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Le mouvement syndical mondial lance une mise en garde au gouvernement philippin: « Cessez de persécuter les défenseur·euse·s des droits humains et syndicaux! »

Publié 10 décembre 2019 Mis à jour 10 octobre 2023

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, l’Internationale de l’Éducation, ses affiliés et le mouvement syndical mondial soutiennent les syndicalistes et l’ensemble des défenseur·euse·s des droits humains aux Philippines.

Cela fait trop longtemps maintenant que les citoyen·ne·s qui critiquent le gouvernement philippin sont qualifié·e·s de terroristes et d’ennemi·e·s de l’État, afin de pouvoir les discréditer et les attaquer ouvertement. Il s’agit d’une technique de propagande appelée « étiquetage rouge ». Un grand nombre d’enseignant·e·s, de travailleur·euse·s, de syndicalistes, de journalistes et de défenseur·euse·s des droits humains ont été victimes d’intimidations au moyen de cette stratégie.

Un climat particulièrement dangereux pour les enseignant·e·s et les syndicalistes

Il y a à peine une semaine, une enseignante membre de l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) – un syndicat membre de l’Internationale de l’Éducation (IE) – a été touchée par six balles dans sa classe, devant ses élèves. Et ce n’est qu’un exemple de ces agressions terribles.

Un grand nombre de membres de l’ACT ont été fiché·e·s par la police nationale, pris·es en filature dans les rues et ont reçu des menaces de mort.

Les syndicats mondiaux s’opposent à la répression

Ce 10 décembre, l’IE s’allie à ses collègues de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois, de la Fédération internationale des journalistes, d’IndustriALL, de la Fédération internationale des ouvriers du transport, de la Confédération syndicale internationale, de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes, de l’Internationale des services publics et d’UNI Global Union, afin de sensibiliser l’opinion publique à la situation et d’adresser un message clair au gouvernement philippin: il doit cesser de persécuter les enseignant·e·s, les travailleur·euse·s, les syndicats, les journalistes, ainsi que l’ensemble des défenseur·euse·s des droits humains.

Les syndicats mondiaux ont envoyé une lettre de protestation conjointe(en anglais) au gouvernement de Duterte, condamnant la recrudescence des actes de harcèlement et de la répression visant les syndicalistes et demandant aux autorités philippines ce qui suit:

•Garantir la sécurité et la protection de l’ensemble des membres et dirigeant·e·s des syndicats.

•Respecter les droits fondamentaux des travailleur·euse·s garantis par les normes internationales, notamment la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relative à la liberté syndicale, ratifiée par les Philippines en 1953.

•Permettre aux syndicats de fonctionner sans ingérence du gouvernement.

•Enquêter sur les nombreuses allégations d’assassinats de syndicalistes et de violences antisyndicales.

•Accepter une mission tripartite de haut niveau de l’OIT avant sa prochaine conférence.

Une grande manifestation de solidarité

Partout dans le monde, les syndicalistes organisent des actions devant les ambassades des Philippines de leurs pays, par l’intermédiaire desquelles il·elle·s envoient des lettres de protestation au gouvernement philippin.

Le Secrétaire général de l’IE David Edwards, qui a participé à la manifestation organisée à Bruxelles, en Belgique, a déclaré: « Le gouvernement de Duterte livre une véritable guerre aux enseignants et enseignantes, aux syndicalistes, aux journalistes, aux défenseurs et défenseuses des droits humains et à toute personne qui ose exprimer son désaccord ou émettre des critiques. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et permettre que cela continue. Aujourd’hui, comme chaque jour à venir, nous soutiendrons nos collègues des Philippines dans leur lutte contre l’oppression et la répression, afin de pouvoir traîner leur gouvernement devant les tribunaux et leur permettre de poursuivre leur combat pour une juste cause. Pour leur bien-être, celui de leurs élèves et de leur pays. »

Une pétition de LabourStart pour soutenir les enseignant·e·s des Philippines est disponible en 16 langues ici.

Pour toute information complémentaire à ce sujet, veuillez consulter l’ article de blogue (en anglais) de Raymond Basilio, Secrétaire général de l’ACT, ou écouter nos podcasts EdVoices - des entretiens (en anglais) avec la journaliste philippine Maria Ressa, et avec l’ancienne dirigeante de l’ACT, membre élue du Parlement philippin et lauréate du Prix international des droits humains Arthur Svensson France Castro.