Ensemble pour les enseignant·e·s, ensemble pour demain :une Journée mondiale des enseignant·e·s chargée d’émotion en Palestine
La Journée mondiale des enseignant·e·s de cette année a marqué un moment historique et profondément émouvant : à cette occasion, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation s’est rendu en Palestine pour exprimer sa solidarité avec le Syndicat général des enseignant·e·s palestinien·ne·s (General Union of Palestinian Teachers, GUPT) et les éducateur·trice·s qui s’efforcent de maintenir l’unité de leur communauté face à l’occupation, au défaut de salaire et aux difficultés extrêmes.
« Pour la toute première fois, je célèbre la Journée mondiale des enseignants et enseignantes en dehors du cadre habituel des Nations Unies », a déclaré David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE). « Je tenais tout particulièrement à venir en Palestine pour être aux côtés du Syndicat général des enseignant·e·s palestinien·ne·s et marquer cette occasion en rendant hommage à leurs efforts incroyables et au soutien qu’ils apportent aux enseignants et enseignantes et aux élèves à travers toute la Palestine. »

Depuis plus de 14 mois, les enseignant·e·s palestinien·ne·s travaillent pour seulement 50 % de leur salaire – un sacrifice qu’ils font par solidarité avec leur communauté, alors que le gouvernement israélien continue de retenir les recettes fiscales publiques. Malgré ces épreuves, leur engagement en faveur de l’éducation de leurs élèves ne faiblit pas.
Au cours de sa visite, M. Edwards s’est rendu dans des écoles et des centres de formation des enseignant·e·s à Bethléem ainsi qu’à l’université al-Qods, de l’autre côté du mur de séparation de Jérusalem. « Les difficultés qu’ils endurent, leur dévouement et leur dignité sous l’occupation sont une leçon pour nous tous et toutes », a déclaré M. Edwards, ajoutant que « je voulais leur rendre hommage ainsi qu’à ceux et celles que nous avons perdus à Gaza, mais les mots ne suffisent pas pour décrire un tel affront à l’humanité. Parfois, au-delà des paroles et des déclarations, nous devons simplement être là les uns pour les autres. »
La célébration officielle de la Journée mondiale des enseignant·e·s à Ramallah a débuté avec une conférence de presse présidée par le ministre de l’Éducation, M. Amjad Barham, en présence du vice-ministre M. Nafieh Assaf et du président de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), M. Refat Sabbah. Après une réunion avec le comité exécutif du GUPT, la journée s’est poursuivie par une cérémonie marquant la Journée mondiale des enseignant·e·s, au théâtre historique de Ramallah. Cet événement, organisé par le gouverneur de la ville, a rassemblé plus de 200 dirigeant·e·s du GUPT, outre les ambassadeurs d’Égypte, de Jordanie et de Finlande, ainsi que des représentant·e·s de l’UNESCO et d’autres personnalités internationales.
La délégation a également rencontré le Premier ministre Mohammad Mustafa, qui a fait part de sa vision de l’éducation en Palestine. Le Premier ministre a réaffirmé son engagement à faire progresser l’éducation, mettant particulièrement l’accent sur l’investissement dans la profession enseignante en tant que pilier central de sa vision d’un avenir où l’innovation et l’ingéniosité sont les plus grandes exportations de la Palestine.
L’Internationale de l’Éducation défend depuis longtemps les droits des éducateur·trice·s dans les zones de conflit. Aussi, le thème de cette année, « Ensemble pour les enseignant·e·s, ensemble pour demain », a-t-il trouvé un écho profond en Palestine, où l’espoir d’un cessez-le-feu et d’un accord de paix dans la région, ainsi que la reconstruction de l’éducation, figurent au cœur des préoccupations et commencent à faire leur chemin. Lors de la cérémonie, les étudiant·e·s ont présenté un spectacle saisissant dans lequel il·elle·s ont fait appel à l’art pour exprimer la douleur de la guerre et l’indifférence du monde entier. « Je tiens à remercier chaleureusement les étudiants et étudiantes qui ont démontré le pouvoir des arts pour transmettre des messages complexes et douloureux », a ajouté M. Edwards.

À la lumière de la destruction catastrophique de 95% de l’infrastructure éducative par les bombardements israéliens et du massacre de plus de 1.000 enseignant·e·s et de 64.000 enfants à Gaza au cours des deux dernières années, il existe un impératif moral urgent de reconstruire le système éducatif à Gaza et dans toute la Palestine.
L’un des temps forts de la journée a été la reconnaissance de dix éducatrices d’adultes et formatrices d’enseignant·e·s exceptionnelles, sélectionnées parmi plus de 1.000 jeunes femmes qui ont suivi un programme d’éducation axé sur l’apprentissage socio-émotionnel, la résilience et la pédagogie orientée sur les traumatismes. Ce programme fait partie d’une formation développée par le GUPT avec le soutien du fonds de solidarité de l’IE. « Passer une petite heure avec elles a été un immense honneur », a expliqué M. Edwards, qui a salué Hilmi Hamdan pour son leadership dans le programme.
La journée s’est achevée par de nombreux engagements médiatiques, permettant au message de l’IE d’atteindre directement les parents, les élèves et les enseignant·e·s à travers le pays. « Cette expérience me marquera certainement pendant très longtemps, mais je sais d’ores et déjà que le privilège d’être ici, parmi le peuple courageux, bienveillant, généreux et résilient de Palestine, m’a changé à jamais et m’a comblé d’humilité », a ajouté M. Edwards.
Alors que le monde continue d’être aux prises avec des conflits, des guerres et des crises, la présence de l’Internationale de l’Éducation en Palestine à l’occasion de cette Journée mondiale des enseignant·e·s nous rappelle avec force que la solidarité, la dignité et l’espoir doivent rester au cœur des efforts mondiaux en matière d’éducation.