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Les syndicats jurent de rester forts après l’arrêt dans l'affaire Janus

Publié 27 juin 2018 Mis à jour 28 juin 2018

La Cour suprême des Etats-Unis vient de porter un coup douloureux aux travailleurs/euses et aux syndicats qui défendent leurs droits.

Dans un vote serré de 5 à 4 voix, les juges ont décidé dans l'affaire Janus vs. AFSCME que les syndicats du secteur public doivent utiliser leurs ressources pour représenter et protéger les enployé(e)s qui ne sont pas membres et ne contribuent pas au syndicat.

Cette décision est l'aboutissement de décennies d'attaques contre les travailleurs/euses par des PDG d'entreprises, les 1% les plus riches et les hommes et femmes politiques qui ne ménagent pas leurs efforts afin d’imposer une économie qui va en leur faveur.

Aux Etats-Unis, les syndicats sont tenus par la loi de représenter tou(te)s les travailleurs/euses de leur secteur même s'ils ne sont pas membres. Avant cette décision, les non-membres devaient payer des frais équitables, d’un montant moindre que les cotisations syndicales pleines, pour les protections et les avantages qu'ils/elles recevaient du syndicat.

Post-Janus, les membres non syndiqués, ou les « passagers clandestins », continueront à bénéficier de protections et de services, mais ne paieront pas un centime pour ces avantages. L'affaire est une tentative claire de paralyser le pouvoir des syndicats, en réduisant leurs ressources financières.

La Fédération américaine des employé(e)s des Etats, des comtés et des municipalités ( American Federation of State, County and Municipal Employees-AFSCME) est un grand syndicat du secteur public, mais l'impact de la décision ira bien au-delà de l'AFSCME et de ses membres.

Les deux affiliés américains de l'Internationale de l’Education (IE), l' American Federation of Teachers et la National Education Association, se trouveront parmi les syndicats touchés.

« Nous sommes solidaires avec nos frères et sœurs syndicalisés aux Etats-Unis qui font face aux intérêts des entreprises qui souhaitent les faire taire. Nous savons que vous resterez forts et continuerez à faire entendre votre voix collective », a déclaré le Secrétaire général de l'IE, David Edwards.

« L'affaire Janus ne concerne pas seulement les Etats-Unis. Partout dans le monde, les syndicats utilisent notre voix collective pour plaider en faveur de politiques qui profitent à tous les travailleurs. Cela inclut les professionnels de l'éducation qui luttent collectivement pour une éducation publique de qualité ouverte à tous », a-t-il ajouté.

« C'est plus qu'une affaire judiciaire, c'est des PDG et des milliardaires qui ont dépensé leur argent et leur influence pour essayer de détruire le pouvoir collectif des syndicats. Ils veulent faire baisser les salaires, ignorer l'enseignement public et faire taire les voix démocratiques. Ils nous trouveront toujours sur leur chemin. »

Les Américain(e)s travaillent de plus en plus longtemps pour moins d'argent et moins d'avantages, en dépit d'être plus productifs/ives que jamais. Trop souvent, ils/elles doivent occuper plusieurs emplois pour joindre les deux bouts. Peu importe à quel point ils/elles travaillent, beaucoup ont de plus en plus de difficulté à s'en sortir et à subvenir aux besoins de leur famille. Cela est vrai pour des centaines de milliers d'enseignant(e)s et de personnels de soutien qui, dans de nombreux cas, gagnent à peine un salaire décent.

L'affaire Janus n'est pas un accident. Il a été financé par de puissants intérêts économiques qui savent que lorsque les travailleurs/euses ont la liberté de parler d’une seule voix forte par l'intermédiaire des syndicats, des progrès sont réalisés qui profitent à tou(te)s.

Malgré ces attaques, les syndicats des Etats-Unis jurent de tenir bon dans la tourmente et de renouveller leurs efforts visant à accroître la syndicalisation. Le pouvoir que les syndicats donnent aux travailleurs/euses a pu être aperçu récemment en Virginie-Occidentale, en Arizona et dans d'autres régions, où des dizaines de milliers d'enseignant(e)s ont tenu bon pour obtenir des changements pour eux/elles-mêmes et pour leurs étudiant(e)s.