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Allemagne : la réouverture des écoles suscite des inquiétudes pour un syndicat de l’éducation

Publié 15 avril 2020 Mis à jour 9 juin 2021

Un syndicat de l’éducation allemand a exprimé ses inquiétudes au sujet de la proposition de réouverture des écoles fermées depuis la pandémie du COVID-19. Parmi les questions relatives à la santé des éducateur∙trice∙s et des étudiant∙e∙s figurent celles concernant la manière dont la distanciation sociale au sein des salles de classe fonctionnera, du port de masques de protection respiratoire et des mesures de prévention de l’infection dans les établissements publics et les transports en commun.

Le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(GEW), membre de l’Internationale de l’Éducation en Allemagne, a appelé à la prudence suite aux recommandations faites par l’Académie des Sciences Leopoldina sur la réouverture des écoles dans un avenir proche. Si les établissements éducatifs doivent rouvrir progressivement, il faudra placer l’accent sur la prévention des infections et sur la santé des enseignant∙e∙s et des étudiant∙e∙s. C’est ce qu’a déclaré Marlis Tepe, présidente du GEW et Vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation. Elle a mis en garde contre des mesures qui ne tiendraient pas compte des préoccupations relatives à la protection contre les infections, ainsi qu’à celles concernant l’hygiène et la propreté.

« Ces recommandations ne sont pas très utiles car elles ne sont pas très pratiques », a-t-elle indiqué. « De nombreuses suggestions ne tiennent pas compte de la réalité dans nos écoles, elles ne respectent pas leur mission éducative et se concentrent uniquement sur les transitions et les examens ».

Avant la réouverture des établissements d’enseignement, un délai suffisamment long s’impose de façon à permettre aux gouvernements d’évaluer la situation, d’effectuer des vérifications et de faire approuver leurs décisions par les services de santé. « Il faut que la recommandation du port du masque soit appliquée, c’est-à-dire que les masques doivent être fabriqués en nombre suffisant », a ajouté la présidente du GEW.

Éviter d’aggraver les inégalités sociales

Selon le syndicat, les propositions n’apportent aucune aide pour faire face aux inégalités sociales. « Si les écoles et les garderies ne sont ouvertes qu’aux enfants et adolescents ‘en bonne santé et mobiles’, des inégalités supplémentaires en résulteront », a souligné Tepe. En outre, la question du transport des étudiant∙e∙s n’est toujours pas résolue et il s’y ajoute le risque considérable de contracter le COVID-19 dans les transports en commun.

Un autre aspect reste à considérer, celui de la distanciation sociale adéquate à l’intérieur des écoles qui n’est pas possible dans de nombreux établissements à cause du manque d’espace. Comme la plupart des salles de classe sont très étroites, 15 élèves ne peuvent maintenir une distance minimum de 1.50 mètre comme cela est recommandé.

Outre l’espace, le manque d’enseignant∙e∙s représente un autre problème. Un pourcentage élevé d’enseignant∙e∙s et d’éducateur∙trice∙s appartiennent au groupe à risque et le travail par équipe n’est pas possible dans de nombreuses écoles. Il est possible que les élèves et leurs parents appartiennent également aux groupes à risque, a indiqué le GEW.

Selon Tepe, établir un environnement d’enseignement et d’apprentissage sûr pour prévenir les infections ne « devrait pas échouer à cause du manque d’argent ».

Contourner les examens

Étant donné les inégalités d’accès aux ressources en ligne, à la connexion à l’Internet et au manque d’espace pour pouvoir étudier à la maison pour un grand nombre d’étudiant∙e∙s, le syndicat allemand et sa confédération nationale, le Deutscher Gewerkschaftsbund(DGB) demandent une dispense des examens de fin d’année y compris les examens de niveau avancé (A-level en anglais). Cela serait en accord avec les décisions des autres pays européens, tels que le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

« Les enseignants devraient pouvoir attribuer des notes à leurs élèves en fonction des examens qu’ils ont déjà réussi cette année et les autorités devraient être prêtes à faire confiance au jugement des enseignants », a poursuivi Tepe.