France : front commun syndical massif pour combattre l’austérité et défendre un enseignement de qualité et inclusif
A l’appel d’une intersyndicale, les éducateur∙trice∙s français∙es ont manifesté massivement le 18 septembre contre les pistes de budget présentées le gouvernement de François Bayrou, à présent démissionnaire à la suite du refus de l’Assemblée nationale de lui accorder sa confiance. Il∙elle∙s ont dénoncé les mesures présentées comme « brutales, injustes et inefficaces alors que des solutions existent en intégrant les plus hauts revenus comme la contribution des entreprises ».
Opposition claire à des mesures budgétaires brutales
Dans son communiqué de presse du 29 août, l’intersyndicale Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT), Force ouvrière (FO), Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC), Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), Solidaires, et Fédération syndicale unitaire (FSU), a estimé que « les différentes mesures budgétaires avancées sont d’une brutalité sans précédent ».
Les organisations syndicales ont également indiqué refuser « que ce soient encore les travailleuses et travailleurs, les demandeurs d’emploi, les jeunes et les retraité·es qui payent la facture, à la fois financièrement, mais aussi par une flexibilité accrue. »
Revendications syndicales
Elles ont par conséquent demandé :
- Les moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques ;
- Des mesures pour lutter contre la précarité et renforcer la solidarité ;
- Des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France et des mesures contre les licenciements ;
- La justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, contraignent le versement des dividendes et conditionnent fortement les aides aux entreprises ;
- Une protection sociale de haut niveau et l’abandon de la retraite à 64 ans.
SNES-FSU : une première étape qui en appelle d’autres, car la colère est grande
Pour le Syndicat national des enseignements du second degré-FSU (SNES-FSU), « la journée d’action du 18 septembre est nécessairement le point de départ d’un mouvement social qui s’ancre dans la durée pour gagner une rupture claire avec les orientations budgétaires qui ont prévalu jusqu’ici ». Le syndicat a ajouté s’engager « à poursuivre la mobilisation en construisant dans les plus brefs délais les conditions pour une grève réussie de plusieurs jours ».
Annonçant avoir comptabilisé 45% de grévistes dans les collèges et lycées, il a ajouté que la forte mobilisation « témoigne d’une profonde colère face aux conditions de rentrée, au déclassement salarial et à la mise à mal de l’École Publique en particulier par les politiques menées depuis 2017 ».
SNUipp-FSU : pour un autre budget qui réponde à l’exigence de justice sociale, fiscale et écologique
Selon le syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC-FSU (SNUipp-FSU), « la nomination de Sébastien Lecornu traduit la volonté du Président de poursuivre son projet austéritaire et injuste et montre qu’il n’y a aucune inflexion à attendre de sa politique ».
Le syndicat a appelé à rejoindre les mobilisations et à se mettre massivement en grève le 18 septembre « pour imposer un autre budget qui réponde à l’exigence de justice sociale, fiscale et écologique ».
Il a également cité cinq raisons de faire grève : dire stop à l'austérité – le budget pour 2026 prévoit 43,8 milliards d’euros de coupes, alors que les plus riches et les multinationales continuent de bénéficier de 308 milliards de cadeaux fiscaux depuis 2017 –, défendre les salaires et les droits des salarié∙e∙s, exiger plus de moyens pour l’école, défendre l’école inclusive et les personnels de soutien à l’éducation, et rappeler que d’autres solutions existent – comme la suppression de certaines niches fiscales (17 à 19 milliards d’euros) ou la mise en place d’un impôt sur la fortune (10 à 15 milliards d’euros).
UNSA Éducation : les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit !
Reconnaissant que « les mesures présentées pour le budget sont inacceptables et d’une brutalité sans précédent » et que « le gouvernement a choisi encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades », l’UNSA Éducation a aussi appelé ses membres à rejoindre la mobilisation du 18 septembre et alerté sur « la situation de notre pays qui s’enfonce dans une profonde crise sociale et démocratique »
CFDT : les exigences sociales doivent être enfin prises en compte
« Leur premier vécu de la rentrée, c’est une rentrée sous contrainte budgétaire, et cela se voit », a confié Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.
De son côté, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT aexplqyé qu’« un mouvement social ça ne se décide pas sur un coup de tête. Avec la date du 18 nous voulons offrir un espace d’expression aux travailleurs exaspérés et envoyer un message clair: le monde du travail ne veut pas être le seul à payer la dette. »
Satisfaction et vigilance syndicales
Dès le 19 septembre, l’intersyndicale s’est félicitée de la mobilisation massive du 18 septembre, qui selon elle témoigne « d’une forte colère sociale face aux politiques d’austérité ».
Les organisations syndicales exigent désormais l’abandon du projet de budget et des réformes injustes et « l’adoption de mesures en faveur de la justice fiscale, de la protection sociale, de la transition écologique et de la revalorisation du travail ».
Elles ont d’ores et déjà annoncé que si le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu n’a pas répondu à leurs revendications au 24 septembre, elles se retrouveront pour décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations.
Solidarité syndicale européenne et internationale
Exprimant sa solidarité avec les enseignants en grève contre l’austérité en France, la région européenne de l’Internationale de l’Éducation, le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), a insisté sur le fait que les éducateur∙trice∙s de France « dénoncent l’aggravation de la pénurie d’enseignants, la dégradation de leurs conditions de travail et le manque de soutien pour une école véritablement inclusive ».
Il a rappelé que « cette mobilisation s’inscrit dans une contestation plus large du projet de budget 2026 du gouvernement, qui prévoit 43,8 milliards d’euros de coupes. Les enseignants et autres salariés rejettent ces mesures d’austérité qui affaiblissent les services publics et fragilisent l’école. »
Le directeur du CSEE, Jelmer Evers a ajouté que:
« le CSEE et ses membres rejettent l’austérité. Nous appelons les gouvernements européens à renoncer aux coupes budgétaires, à investir dans l’éducation et à valoriser la profession enseignante. C’est en respectant et en soutenant les enseignants que nos sociétés pourront garantir des systèmes éducatifs solides, inclusifs et démocratiques. »
Dans la droite ligne de sa campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », l’Internationale de l’Éducation demande aux autorités publiques française de renoncer à un budget d’austérité pour financer pleinement un enseignement public de qualité et la profession enseignante.