Ei-iE

Australie : un syndicat réclame un financement accru de l’enseignement public afin de réduire les « inégalités énormes » dans ce secteur

Publié 27 novembre 2020 Mis à jour 1 décembre 2020

L’Australian Education Union (AEU) a réitéré la demande d’un financement accru et adéquat de l’enseignement public. Cet appel intervient alors que la COVID-19 met en exergue les inégalités persistantes en matière d’éducation.

Le 17 novembre, l’AEU a publié une déclaration appelant à l’augmentation du financement de l’enseignement public. Un tel financement est fondamental, a-t-il dit, car il offre des avantages aux étudiant∙e∙s ainsi qu’aux communautés d’aujourd’hui et de demain.

« L’enseignement public fournit à chaque enfant la possibilité d’exploiter pleinement son potentiel. Elle améliore les résultats en matière de santé et d’emploi, elle favorise la participation éclairée dans la société et contribue à l’égalité », a déclaré le syndicat.

Investir dans l’éducation entraîne une augmentation des recettes fiscales du gouvernement

Le syndicat a insisté sur le fait qu’investir dans l’éducation contribuait également à obtenir une rémunération plus élevée. Les personnes qui détiennent un diplôme post-secondaire gagnent en moyenne de 20 à 40 % de plus que celles qui n’en ont pas, ce qui signifie que les recettes publiques augmentent par le biais d’impôts prélevés sur les salaires plus élevés.

Bien que les dépenses consacrées aux écoles favorisent une relance économique directe et immédiate, les avantages à long terme pour les étudiant∙e∙s et les communautés sont probablement encore plus précieux, a déclaré l’AUE. Dans les écoles publiques, les enseignant∙e∙s s’efforcent de répondre aux besoins de chaque enfant et de fournir une éducation riche à leurs étudiant∙e∙s. Toutefois, ces écoles ne sont pas financées adéquatement.

Les écoles publiques en dessous des critères de référence du financement minimum

Toutefois le syndicat des éducateur∙trice∙s a souligné que, d’ici 2023, la plupart des écoles publiques demeureront sous le seuil en question, à savoir le Schooling Resource Standard(SRS ; norme de ressources pour l’éducation), tandis que toutes les écoles privées atteindront cette cible ou la dépasseront.

Le déficit du budget destiné aux écoles publiques s’élève à 16,3 milliards de dollars australiens rien qu’au cours de la législature actuelle. Ce montant s’élèvera à 22,7 milliards de dollars australiens d’ici 2023, selon l’analyse de l’AEU.

En outre, une étude de la Public Education Foundation a estimé le coût national des inégalités en matière d’éducation sur une période de six ans, à 20,3 milliards de dollars australiens, équivalent à 1,2 pour cent du produit intérieur brut.  Cette fondation, organisme à but non lucratif, offre des bourses d’études aux jeunes scolarisés dans l’enseignement public, ainsi qu’à leurs enseignant∙e∙s et à leurs directeur∙trice∙s d’école.

Parmi les solutions quelle propose, cette étude recommandait, entre autres, un enseignement ciblé et des enseignant∙e∙s supplémentaires, d’autres programmes d’apprentissage, ainsi qu’un engagement ferme envers le financement des écoles basé sur les besoins identifiés.

L'AEU a déclaré lors d’une enquête menée par le Sénat sur la réponse du Gouvernement à la COVID-19 qu’il était urgent qu’une injection de fonds soit effectuée afin d’amener toutes les écoles à 100 % de la référence du SRS.

« Un financement adéquat aidera non seulement à combler les écarts en matière d’équité et de réussite scolaire entre les étudiants issus de milieux au statut socio-économique élevé et faible, mais un travail supplémentaire s’avère nécessaire à présent pour venir en soutien aux étudiants qui ont pris du retard pendant l’apprentissage à distance », a souligné Correna Haythorpe, présidente fédérale de l’AEU.

Investissement en capital urgent

Les infrastructures scolaires représentent l’un des secteurs importants qui a besoin d’un financement fédéral adéquat, a clairement souligné l’AEU. Les effectifs dans les écoles publiques ont enregistré une augmentation de 263,534 élèves au cours des dix années précédant 2018, soit une augmentation de 10,3 %. De nouvelles écoles sont nécessaires pour accueillir ces élèves et les écoles existantes doivent être améliorées pour augmenter la capacité d’accueil, a indiqué le syndicat.

« Un ensemble de travaux subventionnés par le gouvernement fédéral est primordial », selon Haythorpe. « Les écoles existantes ont besoin de nouvelles salles de classe, de bibliothèques, d’installations de chauffage et de climatisation ainsi que des équipements sportifs pour accueillir correctement les étudiants et étudiantes dès maintenant et en prévoyance d’une l’augmentation future des effectifs. »

Un programme de construction d’écoles financé par le gouvernement fédéral, élaboré lorsque les emprunts du gouvernement sont à des taux plus bas que jamais, entraînerait également une relance appréciable des industries de la construction et de la production industrielle et stimulerait l’emploi, a-t-elle déclaré.

« Une inégalité énorme » entre les écoles

Le rapport de l’AEU sur l’enquête du Sénat, indique que l’« énorme inégalité» dans la manière dont le financement gouvernement fédéral est distribué aux écoles signifie qu’un grand nombre d’élèves ne reçoivent pas les ressources supplémentaires dont il∙elle∙s ont besoin pour leur permettre de surmonter leur désavantage.

« Si l’Australie souhaite voir un redressement et un retour à la croissance après le choc économique actuel, le prochain budget de 2020 devra fournir des mesures de relance très importantes », indiquait le rapport.  « Cette relance devrait être ciblée dans les domaines dans lesquels elle peut avoir des retombées immédiates et à long terme. »

Regard vers l’avenir

Haythorpe a également insisté sur le fait que la crise de la COVID-19 avait mis en évidence des inégalités de longue date au sein de l’éducation et que « les gouvernements devaient donner la priorité à l’enseignement public en injectant un investissement important pour remédier à ces inégalités ».

De nombreux∙euses étudiant∙e∙s proviennent de milieux défavorisés et leurs familles ont été profondément affectées par cette crise, a-t-elle expliqué.

Dans les communautés à travers l’Australie, l’éducation est un « facteur de stabilisation » pour les enfants, « car elle conduit non seulement à une meilleure qualité de vie pour chaque étudiant∙e, mais elle apporte aussi d’énormes avantages à long terme à la société, à l’économie et au pays tout entier », a ajouté Haythorpe.

Il est impératif que les gouvernements investissent dans l’enseignement public afin d’éliminer les inégalités et de s’assurer que chaque enfant reçoive l’éducation dont il∙elle a besoin, a-t-elle conclu.

Programme d’action pour le financement des écoles

L’AEU demande au gouvernement fédéral de :

  • Fournir un véritable financement aux écoles australiennes basé sur les besoins identifiés dans ces écoles.
  • Investir immédiatement des fonds afin d’amener toutes les écoles à 100 % de la référence du SRS, ainsi que des prestations connexes aux étudiant∙e∙s ayant des besoins complexes.
  • Créer un ensemble de travaux subventionnés par le gouvernement fédéral garanti à long terme.