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Le Pacte mondial des Nations Unies sur les migrations doit accorder la priorité aux travailleurs/euses et aux droits en matière d’éducation

Publié 1 août 2017 Mis à jour 2 août 2017

L’Internationale de l’Education a lancé un appel afin que les droits humains, syndicaux et en matière d’éducation des enfants migrants, des enseignant(e)s et du personnel de soutien à l’éducation soient placés au cœur d’un nouveau Pacte mondial des Nations Unies sur les migrations.

Garantir une approche fondée sur les droits

Dans son allocution à l’occasion d’un colloque interactif, le représentant de l’Internationale de l’Education (IE) Dennis Sinyolo a appelé l’ONU et les gouvernements à veiller à ce que le nouveau Pacte mondial soit ancré dans les traités actuels consacrant les droits humains. Il a fait valoir que les pactes, les conventions et autres instruments des Nations Unies s’appliquaient à tous les êtres humains, y compris les migrant(e)s.

Sinyolo a contesté l’idée de pacte volontaire, soutenant que « la proposition d’un Pacte mondial non contraignant ne dispense pas les Etats membres de l’ONU de leur obligation d’assurer la pleine mise en œuvre des traités des Nations Unies en matière de droits humains existants ».

Il a ajouté que les gouvernements devraient ratifier et mettre en œuvre pleinement la Convention internationale sur la protection des droits de tou(te)s les travailleurs/euses migrant(e)s et des membres de leur famille ainsi que les conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT) en matière de migrations. « Les travailleurs migrants devraient jouir des mêmes droits, modalités et conditions d’emploi que les travailleurs locaux, y compris la liberté syndicale, le droit d’organisation et la négociation collective », a-t-il souligné.

Il a du reste insisté sur la nécessité pour le Pacte mondial d’accorder une attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des enfants migrants, en veillant à leur totale protection contre toutes les formes d’exploitation, y compris la traite des personnes, les abus sexuels et le travail des enfants.

S’attaquer aux causes profondes des migrations

Sinyolo a également déclaré que le Pacte mondial devrait s’attaquer aux causes profondes des migrations, à l’image des déséquilibres mondiaux en matière de développement économique, de la pauvreté, de l’instabilité politique, des conflits, du chômage et des changements climatiques.

« Le fait d’aborder ces facteurs endogènes permettra de s’assurer que la migration devienne une option et non plus une nécessité », a-t-il fait remarquer.

Réglementer les activités des agences de recrutement

Sinyolo a mis en relief le fait que la réglementation des activités des agences et des agents de recrutement pourrait largement concourir à une réduction des violations des droits humains, syndicaux et du travail des migrants, suggérant par ailleurs ce qui suit: « Conformément aux normes de l’OIT, les travailleurs migrants ne devraient pas avoir à acquitter de commissions de recrutement et la réglementation de l’industrie doit s’opérer sous la forme de normes obligatoires et effectivement appliquées, plutôt qu’en faisant appel à des programmes volontaires qui se soldent trop souvent par des échecs. »

Assurer l’accès à une éducation de qualité et à d’autres services publics

Le représentant de l’IE a également souligné que les migrant(e)s ne devraient jamais se voir refuser l’accès à l’éducation et à d’autres services publics tels que la santé, ni même à la justice, en raison de leur statut d’immigré(e)s. Il a proposé de « bâtir un pare-feu entre les services publics et le contrôle de l’immigration, en particulier pour les sans-papiers, qui sont les plus vulnérables ».

Réaffirmant le rôle clé de l’éducation dans la lutte contre la xénophobie, le racisme et la discrimination, et dans la promotion de la tolérance, du respect, de la compréhension interculturelle et de la citoyenneté mondiale, il a ajouté que les enseignant(e)s et les éducateurs/trices au sein des pays de destination et de transit devraient être formé(e)s et soutenu(e)s pour répondre aux besoins spécifiques des enfants de migrant(e)s. Il a également encouragé les gouvernements à élaborer et mettre en place des mécanismes efficaces d’accréditation et de reconnaissance des qualifications des enseignant(e)s et du personnel de soutien à l’éducation migrant(e)s.

Contexte

Cet appel a été lancé lors d’un colloque pluripartite sur les migrations, convoqué par le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, Etats-Unis, le 26 juillet. Ce colloque s’inscrivait dans le cadre du processus préparatoire de la Conférence intergouvernementale sur les migrations internationales, visant à adopter le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, qui sera convoquée par l’ONU en 2018. Étaient présent(e)s des représentant(e)s des Etats membres des Nations Unies, de la société civile, du secteur privé et du milieu universitaire.

Dans son allocution d’ouverture, le Président de l’Assemblée Générale Peter Thomson a rappelé aux participant(e)s la Résolution de l’ONU relative à l’adoption d’un Pacte mondial sur les migrations, ainsi que d’un Pacte mondial sur les réfugiés. Enfin, Thompson a fait savoir aux participant(e)s qu’il publierait une synthèse du colloque, destinée à servir de contribution en vue des négociations intergouvernementales sur le Pacte mondial sur les migrations.