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Internationale de l'Education
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Canada: une fusillade dans une école lève le voile sur des problèmes qui dépassent le cadre des salles de classe

Publié 25 janvier 2016 Mis à jour 28 janvier 2016

La fusillade survenue à La Loche, en Saskatchewan, ne représente pas uniquement une tragédie pour une communauté, mais souligne une nouvelle fois encore la nécessité de disposer d’établissements scolaires et d’enseignant(e)s de qualité dans les régions rencontrant des difficultés sur le plan social.

La fusillade de vendredi, qui a causé la mort de quatre personnes et en a blessé sept autres, a mis en lumière les problèmes sociaux profondément et depuis longtemps enracinés dans l’histoire de cette ville située au nord de la province de Saskatchewan.

Le tireur – un jeune homme âgé de 17 ans, qui doit comparaître devant le tribunal lundi 25 janvier – a été accusé du meurtre de deux adolescents à leur domicile et de deux enseignant(e)s au lycée communautaire de La Loche.

L’une des victimes, Adam Wood, âgé de 35 ans et originaire de l’Ontario, avait commencé à enseigner dans cet établissement en septembre dernier, alors que l’assistante Marie Janvier, âgée de 21 ans, débutait tout juste sa carrière dans l'enseignement.

« Nous sommes de tout cœur avec chaque famille touchée par cette fusillade et avec toute la communauté de La Loche », a déclaré Heather Smith, la Présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Et d’ajouter: « En tant que syndicat, la FCE représente les enseignant(e)s qui, chaque jour, travaillent et tissent des liens avec les jeunes. Nous appelons les dirigeant(e)s du gouvernement, ainsi que les organisations communautaires et nationales, à nous rejoindre afin d’empêcher que ce type de tragédie ne se reproduise et que les écoles deviennent ainsi des havres de paix pour tous ».

Pour cette ville de 2.600 habitants, terre natale d’une communauté majoritairement autochtone bouleversée par des problèmes sociaux profondément enracinés, l’école représentait une lueur d’espoir. Désormais, si certains parlent de la démolir afin de pouvoir prendre un nouveau départ, il semble toutefois que cette solution ne résoudra pas les problèmes de la ville, notamment car d’autres domaines nécessitent également des ressources capitales. En raison du fléau de la toxicomanie qui s'accentue, de la population incroyablement jeune et du taux de chômage particulièrement élevé (la population active s'élève à 20 pour cent seulement), La Loche affiche un taux de suicide trois fois supérieur à la moyenne provinciale.

« Le décès d’Adam Wood et de Marie Janvier rend cette fusillade encore plus difficile à accepter, car ils étaient sans doute les mieux placés pour comprendre les défis auxquels font face leurs élèves et leur communauté », a déclaré Fred van Leeuwen, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education. « Nous souhaiterions exprimer nos plus sincères condoléances aux familles touchées par cette tragédie, ainsi qu'à l’ensemble de la communauté de La Loche. »

De précédents rapports concernant la ville ont également révélé une perte d’identité culturelle chez les Premières nations, dont la majorité est issue de la Nation Déné. En outre, les travailleurs/euses sociaux/ales de La Loche dénoncent un déclin majeur de la langue Déné: auparavant parlée par tous les enfants, peu d’entre eux connaissent aujourd'hui ne serait-ce que son existence. Cette érosion de l’héritage culturel, associé à des maux économiques et sociaux chroniques, a plongé La Loche et ses habitant(e)s dans le désespoir.

Les autorités fédérales et provinciales se sont rapidement engagées à remédier à ces problèmes, négligés depuis bien trop longtemps. Les défis économiques auxquels est confrontée la ville de La Loche remontent au déclin du commerce de la fourrure. Avec un revenu moyen de 17.320 $ CAD, à savoir près de 12.000 $ de moins que la moyenne provinciale, cette communauté autrefois très peu connue espère que cette tragédie lui apportera dans son sillage la bouée de sauvetage qu’elle attendait depuis longtemps.