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Kenya : l’Internationale de l’Éducation demande instamment au gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin à la répression syndicale

Publié 9 décembre 2020 Mis à jour 13 octobre 2023

Aujourd’hui, le 9 décembre, le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation a adopté une résolution demandant au gouvernement du Kenya d’intervenir auprès de la Commission des services du secteur de l’éducation (Teachers Service Commission – TSC), l’autorité patronale nationale pour l’éducation, afin que cette dernière mette fin à sa campagne de discrimination visant le Kenya National Union of Teachers (KNUT). Le gouvernement se doit d’exhorter la TSC à respecter les conventions internationales, ainsi que toutes les décisions pertinentes rendues par les tribunaux et le Parlement du pays.

Poursuivant sa longue et intense campagne antisyndicale, la TSC se livre à des discriminations à l’égard des membres du KNUT, leur refuse la couverture de protection garantie par la convention collective et prive le syndicat des cotisations de ses affilié·e·s.

Les attaques systématiques dirigées contre le KNUT ont conduit à une forte diminution du nombre de ses membres et à un affaiblissement de sa capacité à les représenter. Par ailleurs, la TSC tente de révoquer un accord de reconnaissance du syndicat signé en 1968.

Dans la conclusion de sa résolution, le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation :

  1. « Demande au gouvernement du Kenya d’intervenir et de veiller à ce que la TSC mette fin à ses actions antisyndicales contre le KNUT et engage un dialogue sérieux et sincère, en vue de rétablir des relations de confiance mutuelle et un environnement propice à l’éducation de qualité. »
  2. « Exige que la TSC restaure les affiliations des membres du KNUT à leur état initial de juin 2019 ; qu’elle cesse toute discrimination à l’égard des membres du KNUT en ce qui concerne leur rémunération, leur promotion et leurs conditions de travail ; qu’elle applique effectivement la convention collective 2017-2021 et, enfin, qu’elle mette en œuvre toutes les décisions judiciaires et parlementaires. »
  3. « Réaffirme le soutien sans équivoque de l’Internationale de l’Éducation au KNUT, dans sa lutte pour le plein respect des droits syndicaux et des intérêts de ses membres. »
  4. « Déclare que la lutte des responsables du KNUT afin de préserver et défendre leur syndicat est notre combat et celui du mouvement syndical mondial. »
  5. « S’engage à mobiliser la solidarité pour défendre les droits et le progrès des enseignant·e·s au Kenya. »

La Confédération syndicale internationale (CSI) et l’Internationale de l’Éducation ont adressé un courrier au président kényan, Uhuru Kenyatta, pour dénoncer les discriminations systématiques dont sont victimes les membres du KNUT et les attaques ciblant ses dirigeant·e·s. Dans ce courrier, les deux organisations précisent que, au mois de septembre dernier, 86.000 enseignant·e·s de l’enseignement primaire et post-primaire avaient été radié·e·s illégalement du KNUT, dont un grand nombre de responsables élu·e·s.

La secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) Sharan Burrow et le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation David Edwards ont appelé au respect de la Convention 98 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur le droit d’organisation et de négociation collective de 1949, ratifiée par le Kenya. Cette convention interdit tout acte de discrimination antisyndicale ayant pour but de : « (a) Subordonner l’emploi d’un travailleur à la condition qu’il ne s’affilie pas à un syndicat ou cesse de faire partie d’un syndicat et (b) Congédier un travailleur ou lui porter préjudice par tous autres moyens, en raison de son affiliation syndicale ou de sa participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou, avec le consentement de l’employeur, durant les heures de travail ».

La lettre de la CSI demande au gouvernement du président Kenyatta d’ordonner à la Commission des services du secteur de l’éducation de négocier de bonne foi avec le KNUT et de rétablir ses droits, ainsi que ceux de ses membres, à leur statut antérieur à mai 2019. Dans sa conclusion, l’organisation rappelle que le gouvernement kényan est seul responsable d’assurer le respect de ses obligations internationales énoncées dans les conventions de l’OIT qu’il a ratifiées.

Au moment de présenter la résolution, Mugwena Maluleke, vice-président de l’Internationale de l’Éducation et secrétaire général du South African Democratic Teachers Union, a fourni des précisions concernant les attaques dirigées contre le KNUT et les moyens mis en œuvre pour forcer les membres à quitter le syndicat. Il a également souligné que, si une organisation aussi grande et puissante venait à être démantelée dans un pays ayant une longue tradition démocratique, d’autres gouvernements africains pourraient être tentés, eux aussi, de s’attaquer aux syndicats indépendants.

Le texte intégral de la résolution est disponible ici.