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RDC: un front syndical unitaire appelle à la grève suivie dans l’éducation

Publié 25 octobre 2018 Mis à jour 6 novembre 2018

Un appel commun par les cinq syndicats de l’éducation de la République démocratique du Congo les plus représentatifs annonce une grève qui devrait être massivement suivie dans l’enseignement du 5 au 12 novembre, manifestant le fort mécontentement des éducateurs/trices du pays.

Front syndical mobilisé et mobilisateur

La Centrale de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique (CSC-Enseignement), la Fédération nationale des enseignants du Congo (FENECO) et le Syndicat des enseignants du Congo (SYECO), tous trois affiliés à l’Internationale de l’Education (IE), ainsi que le syndicat national des enseignants des écoles catholiques (SYNECAT) et le Syndicat des enseignants du secondaire (SYES), qui couvrent à eux cinq une grande partie du territoire de la République démocratique du Congo (RDC) ont pris le temps de consulter leurs bureaux pour se mettre d’accord sur la date et le contenu des revendications. Le délai entre l’annonce de la grève, le 15 octobre, et la date de l’arrêt de travail sur toute l’étendue du pays a été choisi de manière à mobiliser de façon extrêmement forte.

Revendications

Le consortium composé de ces cinq syndicats a annoncé l’arrêt sans condition des activités des enseignant(e)s en premier lieu exiger le respect du Protocole d’accord du 2 septembre 2017 signé entre le gouvernement et les syndicats de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel.

Les autres motifs cités dans un communiqué commun sont les suivants:

·         Non-paiement de 120.000 francs congolais (environ 35 dollars américains) par enseignant(e) (août 2017 jusqu’à ce jour);

·         Non-paiement de 248.033 enseignant(e)s;

·         Non-paiement de 400 millions d’arriérés d’août et septembre 2017 pour le compte de la Mutuelle de Santé des enseignants.

Les revendications apparaissent donc avant tout salariales. De nombreux/euses enseignant(e)s, même fonctionnaires, ne sont pas payé(e)s, et ce pendant des années. Des négociations ont eu lieu en 2017, mais du retard a été pris dans l’application de l’accord conclu alors, la mise en œuvre se faisant à certains endroits, mais pas à d’autres. Par exemple, à la capitale Kinshasa, les enseignant(e)s n’ont encore rien obtenu concrètement.

Une très grande assemblée générale, qui devrait déboucher sur une résolution, est prévue à Kinshasa le 2 novembre, comme dernière étape de montée en puissance avant la grève du 5 novembre.

Mobilisation importante attendue

La mobilisation s’annonce forte, avec principalement les 40.000 enseignant(e)s de Kinshasa appelés à la grève. Les syndicats restent bien évidemment ouverts et prêts à la négociation avec les autorités, mais pas à n’importe quelle condition. La base, très remontée, ne se contentera pas d’un nouvel accord a minima. Par ailleurs, les ONG travaillant dans le secteur de l’éducation ou des droits humains vont être informées et appelées à soutenir les revendications.

La population voit cette grève d’un œil bienveillant, notamment les parents qui sont appelés à payer directement des sommes considérables pour l’éducation de leurs enfants, et le regroupement des pasteurs qui également apporté son soutien aux enseignant(e)s.

« Nous sommes déterminés, c’est un défi pour nous de réussir », a assuré le Secrétaire général de la FENECO Augustin Tumba Nzuji, résumant la forte volonté des syndicats.

Pour la Secrétaire générale du SYECO Cécile Tshiyombo, cette unité dans l’action syndicale est logique, car « seul, on ne sait rien faire. Il faut chercher à se mettre ensemble, ne serait-ce que pour ne pas craquer mentalement. »

Elle a ajouté que « l’enseignant doit devenir un agent de l’Etat à part entière et être payé ». Tshiyombo a aussi vivement déploré qu’un(e) enseignant(e) ne puisse pas prendre sa retraite et doive encore faire cours à 80 ans: « Un enseignant congolais ne doit pas être oublié ! »