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Les éducateur·trice·s se mobilisent contre le travail des enfants : bonnes pratiques pour éradiquer ce fléau après la COVID-19

Publié 12 juin 2020 Mis à jour 12 juin 2020

À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, l’Internationale de l’Éducation publie un rapport présentant les bonnes pratiques répertoriées dans le cadre de ses projets contre le travail des enfants. Dans la mesure où la COVID-19 devrait augmenter le nombre d’enfants mis au travail, ces recommandations s’avèrent essentielles pour les initiatives futures visant à garantir que tous les enfants iront à l’école et non au travail.

Depuis plusieurs années, en collaboration avec ses organisations membres et ses partenaires de projet, l’Internationale de l’Éducation développe et met en œuvre toute une série de projets pour lutter contre le travail des enfants au niveau communautaire. Le plus récent d’entre eux était centré sur les communautés vulnérables de 13 pays en Afrique, Asie, Europe et Amérique latine.

Les résultats sont édifiants : diminution des taux d’abandon scolaire, augmentation du nombre d’inscriptions et prise de conscience accrue au sein des communautés de l’impact négatif du travail des enfants et du rôle essentiel de l’éducation pour leur avenir.

Les bonnes pratiques identifiées au cours de ces projets ont été rassemblées en une seule publication, lancée aujourd’hui à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Le rapport Meilleures pratiques transnationales et leurs impacts sur les syndicats présente les résultats dans six pays participant aux projets : Albanie, Mali, Maroc, Nicaragua, Ouganda et Zimbabwe.

Ce rapport relève également les différents éléments jugés essentiels à la réussite de ces projets :

1. Développement professionnel des enseignant·e·s

Les projets comportaient des programmes de développement professionnel individualisés pour les enseignant·e·s et les responsables d’établissement scolaire. Les participant·e·s ont suivi une formation consacrée à la pédagogie centrée sur l’enfant, aux techniques d’apprentissage actif, aux droits de l’enfant et aux différentes définitions du travail des enfants. La question du genre était au centre de cette formation, axée plus spécifiquement sur les petites filles. Les syndicats de l’éducation ont fourni des manuels de ressources et élaboré de nouveaux programmes nationaux pour la formation des enseignant·e·s, afin d’y inclure des informations concernant le travail des enfants, la législation nationale pertinente et les modules de formation pédagogique, ainsi que des informations sur les techniques d’apprentissage.

Au cours de cette formation, les participant·e·s ont également examiné les moyens de mettre en place des structures de surveillance scolaire, avec le soutien des coordinateur·trice·s syndicaux·ales aux niveaux départemental et national.

À l’issue des formations, les enseignant·e·s se sont déclaré·e·s mieux armé·e·s et prêt·e·s à assumer leur rôle d’agents du changement et leur pouvoir multiplicateur au sein de leurs écoles. Les enseignant·e·s ont également pu développer un nouveau sentiment de confiance et définir une mission claire leur permettant de rallier l’ensemble de la communauté à une même cause : l’éradication du travail des enfants.

2. Créer un environnement scolaire propice à l’apprentissage

Au sein des écoles, les enseignant·e·s ont réussi à créer des environnements sûrs et bienveillants qui encouragent la participation des étudiant·e·s. Les châtiments corporels ont été abandonnés, au profit de l’écoute et des échanges avec les étudiant·e·s – un changement également encouragé auprès des parents. Une surveillance rigoureuse de l’absentéisme scolaire a été mise en place et toute absence fait désormais l’objet d’une enquête approfondie de la part des enseignant·e·s.

Une autre composante importante des projets consistait à améliorer la communication avec les parents. Les visites à domicile organisées par les enseignant·e·s se sont avérées très efficaces pour faire évoluer les mentalités et sensibiliser à l’importance de l’éducation.

3. Intégration de la dimension du genre

Un volet spécifique des projets était dédié aux petites filles et aux obstacles qu’elles rencontrent pour poursuivre leur scolarisation, en particulier après la puberté. La sensibilisation à la question du genre faisait partie intégrante des projets. Les enseignant·e·s se sont employé·e·s à éliminer les obstacles en veillant à sécuriser les trajets vers/depuis les écoles, en prévoyant des installations sanitaires séparées pour les filles et en luttant contre la pratique des mariages précoces et les conséquences des grossesses prématurées parmi les adolescentes, entre autres.

4. Durabilité

La durabilité était également un aspect des projets, en vue de pouvoir assurer la continuité des effets positifs après leur déploiement. Les résultats se sont avérés très encourageants. Les activités des projets se sont poursuivies dans les écoles, tandis que les enseignant·e·s ont partagé leurs expériences avec leurs collègues et l’ensemble de la communauté. Les systèmes de contrôle et d’évaluation ont également continué à fonctionner.

Un des aspects innovants est la formation de comités multipartites chargés d’éradiquer le travail des enfants. Mis en place aux niveaux local, régional et national, ces comités comprennent un large éventail d’autorités et d’institutions locales et jouent un rôle important dans le cadre des revendications concernant l’éducation de qualité et les droits de l’enfant. Leurs activités se poursuivent également après la clôture des projets.

Renforcer le soutien aux syndicats de l’éducation

Dans les écoles où ont été déployés les projets, les syndicats de l’éducation qui dirigent les activités ont constaté une nette augmentation du nombre de leurs affilié∙e∙s, les enseignant·e·s démontrant ainsi leur solidarité et leur détermination à faire progresser l’éducation inclusive. Les affilié·e·s se sont également montré·e·s beaucoup plus actif·ive·s au sein de leurs organisations syndicales.

Par ailleurs, la capacité des syndicats à défendre leurs revendications et à mener le dialogue social a été considérablement renforcée, grâce à l’approche multipartite introduite par les projets.

Engagement indéfectible des syndicats dans la lutte contre le travail des enfants

Dans son message vidéo marquant la Journée mondiale contre le travail des enfants, David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, a déclaré : « Les syndicats de l’éducation luttent depuis de nombreuses années contre l’abandon scolaire et le travail des enfants, obtenant des résultats remarquables. À l’occasion de cette Journée mondiale contre le travail des enfants, nous devons multiplier nos efforts et mettre à profit toutes les leçons que nous avons pu tirer de notre combat jusqu’à ce jour. Nous ne pouvons permettre que des enfants vulnérables soient privés de leur scolarisation et s’enlisent dans une vie semée d’embûches. Dans nos classes, nos syndicats et les plus hautes sphères du pouvoir, mobilisons-nous pour mettre un terme au travail des enfants et faire de l’éducation une réalité pour chacun et chacune d’entre nous. »