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Photo: GPE/Livia Barton
Photo: GPE/Livia Barton

RDC : le gouvernement doit payer les enseignant∙e∙s « Nouvelles unités » et s’attaquer au déficit financier dû à la COVID-19

Publié 16 juillet 2020 Mis à jour 17 juillet 2020

Les syndicalistes enseignant∙e∙s de la République démocratique du Congo ont appelé les autorités publiques à respecter leur promesse de payer les enseignant∙e∙s dit∙e∙s « Nouvelles unités » depuis le mois d'avril 2020.

Les enseignant∙e∙s catégorisé·e·s comme « Nouvelles unités » dans les écoles publiques ou étatiques de la République démocratique du Congo (RDC), et dont les salaires n’ont jusque-là jamais été pris directement en charge par le budget de l’État, ont été abandonné·e·s à leur propre sort, sans salaire, au cours de ces derniers mois.

Ces enseignant∙e∙s « Nouvelles unités » « meurent à petit feu », selon Jacques Taty Mwakupemba, coordonnateur national de la Fédération nationale des enseignants du Congo (FENECO-UNTC) en charge de la recherche et développement.

En congé forcé

Ceci intervient suite à la fermeture des écoles et institutions d’éducation dans le pays du fait de la pandémie de COVID-19 et de la déclaration par le Président de la RDC Félix Tshisekedi de l’état d’urgence sanitaire, tou∙te∙s les enseignant∙e∙s se sont trouvé∙e∙s en congé forcé.

Or, si l’État, pouvoir organisateur du système éducatif, a garanti la prise en charge des enseignant∙e∙s payés par le Trésor public, la catégorie des enseignant∙e∙s « Nouvelles unités » n’a pas été incluse.

Le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique avait pourtant fait savoir que le toilettage des listes des enseignant∙e∙s « Nouvelles unités » pour les intégrer dans le budget de l’État était déjà terminé, donc il∙elle∙s pouvaient être payé∙e∙s dès le 20 avril, paiement de salaires stoppé par l’épidémie de COVID-19 qui a privé l’État de la RDC de ressources financières.

Promesse, mais pas de déboursement, de financement

Selon Mwakupemba, le Président de la République avait obtenu en mars 2020 une promesse ferme d’environ 1 milliard de dollars américains à investir dans l’éducation de base. Mais, alors que les enseignant∙e∙s « nouvelles unités » recensé∙e∙s continuent à attendre leur rémunération, aucun décaissement n’a été opéré par la Banque mondiale.

Et si l’accord de financement, approuvé le 15 juin, a été signé le 24 juin à Kinshasa, selon Mwakupemba, au niveau des expert∙e∙s locaux∙ales, personne n’est sûr du respect du plan de décaissement. Même le Président de la République s’en est plaint lors de son discours à la nation le 30 juin, a-t-il ajouté.

Mwakupemba a également rappelé qu’aux termes de l’ordonnance n°91-232, le salaire est un droit : « Aucun enseignant ne peut être privé de son salaire s’il n’a pas été placé dans une position d’interdit de service ou encore s’il n’a pas cessé définitivement ses services ». Il ajoute que « l’éducation est pilier important dans l’indice du développement humain, et les personnels qui y travaillent doivent bénéficier d’un traitement digne ».

Un financement innovant

Tout en reconnaissant que la crise actuelle liée à la pandémie de COVID-19 a fortement impacté sur l’environnement économique, il a souligné qu’il est important que le gouvernement anticipe pour créer d’autres mécanismes internes qui pourront apporter assez de ressources financières dans les caisses. Il a donné les exemples suivants de « financements innovants » :

  • Affecter une partie des revenus des taxes aéroportuaires (Go-Pass des aéroports) pour ajouter à l’enveloppe salariale des enseignants.
  • Supprimer certaines structures budgétivores de la République qui n’ont plus de raison d’être.
  • Prélever dans les taxes minières et pétrolières, par exemple 1 % de chaque transaction minière allant vers le budget de l’éducation.

Pour un retour en classe paisible

Les syndicats de la RDC affiliés à l'Internationale de l'Éducation estiment que cette situation doit être traitée en priorité pour ne pas compromettre la gratuité de l'enseignement primaire, pourtant décidée par le Président.

Ils ont donc encouragé « les services compétents à conduire la partie gouvernementale dans le processus du dialogue social afin de résoudre tous les problèmes qui se posent à notre système éducatif pour une reprise apaisée des cours, surtout en cette période de crise sanitaire liée à la COVID-19 ».