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Le FMI doit soutenir l’investissement public et mettre fin aux réductions de la masse salariale dans le secteur public

Publié 13 octobre 2020 Mis à jour 16 octobre 2020

Aujourd’hui, lors d’un séminaire en ligne conjoint avec ActionAid et l’Internationale des services publics, l’Internationale de l’Éducation a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à cesser de conseiller aux pays de réduire ou de geler la masse salariale du secteur public.

Nouvelles conditionnalités des prêts accordés par le FMI aux gouvernements : des « engagements » à mettre en œuvre de nouveaux programmes d’austérité ou à les renouveler

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le FMI a certes été en mesure de répondre rapidement aux besoins prioritaires des pays en accordant des prêts d’urgence à court terme, mais une nouvelle étude montre que les prêts concédés d’avril à juillet de cette année comprennent des « engagements » imposant aux gouvernements de mettre en œuvre de nouveaux programmes d’austérité ou de les renouveler, dès que la crise sanitaire immédiate atteint son paroxysme, avec très peu de dispositions en vue d’une quelconque reprise.

Les mesures dites « d’efficacité » entravent la capacité des gouvernements à garantir le droit à l’éducation

Les réductions de la masse salariale dans le secteur public constituent un élément clé des politiques d’austérité, avec des effets désastreux pour le secteur de l’éducation. Au cours du webinaire, Haldis Holst, secrétaire générale adjointe de l’Internationale de l’Éducation, a souligné les diverses manières dont les réductions de la masse salariale affectent à la fois les travailleur·euse·s de l’éducation et les étudiant·e·s sur le terrain. Elle a expliqué que, dans le secteur de l’éducation, les réductions de la masse salariale publique se traduisent par une pénurie d’enseignant·e·s, des réductions de salaire, la déprofessionnalisation et, en fin de compte, une détérioration de la qualité de l’éducation. Le phénomène affecte surtout les étudiant·e·s les plus vulnérables et peut conduire à une privatisation accrue de l’éducation. « Ce n’est pas seulement une question de budget, il s’agit aussi des personnes », a-t-elle affirmé, soulignant que ces mesures dites « d’efficacité » compromettent la capacité des gouvernements à garantir le droit des enfants à l’éducation.

L’Internationale de l’Éducation estime que seule une augmentation des dépenses en faveur de l’éducation permettra de sortir de la crise que traverse l’éducation en raison de la COVID-19 et de se remettre sur la bonne voie pour concrétiser l’Objectif de développement durable (ODD) 4 à l’horizon 2030. Non seulement un investissement urgent dans l’éducation est essentiel pour permettre à chaque enfant de recevoir l’éducation qu’il mérite, mais il est également important d’investir dans l’éducation aux fins de stimuler plus avant la reprise économique et sociale. Selon Holst, « lorsqu’il s’agit d’éducation, il est hors de question de réduire les coûts. Au contraire, c’est maintenant que nous devons investir dans l’éducation pour en bénéficier à long terme. »

Le FMI enferme les pays dans un « carcan »

Leo Baunach, directeur du bureau de Washington de la Confédération syndicale internationale et de Global Unions, a expliqué comment, bien qu’iI n’exige plus techniquement des gouvernements qu’ils réduisent la masse salariale, le FMI enferme néanmoins les pays dans un « carcan » en exerçant des pressions afin qu’ils limitent les dépenses dans le cadre d’ajustements économiques plus larges.

Rosa Pavanelli, Secrétaire générale de l’Internationale des services publics, a également souligné qu’en fin de compte, « il s’agit d’une crise systémique », et Holst, dans son discours de clôture, a rappelé de manière décisive aux participant·e·s que « l’économie est politique » et que lorsqu’il s’agit de prescriptions pour la croissance, il n’y a pas de solution universelle. Chaque pays doit définir sa propre voie vers la reprise, en plaçant les personnes au centre de toute stratégie.

Déclarations syndicales en faveur d’une augmentation des investissements pour atteindre les ODD et contre les mesures d’austérité

Alors que les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale auront lieu ce week-end, l’Internationale de l’Éducation s’est jointe au Groupement Global Unions pour adresser une déclaration appelant les institutions financières internationales à soutenir l’investissement public. La déclaration précise que les Assemblées annuelles devraient être l’occasion d’une volte-face, avec l’adoption d’un plan global visant à financer pleinement les ODD. Il est important de noter qu’elle appelle également à mettre fin à la promotion des réductions de la masse salariale publique qui menacent la mise en place d’une éducation de qualité et demande à la Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale, de pérenniser le gel des investissements dans les écoles primaires et secondaires payantes.

L’Internationale de l’Éducation s’est également associée aux syndicats et aux organisations de la société civile de divers secteurs dans une déclaration exigeant que le FMI cesse de promouvoir l’austérité aux quatre coins du globe.