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Portugal : les enseignant·e·s appartenant à un groupe à risque ont besoin de flexibilité et de conditions de travail améliorées

Publié 2 décembre 2020 Mis à jour 3 décembre 2020

La Federação Nacional dos Sindicatos da Educação (FNE) a fait part de ses inquiétudes concernant la sécurité des enseignant·e·s et des personnels de soutien à l’éducation (PSE) au Portugal pendant la pandémie de COVID-19, en particulier de ceux et celles appartenant à un groupe à risque.

Dans une enquête réalisée par la FNE, environ un·e enseignant·e sur quatre, soit 26,4 % des enseignant·e·s, ainsi que 27,8 % des membres des personnels de soutien à l'éducation ont indiqué appartenir à un groupe à risque.

Dans le contexte du vieillissement de la population enseignante, la FNE s'attend à ce qu'un nombre croissant d’enseignant·e·s fassent bientôt partie d’un groupe à risque. Selon la législation portugaise, les personnes âgées de 65 ans ou plus, les personnes atteintes d’une maladie chronique ou ayant un système immunitaire affaibli, les receveurs de greffe et les personnes séropositives appartiennent à un groupe à risque.

Dans son dernier rapport intitulé « Conditions des écoles pour le retour en classe », le syndicat de l’éducation a présenté ses revendications pour garantir la sécurité des enseignant·e·s lors de leur retour dans les salles de classe. Le rapport publié le 19 novembre par le Comité exécutif de la FNE est basé sur une enquête nationale menée entre le 17 septembre et le 2 octobre auprès de 1.316 enseignant·e·s et de 248 membres du PSE des établissements de l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire.

Télétravail

Selon l’étude de la FNE, environ 13,1 % des enseignant·e·s ont l’intention de continuer à travailler à domicile pendant la pandémie. En outre, un·e enseignant·e sur cinq (21,1 %) a précisé qu’il·elle comptait réduire au strict minimum le temps passé à l'école.

Toutefois, la FNE a souligné qu’à l’heure actuelle, la loi ne permet pas aux enseignant·e·s faisant partie de groupes à risque de travailler à distance. Il·elle∙s doivent donc justifier leur appartenance à un groupe à risque auprès de la direction de l’école en fournissant soit une attestation soit un certificat médical. Le certificat médical leur donne le droit de s’absenter pendant 30 jours sans perte de salaire.

Certificats médicaux

Les enseignant·e·s doivent fournir un deuxième certificat médical s’il·elle∙s choisissent de poursuivre le télétravail, afin de se protéger et de protéger les autres, au-delà de la période de 30 jours. Toutefois, certains médecins refusent de délivrer des certificats médicaux supplémentaires. Par conséquent, les enseignant·e·s subissent une perte de salaire, comme s'il·elle∙s étaient « vraiment malades ».

Cette situation a créé une confusion juridique. Au mois de mars, les enseignant·e·s ont été contraint·e·s de rester à la maison et de travailler à distance. Mais aujourd'hui, la loi leur interdit le télétravail et met ainsi en danger leur santé et leur sécurité.

La FNE a été surprise par la déclaration du Ministère de l'Éducation qui affirmait qu’au 30 octobre, seul·e·s 700 enseignant·e·s faisant partie d’un groupe à risque avaient soumis une attestation pour pouvoir travailler de leur domicile pendant 30 jours. Le syndicat a conclu qu'en pratique, en absence d’un cadre approprié, les enseignant·e·s appartenant à un groupe à risque continuent de se rendre dans les écoles pour enseigner en présentiel, en dépit des circonstances aggravantes.

Le droit de choisir le télétravail

Compte tenu du cadre légal et de travail conçu pour les enseignant·e·s appartenant à un groupe à risque pendant la pandémie de COVID-19, le département juridique de la FNE a évalué le caractère légal des directives émises par le Ministère de l'Éducation qui entravent le droit de choisir le travail à distance.

La FNE a critiqué le fait que ce droit n’est pas garanti, car son exercice dépend exclusivement de la volonté de l’employé·e, alors que les employeurs ont l’obligation d’assurer la sécurité et la santé des employé·e·s.

Le service juridique de la FNE a conclu que les enseignant·e·s ont le droit de choisir le télétravail. La FNE et ses syndicats membres poursuivront leurs actions afin de défendre ces droits des enseignant·e·s.

Des meilleures lignes directrices

Dans une lettre ouverte au ministre de l’Éducation datée du 13 novembre, la FNE a exprimé ses critiques par rapport à la gestion de l’année scolaire par le Ministère de l'Éducation.

Elle a notamment critiqué l’incapacité du gouvernement à mettre en place un cadre réglementaire équitable pour les enseignant·e·s faisant partie d’un groupe à risque. Cela mène à une situation absurde dans laquelle ces enseignant·e·s ne peuvent pas faire du télétravail, alors que leurs collègues vivant dans des endroits isolés ont dû utiliser des outils numériques pour continuer à travailler et enseigner à distance.

La FNE a exhorté les autorités publiques à discuter afin de mettre en place des directives qui clarifient notamment les réglementations en matière d'absentéisme liées à la pandémie ainsi que leur lien avec le développement professionnel et la réduction des salaires. Ces directives devraient également définir les possibilités de télétravail pour les enseignant·e·s appartenant à un groupe à risque.

Rapport complet

Le rapport de la FNE sur les « Conditions des écoles pour le retour en classe » fournit également des informations détaillées issues des enseignant·e·s et des personnels de soutien à l'éducation sur le fonctionnement des établissements d’enseignement (par exemple, l’efficacité du Ministère de l'Éducation, les conditions de sécurité ou les ressources humaines disponibles).

Pour consulter le rapport complet (en portugais), cliquez ici.