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Liberia : la société civile rejette le projet de privatisation

Publié 31 juillet 2017 Mis à jour 11 juin 2018

Les syndicats et la société civile ont mis en garde contre les conséquences dévastatrices de la privatisation de l’éducation, à la fois sur les élèves et les enseignant(e)s, à l’occasion de la publication d’une nouvelle étude sur le projet Partnership Schools for Liberia du Liberia.

L’étude « Partnership Schools for Liberia: a critical review», réalisée par Tyler Hook, doctorant en Etudes des politiques éducatives à l’université de Wisconsin-Madison, aux Etats-Unis, a été commandée par l’Internationale de l’Education (IE) avec le soutien d'Action Aid et publiée samedi 29 juillet dans la capitale du Liberia, Monrovia.

Le rapport soulève de graves préoccupations à propos du projet de privatisation de l’école du gouvernement, appelé Partnership Schools for Liberia(PSL), qui confie la fourniture de l’enseignement primaire et préprimaire à huit acteurs non étatiques, dont l’américain Bridge International Academies, le fournisseur préféré du gouvernement.

La conclusion de l’étude est que cette orientation vers la privatisation de l’ensemble du système éducatif primaire et préprimaire exposera le système éducatif public du Liberia à de graves risques. Elle constate en particulier des lacunes frappantes en matière de transparence, de durabilité et de preuves indépendantes dans l’élaboration du projet PSL. L’étude relève également que le programme PSL donne un pouvoir accru aux institutions non démocratiques et privées qui prennent des décisions en sollicitant peu la communauté, auxquelles elles ne rendent guère compte, ce qui se traduit par des inégalités au sein des communautés et des régions.

La société civile prend position pour défendre l’enseignement public

Le ministère a pris la décision de procéder à l’élargissement du programme à compter de septembre 2017, malgré l’absence de preuves indépendantes et les graves lacunes exposées au cours du projet pilote. Des enfants ont ainsi été privés d’accès à leurs écoles locales, d’autres ont abandonné leur scolarité en raison du non respect de la promesse de repas scolaires dans le cadre de l’extension de la journée d’école.

La National Teachers’ Association of Liberia, affiliée à l’IE, ainsi que 11 syndicats locaux, groupes religieux et organisations de la société civile, ont signé une déclaration dans laquelle elle rejette le programme PSL au motif du « manque de preuves indépendantes, de transparence et de l’absence de responsabilité qui en résulte », qui ne se prêtent « ni à des politiques performantes, ni à la bonne gouvernance ». « Nous craignons que, une fois sous-traitées à travers cette initiative PSL, nous ne serons jamais en mesure de reprendre le contrôle de nos écoles ». « Nous serons à la merci des grands acteurs privés qui chercheront à optimiser leurs bénéfices au détriment des enfants du Liberia et de leur avenir », poursuit-elle.

Les signataires appellent le gouvernement à abandonner immédiatement le programme PSL et à investir dans l’enseignement public de qualité gratuit. Ils reconnaissent les défis que doit relever le système éducatif du Liberia et déclarent leur « (...) disposition à travailler de manière constructive avec le gouvernement et d’autres parties intéressées pour élaborer un plan durable pour le Liberia en vue de (...) l’amélioration de la fourniture d’une éducation de qualité pour tous les enfants libériens ».

La déclaration (en anglais) peut être téléchargée ici