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Internationale de l'Education
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Allemagne: Les enseignant(e)s ont une profession des plus stressantes

Publié 24 janvier 2013 Mis à jour 4 février 2013

Le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft (GEW) et le Verband Bildung und Erziehung(VBE), deux des affiliés allemands de l'IE, ont vivement réagi à des résultats de recherche indiquant que les enseignant(e)s, ainsi que les travailleurs/euses de la construction, sont plus stressé(e)s que d'autres professionnel(le)s. L'étude, menée par la confédération syndicale allemande, DGB, a été publiée le 18 janvier et montre que le stress sur le lieu de travail n'est pas limité à un groupe de travail spécifique.

Environ 56% des quelque 5.000 personnes interrogées se sont senties exposées à un stress important ou très important lié au travail en 2012. Cela représente une augmentation de 4% par rapport à l'année précédente. Environ 80% des travailleurs/euses se sont dit(e)s plus sollicité(e)s.

La DGB affirme que les employeurs ont créé cette situation et elle exige une législation contre un tel stress. Toutefois, les employeurs ont nié toute responsabilité.

Deux tiers des enseignant(e)s interrogé(e)s ressentent une pression au travail

Le stress est présent dans tous les domaines de travail, allant de l'informatique à la métallurgie: dans aucun secteur, il ne descend en-dessous de 46%. Jusqu'à 64% des cadres ont dit qu'ils/elles se sentaient sous pression en raison de leur charge de travail. Le stress est particulièrement répandu parmi les travailleurs/euses de la construction et les enseignant(e)s: l'étude révèle que deux tiers d'entre eux/elles souffrent des contraintes horaires, se sentant pressé(e)s par le temps. En comparaison, les commerçant(e)s (29%) et les employé(e)s du service public (36%) sont relativement détendu(e)s.

En général, une augmentation de la charge de travail est associée à une augmentation de revenu.

DGB: les employeurs sont responsables de l'augmentation du stress

Les employeurs ne remplissent pas leurs obligations statutaires qui consistent à fournir de meilleures normes de protection de la santé, a dit Annelie Buntenback, membre du Bureau exécutif de DGB, lors du lancement de l'enquête. Elle a déclaré qu'il était « scandaleux » que les employeurs demandent à seulement 9% des effectifs à quels facteurs de stress psychologique ils étaient confrontés sur le lieu de travail. Une déclaration commune de la DGB, du Ministère fédéral de l'emploi et de l'Organisation fédérale allemande des employeurs (BDA) sera publiée le 29 janvier, en faveur d'une stratégie visant à assurer la santé mentale sur le lieu de travail.

GEW: des idées fausses à propos de l'intensité de travail des enseignant(e)s

« Des préjugés et des idées fausses à propos du travail des employés dans l'enseignement et l'éducation au sens large sont toujours largement répandus, notamment l'idée erronée que, parce que les enseignants ont des vacances fréquentes, des mesures pour la santé et la sécurité au travail ou même la promotion ou la prévention de la santé sont inutiles », a dénoncé Anne Jenter, membre du Bureau exécutif de GEW.

La publication de la DGB indique qu'il s'agit d'idées fausses. Jenter a dit qu'en Allemagne, la Loi sur la sécurité au travail exige que les employeurs effectuent des évaluations des risques. L'évaluation des risques implique de déterminer les risques pour la santé sur le lieu de travail pour chaque employé(e), les mesures à prendre en matière de santé et de sécurité au travail, et d'assurer le suivi et l'évaluation de ces mesures. C'est la procédure requise pour améliorer les conditions de travail, avec la participation des travailleurs/euses.

« Le mauvais équilibre entre le travail et la vie privée d'un grand nombre de personnels de l'éducation implique un stress constant », a-t-elle dit. « Les résultats de l'étude de 2011 pour les employés du secteur de l'éducation sont bien au-dessus de la moyenne, en comparaison avec d'autres secteurs de travail. La somme des tâches réalisées en-dehors des heures de travail est particulièrement importante, à savoir presque quatre fois plus élevée que pour la moyenne des employés de tous les secteurs visés par l'enquête. »

« Un bon travail a un prix dans le domaine de l'éducation et de la science », a noté Jenter. Des ressources adéquates pour la mise en œuvre de mesures de santé et de sécurité au travail pour les travailleurs/euses de l'éducation et de la science doivent être déterminées par la loi dans les budgets des états fédéraux individuels, des municipalités, des universités et des institutions de recherche.

VBE: De meilleures conditions sont nécessaires

« La politique éducative actuelle a des effets préjudiciables sur la santé des enseignants », a expliqué Udo Beckmann, le Président du VBE. « Le VBE se bat pour des écoles exemptes de frustration et de stress. L'apprentissage est meilleur dans une école saine. La qualité de l'enseignement et la santé des enseignants sont interdépendantes et doivent en fin de compte être traitées comme une seule et même question par les pouvoirs décisionnels et les employeurs. »

Il a ajouté que: « La politique a le beau rôle, en déterminant arbitrairement différentes obligations d'enseignement pour les différents types d'éducation. Toute tâche donnée en plus des devoirs d'enseignement est une attaque contre la qualité de l'enseignement et la santé des enseignants. Améliorer les cours et s'intéresser davantage aux étudiants requiert des conditions adéquates à l'école. »

Le VBE exige une offre adéquate d'enseignant(e)s, y compris pour l'enseignement spécial, de travailleurs sociaux, de psychologues, de secrétaires et de concierges en milieu scolaire. Dans chaque école, il doit y avoir un espace pour les enseignant(e)s, où ils peuvent calmement se retirer. Les écoles offrant l'expertise de différentes professions doivent devenir la norme.

« Enseigner jusqu'à l'épuisement ne peut jamais être une option pour améliorer les écoles! », a dit Beckmann.

CSEE: Le préjudice causé indirectement aux élèves

« La sécurité et la santé des enseignants est une priorité de la région européenne de l'IE, le Comité syndical européen de l'éducation (CSEE) », a dit Martin Rømer, le Directeur du CSEE. « Nous considérons qu'une école doit être un endroit sûr, sain et propice pour l'enseignement et l'apprentissage. »

Rømer a souligné que « les problèmes relatifs à la santé et à la sécurité au travail peuvent être nuisibles, non seulement pour les enseignants et autres personnels de l'éducation, mais qu'ils pouvaient aussi indirectement être préjudiciables pour les élèves et mettre en danger la qualité de l'éducation dispensée. C'est pourquoi nous soutenons les actions de nos collègues allemands visant à réaliser des changements concrets. »

Les organisations membres du CSEE ont élaboré des directives pratiques et échangé des exemples de bonnes pratiques concernant l'établissement de systèmes d'évaluation des risques, y compris les risques psychosociaux, au niveau national et des écoles.

Un projet du CSEE sur le stress au travail a été entamé afin de poursuivre et d'approfondir le travail que le CSEE a accompli à ce sujet jusqu'à présent. En 2010, le CSEE a commencé un projet de recherche à l'échelle européenne visant à rassembler des informations et des faits concrets sur le stress au travail parmi les enseignant(e)s. En mai 2011, une enquête a été lancée pour rassembler des données concernant l'impact des risques psychosociaux sur les enseignant(e)s. Les enseignant(e)s de cinq cents écoles (de base) de tous les pays de l'UE/AELE étaient invité(e)s à participer à l'enquête. Rømer a souligné que cette enquête confirme les conclusions de l'étude allemande.

La Conférence du CSEE de 2012 a également  adopté un Document d’orientation politique du CSEE sur le stress lié au travail, et les organisations membres du CSEE, y compris le GEW, ont pris des engagements vis-à-vis de ce dernier.

La Brochure du projet du CSEE sur le stress lié au travail des enseignants peut être téléchargée ici

Le site web sur la santé et la sécurité des enseignant(e)s au travail peut être trouvé ici