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Népal: la privatisation met en péril le système scolaire public sous-financé

Publié 11 octobre 2017 Mis à jour 12 octobre 2017

D’après les conclusions d’un rapport récemment publié, le sous-financement chronique et les intérêts des sociétés privées à but lucratif gangrènent le système d’enseignement public népalais.

Le rapport« Modèles de privatisation dans le secteur de l’éducation au Népal: étude de cas d’écoles privées à bas coût et de chaînes d’écoles privées » analyse l’essor de l’éducation à but lucratif au Népal, où le nombre d’étudiant(e)s inscrit(e)s dans de tels établissements a doublé entre 2005 et 2010. Selon Dr Bhatta P., de l'Université Tribhuvan à Katmandou, et Dr Pherali T., de l'University College de Londres, co-auteurs du rapport, le sous-financement chronique du système public est l’une des principales causes de l’expansion de l’enseignement privé à but lucratif au Népal.

Ce sous-financement affaiblit l’enseignement public et encourage l’entrée d’autres prestataires sur le marché. D’après le rapport, les dépenses au titre de l’enseignement public népalais sont passées de 19,5 pour cent du budget national en 2011 à 16,1 pour cent en 2015, et les dépenses publiques pour le secteur de l’éducation ne représentent plus que 3,9 pour cent du produit intérieur brut contre 4,2 pour cent auparavant.

Des inégalités exacerbées

Ce sous-financement a favorisé l’expansion de l’enseignement privé au Népal, où près d’un enfant en âge d’aller à l’école sur cinq est inscrit dans une école privée à but lucratif, ce qui exacerbe par ailleurs les inégalités et la ségrégation sociale. En effet, plus de 60 pour cent des enfants inscrits dans des établissements privés payants appartiennent aux classes sociales les plus aisées. Cette situation nuit tout particulièrement aux filles, puisqu’elles sont 14 pour cent de moins que les garçons à fréquenter ce type d’établissements.

Une éducation de piètre qualité

Le rapport souligne en outre que la plupart des écoles privées sondées embauchent presque exclusivement des enseignant(e)s non formé(e)s et renouvellent régulièrement leur personnel, ce qui éprouve indéniablement le professionnalisme des enseignant(e)s. Dans ces établissements, on mesure en grande partie la qualité de l’éducation aux taux de réussite aux examens nationaux, pour lesquels les étudiant(e)s doivent apprendre leurs cours par cœur. Le développement des enfants n’est pas pris en compte et ne figure pas au rang des priorités dans la plupart des écoles qui ont été sondées dans le cadre de ce rapport.

Des pistes pour inverser la tendance

Afin d’inverser la tendance à la privatisation, le rapport conseille au gouvernement d’investir davantage dans l'enseignement public et appelle à une meilleure gouvernance dans le secteur de l’éducation népalais, ainsi qu’à un contrôle minutieux de la qualité des cours dispensés dans les fameuses écoles « à bas coût » et à but lucratif. En l’absence d’investissements accrus dans les écoles publiques et d’un cadre astreignant réglementant les écoles privées, l’éducation de qualité pour tou(te)s ne restera qu’une douce utopie au Népal, conclut le rapport.

Veuillez cliquer ici pour télécharger le rapport« Modèles de privatisation dans le secteur de l’éducation au Népal: étude de cas d’écoles privées à bas coûts et de chaînes d’écoles privées »(uniquement en anglais) de Bhatta P. et Pherali T. (2017).