Des syndicats arabes de l’éducation se mobilisent pour améliorer la participation et le leadership des femmes
« Renforcer la place des femmes dans les syndicats de l’éducation n’est pas simplement un objectif, c’est une nécessité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous devons investir dans la sensibilisation, le mentorat, les quotas aux postes de direction et la tolérance zéro à l’égard des discriminations. » C’est ainsi que Najat Ganay, vice-présidente de la Structure interrégionale des pays arabes (SIRPA) de l’Internationale de l’Éducation (IE) a présenté la nouvelle étude « Participatory Research on Opportunities, Challenges, Obstacles, and Solutions for Increasing Women's Participation and Leadership in Arab Educational Unions and Federations » (Recherche participative sur les opportunités, les enjeux, les obstacles et les solutions en matière de participation et de leadership des femmes dans les syndicats et fédérations arabes de l’éducation).
« Nous, femmes du monde arabe, héritons d’une force, d’une sagesse et d’une résilience, a ajouté Mme Ganay. Dans chaque obstacle, nous voyons une opportunité. Dans chaque voix, nous construisons l’unité. En tant que présidente du comité des femmes de la SIRPA, je m’engage à diriger avec détermination, à développer le potentiel de chaque femme et à construire un avenir où nos filles s’élèveront non pas malgré leur héritage, mais grâce à celui ci. »
Dans ce secteur, on compte actuellement peu de femmes dans les structures de travail et à des postes administratifs. Les aspirations des femmes se heurtent à la réalité en raison de plusieurs barrières sociales qui les empêchent de participer à la mission syndicale.
Objectifs
Cette étude inédite examine les enjeux, les avancées et le potentiel transformateur du leadership féminin dans les syndicats de l’éducation des pays arabes. L’IE s’est associée à un bureau d’études marocain (Acetre Consulting) et à l’Institut syndical de coopération au développement (ISCOS) pour conduire cette enquête dans six pays (le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, l’Irak, le Liban et la Palestine), en partenariat avec de nombreux syndicats arabes de l’éducation.
Le but de cette étude était d’identifier les obstacles, les opportunités et les solutions potentielles permettant d’améliorer la participation et le leadership des femmes au sein des syndicats arabes de l’éducation dans ces six pays.
Résultats
Les conclusions de cette étude indiquent une nette baisse du nombre de postes de direction occupés par des femmes (41,79 % actuellement), bien que ces dernières représentent la majorité des éducateur·trice·s au niveau primaire (62,79 %) et préscolaire. D’après l’analyse de l’enquête, plusieurs freins majeurs empêchent la participation des femmes dans les sphères de décision, notamment les préjugés, le manque d’expérience et de confiance en soi, la peur de l’échec, les obligations familiales, la pression sociale, le travail domestique et la domination masculine. Les syndicats arabes de l’éducation font également face à différents enjeux lorsqu’ils tentent de promouvoir l’égalité de genre aux niveaux individuel, sociétal et institutionnel. Parmi ces défis, on retrouve le travail domestique, la peur du changement, les stéréotypes de genre, le manque de représentation équilibrée dans le management et l’idée fausse que les femmes sont moins compétentes que les hommes.
Bien qu’elles constituent une part importante des adhésions syndicales, les femmes restent sous représentées dans les rôles de direction en raison de divers obstacles. Les résultats de l’étude appellent à mettre en œuvre des stratégies ciblées telles que des campagnes de sensibilisation, des réformes politiques, le renforcement des capacité et le développement d’un leadership inclusif. Pour y parvenir, il est nécessaire de recourir à une approche collaborative impliquant les syndicats, les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires internationaux. En adoptant ces recommandations, les syndicats de l’éducation pourront faire progresser l’égalité de genre et la justice sociale dans la région.
Recommandations pour la suite
Enfin, l’étude conclut par une série de mesures pouvant améliorer l’expérience des femmes dans les syndicats de l’éducation. Pour ce faire, des initiatives telles que le renforcement de la sensibilisation et de l’éducation en matière d’égalité des genres et la promotion d’une meilleure compréhension par les hommes de l’importance de l’égalité sont essentielles. Réaliser ces ambitions pourra passer par l’organisation d’ateliers et de formations à destination des membres syndicaux·ales sur les concepts d’égalité des genres et par la mise en place de programmes de mentorat visant à accompagner les femmes vers des postes de direction.
Les conclusions de cette étude appellent également à instaurer un système de quotas dans les sphères de décision, à recruter des expert·e·s sur les questions de genre au sein des syndicats, à développer une politique de tolérance zéro à l’égard des discriminations et à fonder des organes nationaux et locaux chargés de mener des activités en soutien à l’égalité de genre.
En outre, l’étude précise que « pour parvenir à ces objectifs, les syndicats de l’éducation doivent travailler de manière collaborative avec les pouvoirs publics, les organisations de la société civile et les bailleurs afin de garantir que ces stratégies sont mises en œuvre de manière efficace. Ce n’est qu’à travers ces mesures globales qu’il sera possible de promouvoir l’égalité de genre et de permettre aux syndicats de jouer un rôle actif dans l’atteinte de ces objectifs ».
Comme l’a souligné Mme Ganay :
« Nous nous engageons à transformer ces conclusions en action et à créer des syndicats au sein desquels l’égalité des genres n’est pas une aspiration mais une réalité concrète. Ensemble, avec nos partenaires et nos membres, nous voulons bâtir un avenir dans lequel chaque femme dirige avec assurance et chaque homme se positionne en allié. »
Le lancement en ligne de l’étude aura lieu le 25 juin et visera à favoriser un dialogue ouvert, à encourager la solidarité et à promouvoir les recommandations concernant les prochaines étapes à mener par les syndicats. Ces recommandations contribueront à éclairer les actions à venir et à façonner les syndicats démocratiques que nous voulons voir.
Télécharger le résumé de l’étude ici (en anglais).