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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

L’ONU fait un premier pas vers l’élimination des violences liées au genre en milieu scolaire

Publié 21 avril 2015 Mis à jour 27 avril 2015

A l’occasion de la réunion du Conseil exécutif de l’UNESCO, organisée le 16 avril dernier, cinquante-huit pays ont ratifié la toute première résolution des Nations Unies sur les violences liées au genre en milieu scolaire, « Apprendre sans peur ».

Cette nouvelle résolution invite l’UNESCO et ses Etats membres à:

  • condamner les violences liées au genre, sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations;
  • adopter et mettre en œuvre des politiques et des plans d’action nationaux;
  • promouvoir la création d’un environnement d’apprentissage sûr, exempt de toute violence et efficace, accessible à tous les garçons et les filles;

Cette décision invite également la Directrice générale à présenter, lors de la prochaine session du Conseil exécutif de l’UNESCO, une feuille de route visant à mieux combattre les violences liées au genre en milieu scolaire.

Un refuge

« Il est évident que les violences de genre en milieu scolaire créent un cadre d’apprentissage dangereux pour les enfants dans le monde, en particulier pour les adolescentes », a déclaré Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO. « L’école doit être un refuge pour les jeunes, notamment dans les pays marginalisés et touchés par un conflit.

Il est capital que la communauté internationale travaille de concert pour faire en sorte d’améliorer la qualité de la recherche, afin de comprendre l’ampleur et l’envergure du phénomène et d’élaborer des politiques visant à l’éliminer après 2015 », a-t-elle ajouté.

L’Internationale de l’Education (IE) fait partie du Groupe de travail mondial sur les violences liées au genre en milieu scolaire, qui a affiché son soutien au ministre français des Affaires étrangères et du Développement international dans le cadre de la rédaction de cette résolution. En collaboration avec l’UNESCO et l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI), le ministère a instauré en avril 2014 un groupe de travail international réunissant 30 agences des Nations Unies, gouvernements, organismes de développement, organisations de la société civile et instituts de recherche, avec le financement de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international.

Conséquences des VGMS sur les enfants

En mars dernier, afin de célébrer la Journée internationale de la femme, l’UNGEI, l’UNESCO et le Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous ont élaboré un nouveau document mettant en lumière le fait que les VGMS avaient des conséquences dévastatrices sur la santé et le bien-être des enfants, et pouvaient avoir un impact négatif sur la participation scolaire, les niveaux d’apprentissage et les taux d’achèvement.

Ce document appelle à un consensus sur la façon dont les VGMS doivent être comprises et traitées, et jette les bases de l’appel d’Annick Girardin, la Secrétaire d’Etat française chargée du Développement et de la Francophonie, à prendre une décision à cet égard lors de la réunion du Conseil exécutif de l’UNESCO.

« Dans la lignée de ses engagements en faveur de l’égalité des genres et de l’éducation pour tous, la France n’a pas ménagé ses efforts au regard des violences liées au genre en milieu scolaire », a déclaré Mme Girardin.

Rappelant que l’UNESCO occupait une position stratégique en vue de garantir des cadres d’apprentissage non sexistes et exempts de toute violence, elle a salué « le large soutien envers cette nouvelle résolution ». Ce texte marque « une avancée importante vers la reconnaissance de ce phénomène méconnu et pourtant mondial, et nous nous attellerons activement au suivi des engagements pris ».

Impact sur les filles

Le document conjoint révèle que les jeunes adolescentes sont plus particulièrement exposées à la violence sexuelle, au harcèlement et à l’exploitation, et ce, dans les écoles comme autour des écoles. Les données de 40 pays à faible revenu et à revenu intermédiaire montrent que jusqu’à 10% des adolescentes de 15 à 19 ans font état de rapports sexuels ou autres actes sexuels sous contrainte au cours de l’année précédente. En Afrique du Sud, une récente enquête nationale a révélé que 8% des filles suivant des études secondaires avaient subi des agressions sexuelles graves ou des viols au cours de l’année précédente tandis qu’elles étaient à l’école.

Les VGMS sont un phénomène mondial. Une étude réalisée aux Pays-Bas a constaté que 27% des élèves avaient été harcelés par des membres du personnel scolaire. Au Royaume-Uni, il est estimé qu’un adolescent de 16 à 18 ans sur trois a été soumis à des attouchements sexuels non consentis à l’école.

Impact sur les garçons

Si les études sur la violence sexuelle indiquent une nette prévalence chez les filles, de récentes études sur les VGMS révèlent que les garçons sont eux aussi en danger. Selon une étude menée en Indonésie, 12% des garçons comme des filles ont indiqué avoir subi des violences sexuelles à l’école.

Les enfants vivant dans un pays touché par un conflit ou en situation d’urgence, de même que les enfants issus de groupes marginalisés, sont particulièrement exposés au risque de VGMS.