Ei-iE

Résolution sur Unis pour une plus grande justice sociale

Publié 25 juillet 2007 Mis à jour 31 mars 2017

Le 5e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Berlin (Allemagne) entre le 22 et le 26 juillet 2007,

1. Réitère son engagement contenu dans les objectifs de l'Internationale de l'Education de "promouvoir pour tous les peuples et dans toutes les nations la paix, la démocratie, la justice sociale et l'égalité" ;

2. Considère qu'une société socialement juste est une société dans laquelle tous les individus sont libres et égaux et vivent ensemble en paix dans un esprit de tolérance et de respect mutuels, jouissant d'une indépendance économique, d'une liberté d'expression et de convictions, étant libres de s'associer à des partis politiques et associations de la société civile, ayant la possibilité d'accéder à des services publics de qualité comprenant l'éducation, la santé, l'eau, les installations sanitaires et les transports, bénéficiant d'un droit au logement suffisant et ayant un droit égal d'accéder et de participer aux structures de gouvernance démocratique de la société ;

3. Note que le mouvement syndical joue un rôle clé dans la promotion de la justice sociale dans toutes les parties du monde et que l'action syndicale collective a apporté par le passé et apportera à l'avenir des améliorations dans les conditions de vie et de travail de tous les travailleurs et de leur famille ;

4. Affirme que la mise en oeuvre du droit à l'éducation est une clé de la réalisation de la justice sociale dans le monde, mais constate malheureusement, que trop d'enfants et d'adultes, plus particulièrement les groupes de personnes désavantagées et vulnérables comme les jeunes filles, les femmes, les personnes aux capacités réduites ou différentes, LGBT, les autochtones et les groupes tribaux ainsi que les minorités ethniques, les migrants sont privés de leurs droits à une éducation publique gratuite et de qualité ;

5. Constate un fossé inacceptable de plus en plus large dans la distribution des richesses, des revenus et des interventions publiques au sein même des pays et entre les pays ;

6. Souligne le laxisme des États et des institutions internationales face à la concurrence fiscale dommageable - régimes fiscaux préférentiels et paradis fiscaux - qui se traduit par une érosion des ressources disponibles pour le financement suffisant et équitable de l'éducation publique ;

7. Note que malgré l'adoption en 2000 du Plan d'Action de Dakar sur l'Education pour Tous et des Objectifs de Développement du Millénaire, l'absence d'éducation et de formation empêche encore toujours des millions de gens d'avoir un emploi décent avec un niveau de salaire qui leur permette d'assurer un meilleur avenir à leurs enfants. L'éducation permet aux gens d'améliorer leur situation économique et sociale et leur niveau de santé et renforce leurs chances de croissance économique. Un monde globalisé, en évolution rapide, offre moins de sécurité et n'apportera plus de liberté que si l'éducation permet une orientation dans le contexte de la diversité culturelle. Le fait qu'à l'heure actuelle, plus de 110 millions d'enfants dans le monde ne puissent pas fréquenter l'école est scandaleux. Bien que le nombre d'enfants scolarisés augmente toujours de manière remarquable, dans de nombreuses régions, la qualité de l'éducation et la réussite de l'apprentissage demeurent inadéquates. Les infrastructures appropriées et des enseignants bien formés font défaut ;

8. Déplore que de trop nombreux éducateurs se voient refuser la justice sociale, à cause d'emplois qui sont de plus en plus précaires et temporaires, de salaires bas et payés très irrégulièrement, de faible montant d'allocation de chômage et de politiques de protection sociale déficientes, voire inexistantes ;

9. Déplore que dans certains pays, les éducateurs n'aient pas le droit de s'affilier à des syndicats et /ou se trouvent exposés au harcèlement, à une détention arbitraire, à des conditions de travail injustes, au licenciement ou parfois même à la mort en raison de leur affiliation syndicale ;

Partenariats entre Public et Privé

10. Déplore que les délocalisations mondiales dans le secteur du commerce, des services et de l'industrie soient de plus en plus utilisées par les dirigeants d'entreprises et que l'un de leurs effets soit de réduire de façon significative les ressources financières dont disposent les gouvernements pour des services publics de qualité ;

11. Souligne que dans le contexte de la diminution des budgets dont se dotent les Etats pour les services publics, il est important pour le mouvement syndical de s'opposer au rejet des politiques collectives qui visent à promouvoir la protection sociale et de la santé en faveur de programmes privés payés individuellement par les travailleurs ;

Education et Justice sociale

12. Souligne que la justice sociale et l'équité requièrent des politiques actives pour éliminer les discriminations basées sur la race, le genre, l'âge, les origines sociales, les croyances, les handicaps, le VIH/SIDA, l'orientation sexuelle ou l'adhésion à un parti politique ou à un syndicat ;

13. Souligne que la réalisation de la justice sociale et d'un enseignement public de qualité nécessite une coopération effective entre les syndicats d'enseignants et leurs alliés des organisations de la société civile ;

14. Réaffirme que les enfants ont des droits fondamentaux ancrés dans la Convention des Droits de l'Enfant et ses protocoles sur les enfants dans les conflits armés, sur le travail des enfants, la prostitution et la pornographie enfantines, ainsi que dans d'autres documents contraignants au niveau international ;

15. Réaffirme que les syndicats comptent parmi les institutions importantes des sociétés démocratiques, qui ont un rôle à jouer dans la promotion de la justice sociale, surtout quand il y a reconnaissance démocratique des droits sociaux et des droits à l'emploi ainsi qu'au dialogue social ;

16. Réaffirme que le mouvement syndical doit mobiliser ses forces pour aider à réaliser l'objectif du Millénaire de l'éradication de la pauvreté ;

17. Réaffirme que l'Internationale de l'Education et ses organisations membres ont une responsabilité particulière dans la contribution aux Objectifs de Développement du Millénaire concernant le VIH/SIDA, les questions de dimension de genre et l'EPT ;

18. Affirme que malgré des efforts considérables de certains gouvernements, même l'éducation primaire universelle pour tous pourrait ne pas être une réalité d'ici 2015, en raison du manque d'initiatives et de fonds de nombreux gouvernements, même si tous se sont engagés en 2000 à réaliser ces objectifs ;

19. Regrette que dans les pays où l'éducation primaire est censée être financée par des programmes de l'initiative PPFE (pays pauvres fortement endettés), l'Initiative Fast Track et d'autres initiatives internationales de financement, le transfert des fonds respectifs pour l'éducation primaire n'a pas été réalisé à ce jour de manière significative ;

20. Demande que la réalisation de l'Education pour Tous (EPT) d'ici 2015 devienne une réalité et que des mécanismes de contrôle transparents et vérifiables soient instaurés par les institutions internationales, les donateurs et les communautés bénéficiaires et que les syndicats du secteur de l'éducation dans les pays concernés ainsi que les autres parties intéressées puissent être en mesure de jouer leur rôle dans le développement et la mise en oeuvre des programmes ;

En conséquence, le 5e Congrès de l'IE

21. Mandate le Bureau exécutif de préconiser des programmes favorisant l'éducation à la paix et la citoyenneté démocratique et d'encourager toutes les organisations membres à s'y engager. La protection de l'environnement et la campagne de lutte contre la pauvreté doivent devenir des options d'une économie mondiale orientée vers le bien-être des gens. Pour les personnes concernées, la pauvreté n'est pas uniquement synonyme de manque de revenus, mais aussi d'isolement, d'accès limité à l'éducation et aux soins de santé et d'exclusion de la participation démocratique. En conséquence, pour maîtriser la mondialisation, la clé du changement réside dans l'éducation. Elle permet de participer à la société et de donner aux gens les moyens d'assumer des responsabilités ;

22. Mandate le Bureau exécutif à inviter toutes les organisations membres à souscrire pleinement à l'agenda du « Travail décent » de l'OIT qui veut que « chaque femme et chaque homme puissent accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité » ;

23. Mandate le Bureau exécutif d'inviter tous les gouvernements à ratifier et à mettre en oeuvre les Conventions de l'OIT et à faire rapport sur la mise en oeuvre des Conventions: sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (Convention 87), sur l'application des principes du droit d'organisation et de négociation collective (Convention 98), sur l'interdiction des pires formes de travail des enfants (Convention 182), sur l'Âge minimum (Convention 138), sur l'Egalité de rémunération (Convention 100), sur la Discrimination (Emploi et profession (Convention 111), sur les Travailleurs ayant des responsabilités familiales (Convention 156) et sur la Protection de la maternité (Convention 183) ;

24. Mandate le bureau exécutif afin d'intervenir pour que tous les enseignants, quel que soit le type d'école où ils exercent, devraient bénéficier d'une protection en matière de sécurité sociale identique ou analogue. La protection devrait être étendue aux étudiants qui se préparent à la carrière pédagogique s'ils sont déjà employés dans l'enseignement d'une manière régulière, ainsi qu'aux enseignants qui effectuent leur période probatoire ;

25. Mandate le Bureau exécutif pour poursuivre avec une vigueur redoublée sa campagne pour l'ouverture, par les gouvernements, de l'accès à une éducation publique, gratuite et de qualité pour tous, tout au long de la vie ;

26. Mandate le Bureau exécutif de promouvoir la réalisation des objectifs de l'EPT et de la justice sociale malgré l'incertitude quant au respect des échéanciers adoptés

a. en renforçant les relations de travail avec les organisations de la société civile qui coopèrent avec la Campagne Mondiale pour l'Education (CME) aux niveaux national et international ;

b. en poursuivant l'engagement de l'IE comme moteur de la CME ;

c. en exerçant des pressions sur les grandes institutions financières internationales pour qu'elles fournissent un soutien financier adéquat aux programmes d'éducation et mettent en place les mécanismes nécessaires à la transparence et au suivi ;

d. en intervenant auprès des gouvernements des pays du G8 pour qu'ils tiennent leurs engagements;

27. Mandate le Bureau exécutif afin de développer des stratégies et des programmes effectifs pour réaliser l'agenda des Droits de l'enfant ; agenda qui devra inclure la prévention et l'éradication de toutes les formes de travail des enfants, l'amélioration de l'accès à une éducation de qualité pour tous les enfants, y compris ceux avec des besoins spéciaux, les réfugiés et les immigrés (qu'ils soient légaux ou clandestins) en oeuvrant à la promotion d'une approche de l'éducation basée sur les droits ;

28. Mandate le Bureau exécutif pour effectuer de concert avec les Global Unions, le travail de plaidoyer auprès des États et des institutions internationales - en particulier de l'OCDE - pour endiguer le phénomène de concurrence fiscale dommageable et favoriser un financement adéquat de l'éducation publique ;

29. Demande aux organisations membres dans l'OCDE et aux autres pays donateurs d'allouer une part nettement plus élevée de leurs dépenses de Coopération au Développement à l'éducation en général, et en particulier à l'enseignement primaire, et de souligner que les dépenses de tels fonds doivent être transparentes ;

30. Demande que les organisations membres définissent et promeuvent des méthodes d'éducation qui encouragent la recherche pacifique de solutions aux conflits, qui apportent un soutien aux enfants et aux jeunes ayant des besoins particuliers et des difficultés comportementales et qui découragent les méthodes didactiques scolaires basées sur les punitions ;

31. Demande que les organisations membres organisent des activités publiques, en particulier lors de la Journée Mondiale des Enseignants, d'afin de rendre hommage aux éducateurs et de promouvoir le statut et le bien-être du personnel éducatif, de même que lors d'activités dans le cadre de la Semaine Mondiale d'Action.