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Uruguay : un exemple en termes de défense de l’enseignement public

Publié 22 août 2025 Mis à jour 24 septembre 2025

L’Uruguay a démontré qu’une forte tradition de syndicalisme et de dialogue social est à la base du maintien et de la défense d’un enseignement public de qualité. Lors de sa visite dans ce pays d’Amérique du Sud, à l’occasion de sa participation au Sommet mondial de l’UNESCO sur les enseignant·e·s, David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE), a exprimé son admiration et son respect pour la lutte de la profession enseignante en Uruguay.

M. Edwards a attiré l’attention sur plusieurs forces distinctives du paysage éducatif uruguayen, relevant notamment une profonde confiance citoyenne dans l’enseignement public et son corps enseignant : « Si je compare l’Uruguay à de nombreux autres pays, il me semble que la confiance qu’inspirent l’enseignement public et la profession enseignante au sein de la société elle-même surpasse ce que l’on peut voir dans beaucoup d’autres régions du monde ». Il a en particulier fait l’éloge du puissant mouvement syndical et du système d’enseignement public du pays.

Un enseignement public unique

« Pour moi, l’enseignement public uruguayen est unique, au même titre que le militantisme et la prise de conscience de l’unité du mouvement syndical, du fait que nous travaillons ensemble dans un projet qui vise à améliorer la situation. Pas seulement pour améliorer les salaires et le bien-être des enseignants et enseignantes, mais aussi pour faire avancer la démocratie, le pays », a déclaré M. Edwards, soulignant la vision holistique des syndicats uruguayens, qui va au-delà des seules revendications salariales.

Cette visite s’est concentrée plus particulièrement sur les avancées notables réalisées dans le cas du département de San José, où l’Internationale de l’Éducation se trouve engagée depuis quatre ans dans le soutien à six enseignant·e·s sanctionné·e·s pour avoir diffusé des photos contre la campagne en faveur du plébiscite « Vivir sin Miedo » (Vivre sans peur) en 2019. M. Edwards est revenu féliciter ses collègues à la suite du renversement de la situation, saluant le respect par le gouvernement en place des normes internationales du travail et des droits humains. Il a aussi rappelé que l’Uruguay figurait sur une « liste restreinte » de l’Organisation internationale du Travail qui reprend les pays confrontés à de graves problèmes en matière de droits humains, ce qui rend d’autant plus significative cette résolution positive.

L’Uruguay a également fait preuve d’une proactivité exceptionnelle à l’heure de relever les défis éducatifs mondiaux. Les organisations membres de l’IE en Uruguay ont traduit les 59 recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante en un plan d’action concret, démontrant, par-là, la force de leur engagement.

L’Uruguay, épicentre du changement pour un enseignement public de qualité

« Il s’agit du premier pays où notre campagne mondiale La force du public : ensemble on fait école a véritablement démarré, où elle a été prise au sérieux et déployée aux quatre coins du pays », a déclaré M. Edwards.

Les discussions ont également porté sur la proposition visant à la création d’une université de l’éducation, une initiative que M. Edwards a qualifiée de positive pour la revalorisation de la profession enseignante, a fortiori si elle s’accompagne de l’octroi de bourses aux étudiant·e·s.

Malgré ces avancées, des défis persistants subsistent, notamment en ce qui concerne l’investissement dans l’éducation. D’où l’importance de la campagne « 6+1 » en faveur du financement de l’éducation, qui continue de viser l’objectif de 6 % du PIB largement recommandé par les agences internationales comme seuil minimum d’investissement dans l’enseignement public.

« Je ne cesse d’apprendre des gens avec qui j’ai des échanges dans les syndicats uruguayens. Leur capacité critique et leur participation démocratique sont reconnues de par le monde », a déclaré M. Edwards.

La visite de David Edwards met en évidence la position unique qu’occupe l’Uruguay au sein du paysage éducatif mondial, se distinguant par un engagement fort en faveur de l’enseignement public, un mouvement syndical actif et unifié, et une approche proactive à l’heure de relever les défis. Alors que le monde entier est en proie à des problèmes tels que la pénurie de personnel enseignant et le manque de financement, l’Uruguay apparait comme une source d’inspiration et d’exemples concrets de progrès.