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Internationale de l'Education
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Kenya: les enseignant(e)s exigent l’augmentation salariale qui leur est due

Publié 10 septembre 2015 Mis à jour 11 septembre 2015

L’Internationale de l’Education soutient fermement ses affiliés du Kenya, qui attendent depuis 18 ans l’augmentation salariale qui leur avait été promise et qui a récemment été confirmée par une décision de la Cour suprême.

En juillet dernier, le Tribunal du travail avait accordé aux enseignant(e)s kenyan(e)s une augmentation salariale de 50 pour cent.

Cependant, la Teachers Service Commission(TSC) – l’institution chargée de recruter et de licencier les enseignant(e)s, mais aussi de prodiguer des conseils au gouvernement sur toutes les questions liées à la profession enseignante – prétend que le pays ne peut se permettre une telle augmentation. Son appel contre cette décision a été rejeté par le Cour suprême le 24 août dernier.

Le Ministère de l’Education a désormais invité le Kenya National Union of Teachers(KNUT) à entamer des négociations.

« Nous refusons catégoriquement de discuter d’une décision du tribunal avec le gouvernement. Les décisions de justice sont là pour être appliquées », a souligné Wilson Sossion, Secrétaire général du KNUT et Président du Comité régional africain de l’Internationale de l’Education (IE).

Et d’ajouter que les enseignant(e)s « comptaient parmi les contribuables les plus responsables » et méritent l’augmentation salariale promise il y a de nombreuses années.

En outre, le KNUT rejette fermement l’argument de la TSC qui prétend qu’il n'y a pas assez d'argent dans les caisses pour pouvoir assurer la hausse des salaires des enseignant(e)s.

« Il est absurde que le ministère des Finances prétende que les caisses de l’Etat ne sont pas assez remplies », a indiqué Wilson Sossion, en soulignant le fait que les impôts sur le revenu rapportaient chaque année près de 2,5 milliards de dollars américains à l’Etat.

Mosses Nuturuma, membre du Kenyan Union of Post-Primary Education Teachers(KUPPET), un autre affilié de l’IE, a également dénoncé l’hypocrisie de la TSC, en précisant que « la TSC ne peut à la fois enfreindre la loi et réclamer une protection juridique ».

La situation devient d'autant plus tendue que les élèves qui terminent leur cycle d'éducation primaire et secondaire devront prendre part aux examens nationaux d’ici quelques semaines.

Le KNUT et le KUPPET ont demandé à l’ensemble des enseignant(e)s de ne pas franchir les portes des écoles, et ont appelé les parents à manifester aux côtés des enseignant(e)s.

« Nous sommes aussi des parents », a indiqué Wilson Sossion. « Les syndicalistes luttent en faveur d'une éducation de qualité et d'enseignantes et enseignants motivés. Nous n’aimons pas faire la grève. Nous n’aimons pas laisser nos écoles portes closes. Mais n’avons pas le choix. C’est notre dernier recours. »

Les syndicats ont remarqué l’important soutien de la population à l’égard des grévistes. En outre, le hashtag #payteachers est très populaire sur les réseaux sociaux.

Le Trade Unions Congress of Kenya(TUC-K), la confédération syndicale nationale, a également apporté tout son soutien à la grève et a appelé le gouvernement à respecter la loi et l’ordre public. « Tout ce que nous demandons, c’est 1,4 milliard de shillings kenyans (13 millions de dollars américains) par mois. Le gouvernement est tout à fait en mesure de débourser une telle somme », a souligné Charles Mukhwaya, Secrétaire général adjoint du TUC-K.

A l’heure actuelle, le salaire de base d’un enseignant(e) au Kenya avoisine les 160 dollars américains par an. Pendant des dizaines d’années, le gouvernement s’est engagé dans des batailles juridiques face aux syndicats au regard des salaires. Bien avant l’indépendance du pays, les enseignant(e)s kenyan(e)s revendiquaient déjà de meilleurs salaires. En 1997, une grève avait paralysé le système éducatif pendant deux semaines, avant que des élections générales ne soient organisées et qu’une augmentation salariale ne soit octroyée aux enseignant(e)s. Cette augmentation devait être progressivement mise en place par tranches, sur une période de cinq ans. Cependant, dans la pratique, cet accord n’a toujours pas été entièrement mis en œuvre.