force du public : ensemble on fait école ! de l’IE, qui souligne l’importance pour les syndicats de contrôler les messages relatifs aux salaires, aux conditions de travail et au financement, mais aussi de jouer un rôle de premier plan sur les questions professionnelles. Nous espérons que nos syndicats poursuivront ce travail, comme ils le font clairement en Corée du Sud et en Malaisie, et que nous continuerons à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils soutiennent les syndicats de l’éducation afin qu’ils prennent en charge l’apprentissage professionnel. »

KTU : « Quand l’enseignant ou l’enseignante apprend, les élèves progressent »

Prenant la parole après M. Singh, le Président du KTU, Younghwan Park, a souligné l’importance de ce travail pour le personnel enseignant. M. Park a évoqué la portée du travail effectué dans le cadre du projet T3LFA qui, faisant écho à la campagne La force du public, insiste sur l’importance du professionnalisme et du leadership des enseignant·e·s dans le travail syndical. « Lorsque l’enseignant ou l’enseignante apprend, les élèves progressent », a reconnu le Président du KTU, ajoutant que « l’évaluation formative est cruciale pour les enseignants et enseignantes en Corée du Sud et que ce projet les a replacés là où ils et elles doivent être : en tant que leaders de l’apprentissage ».

M. Park et M. Sapian, trésorier du NUTP/Malaisie, ont évoqué les changements qu’ils souhaitaient le plus que le ministre de l’Éducation apporte. Pour le NUTP, il s’agit de l’augmentation des tâches administratives incombant aux enseignant·e·s, tandis que pour le KTU, il s’agit de l’incapacité des enseignant·e·s à jouer un rôle politique dans la société, interdit par la loi depuis 63 ans.

TALIS 2024 : l’apprentissage et le développement professionnels des enseignant·e·s sont essentiels

Le coordinateur de l’IE, Martin Henry, a ensuite présenté les conclusions du rapport TALIS 2024, soulignant l’importance de ce modèle d’apprentissage et de développement professionnels pour les enseignant·e·s. Il a notamment souligné que le rapport TALIS indique que les approches collégiales qui incluent le leadership des enseignant·e·s sont essentielles à la fois pour retenir les enseignant·e·s et pour améliorer l’apprentissage.

Il s’est également félicité de l’accent mis sur le bien-être du personnel enseignant dans ce rapport. En moyenne, environ un enseignant sur cinq (19 %) déclare ressentir « beaucoup » de stress dans son travail. En termes de santé, 10 % des enseignant·e·s affirment que leur travail a « beaucoup » d’impact négatif sur leur santé mentale, tandis que 8 % déclarent qu’il a « beaucoup » d’impact négatif sur leur santé physique. Dans de nombreux systèmes éducatifs, les enseignant·e·s font état d’un impact négatif croissant de leur travail sur leur santé mentale et physique, a déclaré M. Henry.

Les voix de la salle de classe

Les différentes sessions ont permis à des enseignant·e·s de partager leurs expériences.

Lors des sessions d’apprentissage transnationales, les enseignant·e·s de Malaisie ont été modéré·e·s par un animateur de l’équipe sud-coréenne, et les enseignant·e·s de Corée du Sud ont été modéré·e·s par un animateur de l’équipe malaisienne, afin de permettre le partage et les échanges interculturels, favorisant ainsi l’apprentissage collaboratif entre les deux pays.

L’enseignant Lai Sheng Chet (Malaisie) a fait une présentation sur la manière d’utiliser l’IA pour analyser l’évaluation, montrant que les enseignant·e·s utilisent davantage l’IA que les syndicalistes. En tant que directeur scolaire adjoint, il a développé dans le cadre de son projet une application d’évaluation en ligne ludique, informative et transmettant des connaissances à ses élèves. Cela a permis aux élèves de s’impliquer, de s’intéresser au sujet, ainsi que de s’évaluer et de se donner mutuellement des commentaires.

L’enseignant Elangoh Ganesan (Malaisie) a expliqué comment il utilisait une approche fondée sur des données probantes, notamment des enregistrements vidéo, pour stimuler l’apprentissage de ses élèves en éducation physique et partager ses observations de classe avec ses collègues à des fins de retour et d’observation formative. Cette méthode permet également aux parents d’avoir un aperçu de l’apprentissage de leurs enfants, favorisant ainsi un environnement d’apprentissage transparent et responsable.

L’enseignant Hemanggatan Muniandy (Malaisie) a déclaré avoir adapté la méthode T3LFA aux besoins de ses élèves. Sa stratégie d’entrée et de sortie comprenait l’utilisation de tickets pour stimuler l’apprentissage des élèves. Cela l’a aidé à décider quand il devait revenir sur des sujets spécifiques. L’intégration de l’évaluation formative dans la leçon la rend interactive et non contraignante.

L’enseignante Hamisah Binti Ismail (Malaisie) était la seule enseignante des trois cercles à travailler avec des élèves ayant des besoins particuliers. Son approche de l’apprentissage mettait l’accent sur un environnement d’apprentissage durable en développant du matériel ancré dans le quotidien des élèves, rendant les outils d’apprentissage plus accessibles et plus faciles à comprendre, et en adaptant le programme aux expériences de vie des élèves, ce qui favorisait leur sentiment d’appartenance et leur confiance dans l’apprentissage et la classe.

L’enseignante Jihye Lee (Corée du Sud) a axé sa présentation sur l’importance du leadership pour les enseignant·e·s engagé·e·s dans le projet et sur la manière dont il·elle·s ont pu mener le changement dans leurs écoles. Le passage de l’évaluation sommative, héritée du Japon, à l’évaluation formative a pris plusieurs années à être mis en œuvre.

L’enseignante Sun Moon (Corée du Sud) a évoqué l’importance de l’auto-évaluation des élèves et l’utilisation de procédures pour stimuler l’apprentissage. Elle a également parlé de l’évolution du projet T3LFA, présenté lors de la conférence nationale d’évaluation.

Mira So (Corée du Sud), enseignante au début du projet et aujourd’hui superviseure de plusieurs écoles dans la province de Jeonbuk, a expliqué comment, avec ses collègues, elle s’efforce de recruter des enseignant·e·s débutant·e·s et comment le nouveau directeur général est en train de revenir à l’évaluation sommative.

Les cercles d’apprentissage pilotés par les enseignant·e·s pour l’évaluation formative en Asie-Pacifique sont davantage qu’une simple initiative de développement professionnel : ils témoignent de la puissance de l’action collective et de l’activisme pédagogique. En défendant cette cause, des syndicats tels que le KTU et le NUTP nous rappellent que lorsque les enseignant·e·s ont les moyens d’agir, les élèves s’épanouissent et les systèmes éducatifs évoluent pour le mieux. Le projet T3LFA, qui complète la campagne La force du public : ensemble on fait école !, place les enseignant·e·s au cœur du changement, en plaidant non seulement pour une amélioration des salaires et des conditions de travail, mais aussi pour l’autonomie professionnelle et le leadership.

Vous pouvez également lire le blog de Seongryang Lee, « Cercles d’apprentissage pilotés par les enseignantes et enseignants pour l’évaluation formative : le point de vue d’une animatrice ».

Vous pouvez en apprendre davantage sur l’initiative T3LFA en visitant notre page web dédiée à ce projet.