Ei-iE

Un garçon syrien lit un papier déchiré à l'intérieur de sa classe détruite © AP / Reporters
Un garçon syrien lit un papier déchiré à l'intérieur de sa classe détruite © AP / Reporters

Le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies se penche sur les violations des droits de l’enfant en Syrie

Publié 13 mars 2018 Mis à jour 15 mars 2018

Face à la situation désespérée des enfants syriens, l’Internationale de l’Education a instamment demandé au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies d’intensifier les pressions exercées sur les belligérants.

Dans un courrier adressé au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Secrétaire général émérite de l’Internationale de l’Education (IE) Fred van Leeuwen a condamné les graves violations des droits humains observées dans le cadre du conflit syrien, et plus particulièrement les violations scandaleuses des droits de l’enfant. Au nom de l’IE, ce dernier a exprimé ses plus vives inquiétudes face à la violence aveugle et délibérée dirigée contre les établissements scolaires, les étudiant(e)s, les enseignant(e)s, les universitaires et l’ensemble du personnel du secteur de l’éducation.

Ce courrier a été envoyé en prévision de la 37e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, convoquée aujourd’hui le 13 mars, en vue de discuter des violations des droits humains des enfants en Syrie. Le débat de haut niveau aura pour thème prioritaire les attaques ciblant les enfants, les écoles et les hôpitaux, ainsi que le refus d’accorder un accès aux organismes humanitaires.

Les enfants forment le groupe le plus vulnérable

« L’éducation est un droit humain et un bien public, les écoles et les universités doivent être des lieux où l’enseignement et l’apprentissage peuvent prendre place dans des environnements sûrs », a déclaré van Leeuwen.

Ces discussions de haut niveau interviennent suite aux rapports révélant que, partout au sein de la République arabe syrienne, les enfants sont les plus exposés aux violences et aux abus. Ces derniers souffrent en raison des attaques perpétrées contre les populations civiles, de l’absence d’accès à l’éducation et de leur recrutement en tant qu’enfants soldats.

Recommandations de l’IE

L’IE a recommandé que le Conseil des droits de l’Homme et les Etats membres des Nations Unies appellent l’ensemble des parties engagées dans le conflit à:

• Reconnaître et respecter le droit de chaque enfant et adulte de recevoir une éducation dans un environnement d’apprentissage pacifique et sécurisé, et respecter les établissements scolaires en tant que havres de paix.

• Cesser immédiatement toute forme d’attaques et de violations dirigées contre les établissements scolaires, les étudiant(e)s, les enseignant(e)s, les universitaires et l’ensemble du personnel du secteur de l’éducation.

• Cesser immédiatement l’occupation et l’utilisation illégales des établissements scolaires à des fins militaires et évacuer ceux actuellement réquisitionnés par des groupes militaires et armés.

• Prendre toutes les mesures possibles pour protéger les étudiant(e)s, les enseignant(e)s, les universitaires et l’ensemble du personnel du secteur de l’éducation contre les attaques délibérément dirigées contre eux/elles sur leur trajet entre le domicile et le lieu d’apprentissage ou de travail.

• Prendre toutes les mesures possibles pour garantir la poursuite de l’éducation durant le conflit.

• Prendre toutes les mesures possibles pour garantir l’accès à l’éducation de tous les enfants touchés par le conflit syrien, en ce compris les enfants réfugiés et ceux déplacés en Syrie et dans les pays voisins.

• Faire en sorte que les victimes des attaques perpétrées contre les établissements scolaires puissent bénéficier de l’assistance nécessaire, notamment accéder à l’aide médicale et humanitaire.

Intensifier les efforts

Les fédérations syndicales internationales ont également demandé au Conseil des droits de l’Homme et aux Etats membres des Nations Unies d’apporter leur aide pour surveiller et signaler les attaques ciblant les établissements scolaires, de contribuer à mettre un terme à l’impunité, d’intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin immédiatement au conflit et de soutenir toutes les initiatives visant à restaurer pleinement le système éducatif en Syrie.

L’IE a également encouragé l’ensemble des gouvernements engagés dans le conflit à signer et adopter les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.

Rapports alarmants

Parmi les nombreux rapports internationaux alarmants sur l’impact du conflit en Syrie, le Rapport 2017 de l’UNICEF souligne que l’impossibilité pour les enfants d’accéder à l’éducation demeure un problème majeur: le nombre d’enfants en âge de scolarité est estimé à 1,75 million en Syrie, tandis que 40 % des enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés. En 2017, les Nations Unies ont confirmé 2.909 cas de violations graves dirigées contre des enfants (dont 119 attaques contre des hôpitaux et 89 contre des écoles).

En 2018, le conflit syrien continue à avoir des conséquences désastreuses sur les enfants et l’éducation: plusieurs centaines d’enfants ont été tués et plusieurs milliers sont privés de leur droit à l’éducation, des dizaines d’écoles ont été détruites ou sont endommagées et le système d’éducation est fortement perturbé. Au cours des premiers mois de cette année, les combats intenses qui ont eu lieu dans les régions d’Afrin, d’Idleb et de la Ghouta orientale ont pris pour cible des populations et des infrastructures civiles, sans le moindre discernement. Le refus d’autoriser l’aide médicale et humanitaire à accéder aux zones de conflit vient s’ajouter à la souffrance des enfants et des civil(e)s.

Accès refusé

Dans les régions de la Ghouta orientale et d’Afrin, les enfants et les étudiant(e)s n’ont pas accès à leurs écoles et à leurs universités, le fonctionnement des systèmes d’éducation ayant été suspendu en raison du nombre de tirs d’obus et d’attaques aériennes. Les rapports indiquent que, dans la région d’Afrin à elle seule, 311 écoles, dont 261 écoles primaires et 50 écoles secondaires et supérieures, ont fermé leurs portes; 31 écoles ont été détruites ou fortement endommagées; 2.327 enseignant(e)s ont été contraint(e)s de cesser d’enseigner, privant ainsi 65.000 étudiant(e)s de leur droit à l’éducation; 250 étudiant(e)s et 136 professeur(e)s n’ont plus accès à leur université.