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Internationale de l'Education
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Norvège: à l'heure de la rentrée scolaire, la grève des enseignant(e)s s'intensifie

Publié 25 août 2014 Mis à jour 27 août 2014

Alors que les élèves reprennent le chemin de l'école, la Norvège compte désormais près de 7.800 enseignant(e)s en grève, une hausse considérable qui démontre que les éducateurs/trices ne feront pas marche arrière de sitôt.

La grève de l' Union of Education Norway(UEN), suivie au départ par une poignée d'enseignant(e)s, ne montre aucun signe d'apaisement. En effet, alors que les vacances d'été arrivent à leur terme, de nombreux membres continuent de rejoindre le mouvement.

« Cette situation particulièrement grave est en partie due au nouveau modèle d'organisation du temps de travail des enseignantes et enseignants réclamé par les organisations d'employeurs (municipalités et comtés) », a déclaré Ragnhild Lied, Présidente de l'UEN et membre du Bureau exécutif de l'Internationale de l'Education (IE).

L'une des propositions rejetées par les enseignant(e)s exige que ces derniers/ères soient présent(e)s dans leur établissement au moins 7,5 heures par jour de travail, et demande l'abolition de l'accord central qui réglemente le nombre maximum d'heures d'enseignement par an. En outre, les employeurs veulent également pouvoir gérer chaque heure de présence des enseignant(e)s dans les écoles, abolissant de la sorte les réglementations actuelles qui permettant aux enseignant(e)s de consacrer du temps à la planification, à l'évaluation et aux préparations.

Malgré le compromis accepté en mai dernier, les membres de l'UEN se sont fortement prononcés contre ces propositions (73 pour cent), à l'occasion d'un référendum historique auquel plus de deux tiers des membres ont participé.

L'autonomie des enseignant(e)s revêt une importance cruciale

Selon le syndicat, la confiance constitue le nœud du conflit. Aux yeux des enseignant(e)s, si les employeurs veulent leur faire passer 7,5 heures par jour sur leur lieu de travail, c'est parce qu'ils n'ont pas confiance en leur professionnalisme. Le syndicat est convaincu que les enseignant(e)s doivent pouvoir gérer eux-mêmes une partie de leur temps de travail, dans la mesure où les tâches et responsabilités qui incombent à la profession requièrent une certaine flexibilité.

« Ces derniers temps, nous avons également observé une tendance à confier de nouvelles responsabilités et des tâches supplémentaires aux enseignantes et enseignants. Ces derniers peuvent dès lors consacrer moins de temps à certaines questions professionnelles et à l'enseignement », a souligné Ragnhild Lied. Ces nouvelles responsabilités comprennent notamment des tâches administratives, de nettoyage et de conciergerie.

Selon l'UEN, les enseignant(e)s craignent également que la charge des tâches non vouées à l'enseignement n'augmente, s'ils sont contraints de passer plus d'heures de travail dans leur établissement scolaire. Pour offrir une éducation de qualité, il est important de laisser les enseignant(e)s être de véritables enseignant(e)s.

« Nous avons contacté d'autres organisations membres de l'IE afin d'en savoir plus sur la façon dont les heures de travail des enseignantes et enseignants sont réglementées dans d'autres pays ayant des systèmes et des cultures scolaires comparables aux nôtres », a indiqué Ragnhild Lied. « Nous espérons pouvoir apprendre et débattre de ces questions avec nos collègues d'autres pays, et continuer de nouer des alliances solides par-delà les frontières pour défendre la liberté professionnelle et offrir une éducation de qualité à chaque enfant. »

IE: des enseignant(e)s de qualité, véritables piliers d'une éducation de qualité

« L'IE soutient l'UEN dans sa lutte visant à garantir un accès équitable à une éducation de qualité pour toutes et tous », a déclaré le Secrétaire général de l'IE, Fred van Leeuwen. « Pour nous, il est crucial de reconnaître le professionnalisme des enseignantes et enseignants. D'autre part, des enseignantes et enseignants qualifiés et pouvant bénéficier d'une formation en cours de service s’avèrent plus qu’essentiels. Notre campagne Uni(e)s pour l'éducation souligne en outre que des systèmes éducatifs de qualité reposent sur des enseignantes et enseignants de qualité, ainsi que sur des outils et des environnements d'enseignement et d'apprentissage de qualité. »