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Appel à une action urgente pour faire face à la crise mondiale de la profession enseignante

Le Sommet mondial sur les enseignant∙e∙s présente une feuille de route pour en finir avec la pénurie mondiale d’enseignant·e·s et financer pleinement l'enseignement public

Publié 21 août 2025 Mis à jour 21 août 2025

SANTIAGO, CHILI – Alors que les ministres et les dirigeant∙e∙s de l'éducation s'apprêtent à se réunir pour le Sommet mondial sur les enseignant·e·s les 28 et 29 août, la profession enseignante est confrontée au plan mondial à la plus grave crise de son histoire. Le monde a besoin de 50 millions d'enseignant·e·s supplémentaires d'ici 2030 dans l'enseignement primaire, secondaire, et de la petite enfance, mais les éducateur·trice·s qualifié·e·s fuient les salles de classe en raison des manquements systématiques des gouvernements.

La pénurie est particulièrement aiguë en Afrique subsaharienne, qui compte à elle seule 15 millions d’enseignant∙e∙s manquant∙e∙s, et en Asie du Sud, où 7,8 millions d’enseignant∙e∙s sont nécessaires pour garantir le droit de chaque enfant à un·e enseignant·e qualifié·e. L'Europe et l'Amérique du Nord ne sont pas non plus épargnées, avec un déficit d’environ 5 millions d'enseignant·e·s.

Le Sommet mondial sur les enseignant·e·s, convoqué par l'UNESCO et accueilli par le gouvernement chilien, rassemble des ministres, des agences des Nations Unies, des syndicats d'enseignant·e·s, des organisations de la société civile et des expert·e·s en éducation pour s'attaquer à la pénurie mondiale d'enseignant·e·s et faire progresser la mise en œuvre de l'Objectif de développement durable 4 – une éducation de qualité inclusive et équitable pour tou·te·s.

« Ce sommet est une opportunité pour nous de transformer la profession enseignante à l'échelle mondiale », déclare David Edwards, secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, la fédération syndicale mondiale qui représente 33 millions de travailleur·euse·s de l'éducation. « Nous connaissons les solutions : salaires équitables, bonnes conditions de travail, sécurité de l'emploi, développement professionnel solide et participation de la profession enseignante aux prises de décision. La volonté politique dont fait preuve le gouvernement chilien en accueillant ce sommet est un exemple pour le monde entier. »

S'appuyant sur cet engagement envers la transformation, l'Internationale de l'Éducation arrive à Santiago en portant des exigences claires de la part des enseignant·e·s du monde entier : un salaire équitable, des conditions de travail décentes, la sécurité de l'emploi, une formation initiale solide et un développement professionnel continu, et une voix significative dans les décisions en matière d'éducation.

Des enseignant·e·s de tous les continents, y compris du Portugal, du Sénégal, de la Palestine, de l'Afrique du Sud, du Liban et des États-Unis, apporteront des témoignages de première main sur des systèmes d'enseignement public sous pression constante. Leur message commun : une transformation structurelle est essentielle, pas de solutions cosmétiques.

Réfléchissant sur la solidarité mondiale qui anime ce mouvement, Edwards ajoute : « Nous sommes unis dans notre détermination à faire en sorte que chaque apprenant, peu importe où il vit, soit instruit par un enseignant qualifié et bien soutenu, et un système d'enseignement public qui lui donne le pouvoir de transformer le monde ».

L'Internationale de l'Éducation donne le coup d'envoi de la semaine du Sommet avec l’évènement Conversatorio autour de sa campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » le 26 août, ouvrant la voie à deux jours de dialogues ministériels, et à l'adoption le 29 août du Consensus de Santiago, un accord multilatéral définissant des engagements communs pour transformer la profession enseignante et construire des systèmes éducatifs durables dans le monde entier.

De la recommandation à l'action

Cette crise reflète un échec politique mondial : alors que les dépenses militaires ont bondi à 2,4 billions de dollars américains en 2023, les budgets de l'enseignement public ont été confrontés à de sévères coupes. La plupart des pays n'atteignent pas les allocations recommandées : 6 % du PIB et 20 % des budgets nationaux. Le service de la dette dépasse désormais les dépenses d'éducation dans près de 80 % des pays, affectant plus de 6 milliards de citoyen·ne·s.

Les données de l'UNESCO montrent que les taux d'attrition des enseignant·e·s ont doublé dans certaines régions depuis 2015, en raison du stress, de crises de santé mentale et de la dégradation systématique du bien-être professionnel. Les syndicats de l'éducation alertent sur des tendances mondiales alarmantes selon lesquelles les gouvernements embauchent des enseignant·e·s non qualifié·e·s ou ayant une formation minimale pour pourvoir rapidement les postes vacants.

Le Sommet mondial sur les enseignant·e·s s'appuie sur les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante, publiées il y a 18 mois. « Cette crise n'est ni inévitable ni irréversible. Elle exige une volonté politique et un investissement stratégique. Les recommandations fournissent la feuille de route nécessaire pour lutter contre la pénurie d'enseignants et enseignantes », souligne Mugwena Maluleke, président de l'Internationale de l'Éducation. « Il est maintenant temps d'aller au-delà des recommandations et de passer à l'action. Nous avons besoin que les gouvernements engagent des ressources et mettent en œuvre les recommandations. »

« Le message de l'Internationale de l'Éducation est sans équivoque : sans une action immédiate en matière de recrutement, de rétention, de bien-être professionnel et un véritable dialogue social qui respecte les enseignants et enseignantes en tant que professionnels, les objectifs mondiaux en matière d'éducation resteront lettre morte », ajoute Maluleke.

Les résultats de Santiago indiqueront si la communauté internationale considère l’enseignement public comme étant une priorité urgente et réalisable, ou comme une aspiration lointaine.

À propos de l'Internationale de l'Éducation

L'Internationale de l'Éducation (IE) est la fédération syndicale mondiale qui représente 33 millions d'enseignant·e·s et de travailleur·euse·s de l'éducation à travers 383 organisations membres dans 180 pays et territoires. L'IE est la voix de la profession enseignante dans le monde entier.

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