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Brésil : un manifeste syndical appelle à une approche différente de celle de Bolsonaro

Publié 26 mai 2020 Mis à jour 28 mai 2020

Au Brésil, la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação a publié un manifeste présentant des mesures visant à protéger la santé publique et la vie des travailleur·euse·s.

Les dirigeant·e·s de la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação(CNTE) ont vivement critiqué la réaction du Président Jair Bolsonaro à la propagation de l’épidémie de COVID-19 dans le pays. Leur manifeste comprend des demandes aux autorités publiques pour assurer la santé et la sécurité des travailleur·euse·s de l'éducation et des étudiant·e·s.

« La gravité du moment présent appelle à la solidarité de toutes et tous », a souligné le syndicat.

S'exprimant au nom des « foules oubliées, abandonnées et invisibles », le syndicat de l'éducation a expliqué que, « à travers ce Manifeste, les éducateurs et éducatrices du Brésil défendent publiquement la vie humaine avec les sentiments altruistes les plus profonds ».

Des actions collectives et solidaires sont nécessaires

Le syndicat estime qu'« il n'y a aucune perspective d'avenir sans actions collectives et solidaires. Les règles du marché ne sont pas en mesure d'amortir les souffrances de la majorité de la population nationale et mondiale. Aujourd'hui plus que jamais, les services publics doivent être guidés par une logique universelle et responsable pour toutes et tous. La sortie de la crise actuelle passe par des politiques plus étatiques et moins orientées vers le marché, ces dernières étant préjudiciables à la population ! »

Les dirigeant·e·s du CNTE ont condamné la politique néolibérale du gouvernement de Bolsonaro visant à saper le rôle de l’État et de ses agents publics, qui «se révèle être un échec absolu au quotidien ». Face à la crise de santé publique actuelle, les « actions contradictoires » du gouvernement brésilien lui permettent d'esquiver « la véritable dimension du problème ».

L'épidémie va s'aggraver

Le syndicat soutient que le Président Jair Bolsonaro a systématiquement agi contre la politique de confinement recommandée par les autorités scientifiques et de santé publique dans le monde entier. Il a ajouté que le Président avait appelé la population à descendre dans la rue et utilisé des fonds publics pour promouvoir une campagne intitulée « Le Brésil ne doit pas s'arrêter ».

La CNTE a insisté sur le fait que l'épidémie se répandait dans tout le Brésil et qu'elle s'aggravera dans les prochaines semaines, surtout si la politique d'isolement social est abandonnée par les pouvoirs publics aux différents niveaux. Une action publique est nécessaire pour protéger la vie des gens grâce à de l’aide et du soutien, a-t-elle noté.

Nouvelles politiques

Le gouvernement doit changer d'urgence « sa trajectoire de défense sans compromis de l'ultralibéralisme économique qui défend un État réduit à sa portion congrue et situé au-dessus de tout et de tout le monde », et doit adopter des mesures « qui protègent la population et la classe ouvrière contre la pandémie virale », a déclaré le syndicat.

« L'imposition des fortunes, des bénéfices et des dividendes des riches et l'augmentation des taux d'imposition foncière sont des mesures urgentes, très efficaces pour lutter contre les inégalités et assurer le bien-être de l'ensemble de la population, en particulier dans une période de crise comme celle que nous traversons. »

Il a également insisté sur le fait qu'un projet approuvé par le Congrès national instituant un paiement d'urgence aux personnes à faible revenu durant trois mois (600 réaux brésiliens et jusqu'à 1.200 réaux brésiliens pour les mères célibataires, respectivement 100 € et 200 €) doit être immédiatement mis en œuvre.

Manifeste syndical

Les syndicalistes brésilien∙ne∙s de l'éducation ont proposé les mesures suivantes pour la société brésilienne, et en particulier la communauté de l'éducation :

  • La mise en œuvre de mesures économiques et éducatives différentes de celles soutenues par le Président Bolsonaro, dont beaucoup contredisent les politiques du ministère brésilien de la Santé et de l’Organisation mondiale de la Santé. Selon le syndicat, le Président est exclusivement motivé par les intérêts immédiats des chef·fe·s d'entreprise qui ne sont pas attaché·e·s à la vie de la population et aux droits des travailleur·euse·s.
  • Le maintien des salaires (sans réduction), des emplois, des revenus et des contrats de travail dans les secteurs public et privé grâce à l'adoption de politiques de subsistance décentes pour les familles brésiliennes, en particulier celles provenant de catégories sociales historiquement marginalisés par les politiques publiques.
  • L’adoption de mécanismes économiques garantissant l'indemnisation des pertes imposées aux travailleur·euse·s (et pas seulement aux chef·fe·s d'entreprise), l’aide aux micro-entrepreneur∙euse∙s individuels et la mise en place d'un revenu minimum universel (décent) pour les chômeur·euse·s, les travailleur·euse·s informel·le·s et les familles pauvres qui ont été exclu·e·s du programme d'allocations familiales du pays depuis 2016.
  • L’imposition des revenus les plus importants au Brésil pour financer les politiques de lutte contre la pandémie et pour soutenir le futur processus de développement social et économique tout en protégeant l'environnement.
  • La défense sans compromis du système de santé national et de tou·te·s ses professionnel·le·s, le gouvernement augmentant l'offre de tests rapides pour le COVID-19 et la quantité de lits de soins intensifs.
  • Le maintien de la fermeture complète des écoles brésiliennes pour contenir la propagation du COVID-19, les écoles publiques étant utilisées pour fournir des services dans le cadre d'autres mesures d'urgence dont les agences de santé publique et d'assistance sociale sont responsables.
  • La défense de la vie des gens dans un contexte large, en assurant un approvisionnement alimentaire adéquat, en particulier pour les étudiant·e·s pauvres et leurs familles. Les pouvoirs publics doivent donner la priorité à l'achat de produits agricoles pour les aider.

Plus de solidarité, de santé publique et d'éducation de qualité

« Il est d'une importance vitale de commencer à penser à l'avenir ! » ont clamé les dirigeant·e·s du CNTE. « La société exige plus d'État et plus de politiques publiques ! Plus de solidarité des gouvernements aux divers niveaux et moins d'austérité pour la population ! Plus de santé publique et d'éducation de qualité, d’équipements sanitaires, de sécurité. En somme, du respect, surtout pour les plus pauvres et les plus vulnérables ! »