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Taïwan : le personnel enseignant en liesse suite à sa victoire pour son droit au jour férié du 1er mai

Publié 13 mai 2025 Mis à jour 14 mai 2025

Après quelque 10 années de campagne et de plaidoyer, l’Association nationale taïwanaise des enseignant·e·s (National Teachers’ Association − NTA Taïwan) peut fêter une victoire : celle de la reconnaissance des enseignant·e·s et du personnel éducatif comme partie intégrante du mouvement syndical.

Grâce aux efforts de la NTA Taïwan, une organisation membre de l’Internationale de l’Éducation (IE), le 1er mai sera désormais un jour férié pour tous les travailleur·euse·s, y compris les enseignant·e·s et le personnel éducatif.

Le 9 mai 2025, le Yuan législatif (l’assemblée législative monocamérale de Taïwan) a adopté des amendements à la loi régissant les mesures de mise en œuvre des fêtes nationales et journées commémoratives, reconnaissant le 1er mai comme un jour de fête nationale pour l’ensemble des travailleur·euse·s, dont les enseignant·e·s.

Mettre un terme à la discrimination systématique des enseignant·e·s

« Cette décision met fin à la discrimination structurelle visant les enseignants et enseignantes et en particulier leur droit à bénéficier de jours fériés en tant que travailleurs et travailleuses », a expliqué Hou Chun-Liang, président de la NTA Taïwan.

S’ajoutant au 1er mai, la Journée des enseignant·e·s est également devenue un jour de fête nationale honorant la riche contribution du personnel enseignant et de la profession en général.

Pour que le congé du 1er mai devienne une priorité du calendrier législatif, la NTA a travaillé assidûment avec des législateurs d’envergure et a organisé des conférences de presse non partisanes. Le droit au 1er mai figurait aussi en tête d’une liste de demandes formulées cette année à l’occasion du rassemblement annuel pour le 1er mai auquel ont participé des milliers des travailleur·euse·s de secteurs variés, venu·e·s afficher leur soutien au plein respect des droits du travail des enseignant·e·s.

Par ailleurs, une conférence de presse internationale co-organisée avec l’Internationale de l’Éducation Asie-Pacifique (IEAP) a exercé une pression supplémentaire sur l’administration taïwanaise afin qu’elle respecte l’ensemble des droits humains des enseignant·e·s, en tant que travailleur·euse·s et en tant que citoyen·ne·s.

Une page se tourne pour le mouvement syndical taïwanais

« Le mouvement syndical taïwanais ouvre un nouveau chapitre de son histoire », a déclaré M. Hou, le président de la NTA. « Désormais, les enseignants et enseignantes peuvent profiter d’une journée de congé en famille le 1er mai, à l’instar d’autres collègues. »

Ensuite, il a souligné : « Tandis que nous célébrons notre réussite aux côtés de nos frères et sœurs syndicalistes à Taïwan et à l’étranger, gardons à l’esprit que les enseignants et enseignantes et fonctionnaires publics ne bénéficient pas encore du droit de grève. »

Il a également rappelé la mention claire, dans les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante, de la nécessité de garantir l’ensemble des droits du travail des enseignant·e·s, ajoutant que son syndicat était résolument engagé à poursuivre la lutte pour que la profession puisse jouir de tous les droits syndicaux.

Enseignant·e·s et fonctionnaires œuvrent pour une planète où il fait bon vivre et travailler

À Taïwan, le 1er mai était jusqu’à présent férié pour le secteur privé, mais pas pour le secteur public, dont font partie les enseignant·e·s.

Le directeur de l’IEAP Anand Singh désignait là « une injustice flagrante » en 2021, lors d’une conférence de presse solidaire organisée conjointement par la NTA Taïwan et l’IEAP.

Depuis 2019, la NTA Taïwan dirigeait la campagne de promotion du 1er mai comme jour férié national en vue de sensibiliser le grand public, et menait dans ce cadre des actions pour réaliser des percées dans quatre domaines : l’administration, la législation, la presse et la solidarité entre travailleur·euse·s. La société était graduellement parvenue à un consensus, mais la bataille ultime devait se tenir au parlement, a expliqué M. Hou.

Le syndicat taïwanais de l’éducation n’a de cesse de souligner que les enseignant·e·s, comme beaucoup d’autres fonctionnaires, se dévouent pour rendre notre monde personnel et professionnel encore plus agréable à vivre, et que leur refuser l’exercice de droits humains dont d’autres jouissent n’a pas lieu d’être.