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Mondes de l'éducation

Voix de l’Éducation | Une lutte solidaire et une victoire historique en matière de pensions de retraite des personnels de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni

Entretien avec Jo Grady, Secrétaire générale de l’University and College Union (UCU), Royaume-Uni

Publié 13 août 2025 Mis à jour 7 août 2025
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Ce témoignage a été recueilli dans le cadre du projet de recherche intitulé « In the eye of the Storm : Higher education in an age of crises » (Au cœur de la tourmente : l’enseignement supérieur dans un monde en crise), conduit sous la direction de Howard Stevenson, Maria Antonietta Vega Castillo, Melanie Bhend et Vasiliki-Eleni Selechopoulou pour le compte de l’Internationale de l’Éducation. Le rapport de recherche et le résumé sont disponibles ici.

Mondes de l’Éducation : Entre 2018 et 2024, votre syndicat a mené une mobilisation considérable pour les pensions de retraite des personnels de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni. Comment le conflit a-t-il éclaté ?

En 2018, les personnels des universités britanniques les plus anciennes (à savoir celles antérieures à la création d’une série de nouvelles universités en 1992) ont été choqués lorsque leurs employeurs ont tenté d’imposer des coupes massives dans le régime de retraite du secteur, pour le faire passer d’un système basé sur des prestations garanties à un système où les prestations dépendraient de la valeur (et de la volatilité) des placements sur le marché.

Mondes de l’Éducation : Comment votre syndicat s’est-il mobilisé pour protéger les pensions de retraite ?

Les membres de l’UCU ont voté en faveur d’une action collective et ont immédiatement entamé une grève de 14 jours répartis sur quatre semaines. Cette mobilisation a été suivie par les membres et soutenue par les étudiantes et les étudiants, les employeurs ne s’attendaient pas à une telle réaction. Ils ont été contraints de rétropédaler et le syndicat est parvenu à un accord évitant tout changement important du système en attendant que celui-ci soit entièrement revu par un panel d’expertes et d’experts agissant en toute indépendance.

La grève de 2018 a indéniablement été une victoire, mais elle n’a assuré qu’un répit et n’a pas supprimé la menace de changements futurs.

En 2022, les employeurs ont continué à faire pression pour apporter au système de retraite des changements qui détérioreraient les conditions pour nos membres. Ces changements n’étaient pas aussi spectaculaires que ceux présentés en 2018, mais les modifications de 2022 menaçaient de réduire les prestations de 35 %.

Mondes de l’Éducation : Comment votre syndicat a-t-il réagi à cette seconde tentative de porter atteinte aux pensions et aux prestations ?

Nous avons poursuivi notre campagne à travers la grève, en la menant de front avec un autre conflit portant sur les salaires, la charge de travail, les inégalités salariales et le travail précaire. Nous avons baptisé ce conflit « les quatre luttes ».

La campagne a continué en dépit des obstacles immenses posés par la nouvelle législation, qui exige que nos membres votent à intervalles réguliers pour la poursuite de la grève et que des seuils élevés de participation aux scrutins soient atteints. À chaque fois, nos membres ont soutenu la grève et le syndicat.

Nous avons mené campagne inlassablement, avec 69 jours de grève entre 2018 et 2023. Nous avons également boycotté les examents et les évaluations pour accroître la pression sur les employeurs.

Nous étions déterminé·es à ne pas céder et comme toujours, notre solidarité a été notre force.

Mondes de l’Éducation : Quel a été le résultat de cette mobilisation soutenue ?

Cela a abouti à une victoire historique des syndicats. En décembre 2023, il a été confirmé que les coupes dans les retraites seraient supprimées et que les pensions seraient entièrement rétablies à partir d’avril 2024. Des fonds ont été engagés pour éviter toute perte encourue entre 2022 et 2024.

Cela a été un jour mémorable, pas seulement pour nos membres, mais pour tous les travailleurs et travailleuses, partout. Après avoir mené 69 jours de grève en nous battant pendant cinq ans pour défendre nos retraites, nous avons gagné et, en quelques mois, le personnel universitaire a vu le plus grand régime de retraite privé du Royaume-Uni rétablir pleinement nos pensions.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.