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Les principaux∙ales responsables des syndicats de l'éducation de la région Asie-Pacifique demandent plus d'investissements dans les systèmes publics d'éducation et les personnels de l’éducation et appellent à l'égalité des genres et à des sociétés durables, démocratiques et pacifiques

Publié 19 octobre 2023 Mis à jour 21 mars 2024

Le Comité régional Asie-Pacifique de l'Internationale de l'Éducation (IEAP) a demandé des investissements plus importants dans l'enseignement public et les personnels de l’éducation, plus d'équité entre les genres au sein des syndicats, une action urgente contre le changement climatique et il a témoigné de sa solidarité avec les collègues de la région et du monde entier qui sont victimes de violations de leurs droits humains et syndicaux.

La réunion, qui s'est tenue en présentiel à Bangkok, en Thaïlande, les 10 et 11 octobre, a commencé par une minute de silence observée par les membres du Comité régional de l'IEAP pour honorer la mémoire de M. Ram Pal Singh, Vice-président du Comité, et de M. P. Ramanathan, ancien membre du Comité, récemment décédés. Les membres ont également présenté leurs condoléances à leurs familles.

Takimoto Tsukasa, président du Comité régional de l'EIAP, a rendu hommage à Messieurs Singh et Ramanathan, en les présentant comme « deux grands leaders de la région qui ont consacré leur vie à l'éducation, aux enseignantes et enseignants et aux syndicats », et a ajouté : « Ils ont inspiré d'innombrables enseignantes et enseignants, dont nous-mêmes, et leur action continuera à être une source d'inspiration pour chacune et chacun d'entre nous".

La présidente de l'IE, Susan Hopgood, a réagi à leur disparition en déclarant : « Ils nous ont laissé à tous de si bons souvenirs. Ils ont lutté pour les droits des enseignantes et enseignants, des syndicats et de l'éducation des enfants. Le travail était toute la vie de Ram Pal. Je me souviens de lui comme d'un homme impressionnant qui a inspiré des milliers de membres. Rama était une personne très dévouée et il a toujours voulu que nous nous préoccupions des droits humains et des droits syndicaux. Tous deux nous manqueront énormément. »

« Il y a quelques mois, j'étais en Inde avec Ram Pal pour parler au Premier ministre Modi de l'impact négatif du régime de retraite gouvernemental », a rappelé le secrétaire général de l'IE, David Edwards, soulignant que Ram Pal était « imposant et persuasif ». À propos de M. Ramanathan, il a ajouté qu'il était « un ami qui encourageait le développement professionnel et les droits. Il voulait que nous fassions de la recherche. Je lui suis reconnaissant de son engagement et de ses conseils. Nous, à l'IE, continuerons à suivre leurs traces à tous deux. »

La vice-présidente du Comité et présidente fédérale du Syndicat australien de l'éducation, Correna Haythorpe, a également rappelé la contribution de Ram Pal Singh à la progression du nombre de femmes occupant des postes de direction au sein de son syndicat, la Fédération des enseignants du primaire de l'Inde (All India Primary Teachers Federation).

Préparation de la campagne de l'IE « La force du public : ensemble on fait école ! »

Dans son discours d'ouverture, le président Takimoto Tsukasa a souligné que les gouvernements devaient remédier à la pénurie d'enseignant∙e∙s en investissant davantage dans les enseignant∙e∙s et en valorisant la profession. Il a rappelé avec insistance que "les enseignantes et enseignants sont le fondement d'une éducation de qualité ».

En présentant la campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! », le secrétaire général de l'IE, David Edwards, a déclaré : « Cette campagne est le résultat du travail que nous avons réalisé. Elle fait suite à nos campagnes précédentes et garantit la continuité de notre travail. »

Le Comité régional de l'IEAP a ensuite adopté une résolution sur la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », témoignant de son unité et de sa détermination à faire en sorte que chaque apprenant∙e, quel que soit son lieu de résidence, bénéficie d'un enseignement dispensé par un∙e enseignant∙e qualifié∙e, tous les jours, pour chaque leçon.

La résolution se veut également un engagement à s'organiser et à se mobiliser aux niveaux local, national, régional et mondial pour obliger les gouvernements, les organisations intergouvernementales et les institutions financières internationales à rendre compte de leurs échecs politiques et elle demande la mise en place des cadres politiques nécessaires pour attirer et retenir les enseignant∙e∙s dont nous avons besoin.

Angelo Gavrielatos, représentant de la campagne de l'IE « La force du public : ensemble on fait école ! », a insisté sur la pénurie d'enseignant∙e∙s dans la région et a exhorté les organisations membres à sensibiliser leurs gouvernements respectifs à cette cause. Il s'est dit convaincu que « les avis et recommandations du panel de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante concernant la pénurie d'enseignantes et enseignants nous offrent une opportunité de faire pression pour plus d'investissements dans l'éducation et dans les enseignantes et enseignants ».

Réactivation des réseaux de femmes sous-régionaux

Les membres du comité ont également décidé de soutenir les réseaux de femmes dans la région Asie-Pacifique « afin qu’ils soient plus inclusifs, accessibles et diversifiés », et qu'un « modèle de développement du leadership syndical entre consœurs serait mis en place, avec la participation de dirigeantes émergentes et expérimentées ».

Lors d'une réunion tenue la veille de la réunion du comité, le comité directeur du réseau des femmes a décidé de se réunir fréquemment et d'élaborer une stratégie quadriennale visant à renforcer les capacités des femmes dirigeantes, afin d'assurer l'efficacité du réseau et de contribuer au développement de l'esprit de leadership chez les femmes.

Il a également prévu la tenue des premières réunions des réseaux sous-régionaux pour définir leur objectif, leurs règles de base et leurs rôles. Les principales activités de ces réseaux sous-régionaux consisteraient à cartographier les processus et les idées actuels, et à proposer des idées sur le développement du leadership et le développement du leadership syndical entre consœurs.

« Le comité directeur du réseau des femmes a convenu de se réunir avant chaque réunion du comité régional. Nous voulons que davantage de femmes jouent un rôle actif dans la prise de décision au sein des syndicats. La multiplicité des langues est un défi, mais ne constituera pas un obstacle dans les structures sous-régionales », a expliqué Corrina Haythrope, vice-présidente du comité régional de l'EIAP.

Une action urgente pour l'éducation au changement climatique

Le Comité régional de l'IEAP a constaté le danger posé par le changement climatique dans la région et souligné la nécessité d'une éducation au changement climatique afin de donner aux générations futures les moyens de faire face aux défis qu'il soulève.

Le président du Comité régional de l'IEAP, Takimoto Tsukasa, a indiqué que « le changement climatique est lié à nos préoccupations en termes de justice climatique. L'éducation au développement durable est indispensable pour préparer les générations futures aux catastrophes climatiques et leur permettre d'adopter des pratiques durables. »

La présidente de l'IE, Susan Hopgood, a ensuite fait référence aux défis climatiques dans le Pacifique, en lançant un avertissement : « Les nations insulaires du Pacifique sont en voie de disparition. Kiribati achète des terres à Fidji. Nous allons tous être affectés. Nous voulons que les gouvernements admettent que l'éducation au changement climatique doit être la norme. Nous devons faire en sorte que les gouvernements agissent. »

Plus tôt cette année, les organisations membres de l'IE dans le Pacifique s'étaient retrouvées aux îles Fidji pour la Conférence IE/COPE sur le climat – la première du genre dans la région – , qui a examiné pourquoi les enseignant∙e∙s et leurs syndicats devraient se préoccuper du changement climatique. La conférence a conclu que les étudiant∙e∙s doivent se mobiliser sur cette problématique et qu'il est nécessaire d'inclure l'éducation au changement climatique dans les programmes d'enseignement. Le changement climatique affecte aussi le travail, les conditions de travail et l'avenir du travail. Une transition juste représente dès lors une question fondamentale pour les syndicats.

Des inquiétudes croissantes pour la paix, les droits humins, les droits syndicaux et la justice

Les membres du Comité ont également débattu du conflit israélo-palestinien et ont rédigé une déclaration demandant à toutes les parties « de cesser les hostilités et de veiller à ce que la population de Gaza puisse bénéficier d'une aide humanitaire ».

« La paix est très importante. En tant que syndicats, nous devons contribuer à construire des sociétés pacifiques pour que nos enfants aient un meilleur avenir. Nos responsabilités en matière de paix sont immenses. Une conférence sur la paix a été organisée entre les enseignants chinois, coréens et japonais, afin que nous puissions tous apprendre à préserver la paix », a rappelé le président du comité, M. Takamoto.

Il a ajouté que « des collègues du Syndicat des enseignants coréens, du Syndicat national des enseignants de Taïwan et du Syndicat des enseignants japonais se sont réunis pour protester contre le déversement par le gouvernement japonais d'eaux usées radioactives dans le Pacifique. Il s'agit d'une grave violation des droits des personnes qui utilisent ces eaux et dont l'impact environnemental est considérable. Nous sommes résolus à mettre fin à de telles pratiques. »

« Au Bahreïn, au Cambodge, en Iran, au Kurdistan, au Myanmar, aux Philippines et dans de trop nombreux autres pays, des enseignantes et enseignants sont les victimes de violations des droits humains. La démocratie est attaquée. Nous observons aussi un nombre croissant de catastrophes naturelles. Les enseignantes et enseignants ont besoin de soutien », a également affirmé le secrétaire général de l'IE, David Edwards.

Visite du nouveau bureau de l'IEAP

Les membres du Comité régional de l'IEAP ont également visité le nouveau bureau régional qui se trouvait précédemment en Malaisie, ont félicité le personnel du bureau de Kuala Lumpur pour le travail accompli au nom et pour le compte des organisations membres de l'IE dans la région Asie-Pacifique, et ont souhaité au personnel actuel du bureau de Bangkok un succès durable.

Ils ont également remercié les affiliés de l'IE en Malaisie – l'Association malaisienne pour l'éducation (MAE), le Syndicat national de la profession enseignante (NUTP) et le Syndicat des enseignant∙e∙s de Sarawak (STU) – pour le soutien et la coopération qu'ils ont apportés au bureau régional de l'IEAP à Kuala Lumpur, en Malaisie, depuis sa création en 1997.

Le directeur régional de l'EIAP, Anand Singh, a insisté sur ce point : « C'est le cœur lourd que nous quittons la Malaisie. Une coopération de longue date, un personnel de valeur et un soutien sincère de la part du NUTP, du MAE et de la STU ont beaucoup aidé le bureau régional de l'IEAP. Nous avons pourtant dû déménager en raison de nombreuses autres difficultés. Le bureau régional de l'IEAP est désormais installé à Bangkok et nous nous réjouissons de continuer à travailler pour tous les affiliés de l'IE dans la région à partir de ce bureau, en les aidant à renforcer leurs capacités et leur force. »