Mobilisation contre la misogynie et les violences basées sur le genre en milieu scolaire
16 Jours d'activisme contre la violence basée sur le genre
Alors que les cas de misogynie, de harcèlement et de violences envers les enseignantes se multiplient, l’Internationale de l’Éducation (IE) appelle à mettre en place une action coordonnée afin de garantir que les établissements scolaires demeurent des lieux sûrs pour les enseignantes et les étudiantes dans toute leur diversité.
« Les enseignantes rapportent une hausse de la misogynie, de la violence et du harcèlement de la part des élèves masculins. Il s’agit là d’une conséquence directe de la promotion et de la normalisation des normes toxiques et des stéréotypes de genre par l’extrême droite. L’Internationale de l’Éducation s’oppose fermement à toute forme de misogynie et aux violences qu’elle entraîne. »
Ann Mari Milo Lorentzen, membre du Bureau exécutif de l’IE, présidente du Comité de la promotion des femmes de l’IE
Recrudescence de la misogynie envers les enseignantes
Alors que le corps enseignant signale des niveaux importants de violence dans les écoles en général, les femmes y sont particulièrement vulnérables. Un récent sondage (lien en anglais) réalisé en Écosse par la NASUWT, une organisation membre de l’IE, a révélé que les enseignantes sont plus souvent victimes de violence physique et verbale que leurs collègues masculins.
Sur les 5 800 enseignantes et enseignants qui ont répondu à l’enquête sur le comportement à l’école :
- près de la moitié (49 %) des femmes avaient subi une agression physique de la part d’élèves au cours des 12 mois précédents, contre 36 % des hommes ;
- 27 % des enseignantes déclarent avoir été frappées ou avoir reçu des coups de poing, contre 13 % des enseignants ;
- 20 % des enseignantes rapportent avoir reçu des coups de pied, contre 8 % des enseignants ;
- 37 % des enseignantes signalent avoir été poussées par un ou une élève, contre 33 % des enseignants ;
- 12 % des enseignantes indiquent qu’on leur a déjà craché dessus, contre 4 % des enseignants ;
- 18 % des enseignantes affirment avoir subi des violences physiques plusieurs fois par semaine au cours de l’année écoulée, contre 6 % des enseignants ;
- 37 % des enseignantes assurent subir des violences verbales plusieurs fois par semaine en moyenne, contre 18 % des enseignants.
Une étude menée par le Colegio de Profesoras y Profesores, une organisation membre de l’IE au Chili (lien en espagnol) a également révélé que les enseignantes sont plus vulnérables à toute forme de violence que leurs collègues masculins. Des insultes aux violences physiques et sexuelles en passant par les menaces, les enseignantes rapportent des taux d’incidence supérieurs.
Les comportements et idéologies misogynes et sexistes expliquent sans aucun doute en partie cet écart entre les taux de violence subie par les enseignantes et par les enseignants.
Selon la BBC (lien en anglais), la majorité (61 %) des enseignant·e·s qui exercent depuis au moins cinq ans ont constaté une augmentation des comportements sexistes de la part des élèves depuis le début de leur carrière. Un tiers des 6 000 enseignant·e·s interrogé·e·s par la BBC a rapporté des faits de misogynie commis par les élèves au cours de la semaine précédente.
Les enseignant·e·s tirent la sonnette d’alarme concernant l’impact néfaste des influenceurs en ligne sur les garçons. « L’année dernière en cours d’anglais, raconte une participante de l’enquête de la NASUWT, sur une classe de 28 élèves de deuxième année de secondaire, quatre garçons ont choisi – malgré des tentatives de dissuasion – d’écrire une dissertation sur les raisons qui font qu’Andrew Tate serait la personnalité la plus remarquable de tous les temps, et applaudissaient notamment ses déclarations selon lesquelles les femmes seraient la propriété des hommes. Cette rhétorique et cette vision méprisante des femmes se reflètent dans le manque de considération et de respect auquel font face nombre de mes collègues féminines. »
Au Canada et en Australie (liens en anglais), le corps enseignant a fait part de préoccupations similaires. En Australie, si le sexisme et le harcèlement sexuel dans les écoles n’ont rien de nouveau, les enseignant·e·s affirment que la fréquence et la gravité de ces comportements se sont intensifiées depuis la fin du confinement. Par ailleurs, une étude menée dans le pays (lien en anglais) a montré que les enseignant·e·s qui signalent de tels comportements déplorent souvent un manque de soutien et de protection de la part de la direction de leur établissement. Dans certains cas, ces agissements ont même été considérés comme une conséquence de l’incapacité des femmes à gérer le comportement des élèves.
Ensemble pour la justice de genre dans l’éducation et au-delà
À l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et le début des 16 Jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, Ann Mari Milo Lorentzen, membre du Bureau exécutif de l’IE et présidente du Comité de la promotion des femmes de l’IE, a lancé un appel à l’action : « Nous réclamons un changement systémique. Les violences et le harcèlement fondés sur le genre sont entretenus par un système patriarcal misogyne qui affecte la vie de toutes les femmes et de toutes les filles. Rejoignez-nous et mobilisez-vous pour la justice de genre. »
L’Internationale de l’Éducation reste déterminée à faire en sorte que l’école demeure un lieu sûr qui protège l’esprit critique, la diversité, l’égalité et le respect. Il est crucial de venir à bout de la violence basée sur le genre en milieu scolaire, qui constitue une violation grave du droit des élèves à l’éducation et du droit des enseignantes et enseignants à des conditions de travail décentes.
En outre, l’IE continue de promouvoir la ratification et la mise en œuvre intégrale par tous les pays de la Convention no 190 de l’Organisation internationale du Travail, pour un monde du travail exempt de violence et de harcèlement.