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Le plan d’action commun des syndicats francophones : renforcement syndical et promotion de l’enseignement public

Publié 6 juin 2025 Mis à jour 6 juin 2025

Lors du dernier bureau du Comité Syndical Francophone de l’Éducation et de la Formation (CSFEF), les discussions ont mis en lumière les défis communs auxquels sont confrontés les syndicats dans divers pays francophones, ainsi que leurs succès et initiatives pour défendre les droits syndicaux et améliorer l’enseignement public. Cette réunion a aussi représenté une opportunité pour les syndicats de l’éducation francophones membres de l’Internationale de l’Éducation de resserrer leurs liens et de planifier des actions ensemble.

Les syndicats francophones engagés pour défendre les droits syndicaux

Lors du bureau annuel en présentiel du CSFEF qui s’est tenu à Casablanca du 23 au 25 avril 2025, la présentation, par chacun des membres du bureau du CSFEF, des droits syndicaux et des actions menées pour l’éducation et les personnels dans les pays, a fait émerger des tendances communes.

Partout, les syndicats peinent à être entendus, souvent des engagements sont pris mais non suivis d’effet. Des atteintes sévères aux droits syndicaux sont observées, comme au Bénin où le droit de grève est maintenant strictement limité, ou encore au Mali, où le pouvoir reste dans les mains des militaires.

Néanmoins, les syndicats sont à pied d’œuvre et engrangent certains succès, comme par exemple au Maroc ou en Roumanie l’an dernier, suite à d’amples mobilisations, ou encore au Québec, à l’issue de négociations serrées. En France, c’est la valse des ministres de l’éducation, due à l’instabilité politique, qui est pointée comme un facteur dégradant le dialogue social, quant au Burundi le même dialogue social reste un exercice d’équilibriste pour les syndicats, résolument attachés à une posture constructive.

La privatisation, une vague à endiguer

Les membres du bureau du CSFEF se rejoignent pour saluer la campagne de l’Internationale de l’Éducation, La force du public : ensemble on fait école!. En effet, dans beaucoup de pays francophones, l’éducation privée est maintenant bien implantée et vue comme un complément indispensable à un secteur public défaillant.

À Casablanca par exemple, où se tenait la réunion du bureau du CSFEF, le nombre d’écoles privées dépasse maintenant celui des écoles publiques. « Dans le privé, les enseignants sont évalués par les étudiants, surtout pour leur gentillesse et pas vraiment pour leur compétence », ajoute Fatima Zohra Sghiyar, membre du bureau national du Syndicat National de l'Enseignement - Confédération Démocratique du Travail au Maroc. « La tendance est la même dans l’enseignement supérieur, où les universités privées gagnent du terrain et se structurent de plus en plus », constate Abdelaziz Sahibed-Dine, secrétaire général du Syndicat National de l'Enseignement Supérieur du Maroc.

La solidarité au cœur des actions du CSFEF

À la suite du plan stratégique adopté lors du congrès du CSFEF à Buenos Aires en juillet 2024, un plan d’action précis a été adopté, visant à échelonner l’ensemble des activités sur les trois années qui restent avant le prochain congrès en présentiel, en 2028.

Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des Syndicats du Québec et secrétaire général du CSFEF, se félicite de cette démarche : « Je pense que le CSFEF s’est doté d’un plan d’action ambitieux mais néanmoins atteignable qui, je l’espère, viendra renforcer le pouvoir d’influence de ce comité auprès des acteurs francophones de l’éducation et de la formation ».

Ainsi, au moins un webinaire par an sera consacré aux femmes militantes, pour leur permettre d’échanger sur les obstacles qu’elles rencontrent dans le militantisme, et les pistes pour les surmonter. Le CSFEF entend également mieux se faire connaître, par une communication renforcée sur les réseaux sociaux et par son site internet.

Le CSFEF souhaite stimuler la solidarité entre syndicats francophones, par le biais de programmes de coopération formalisés, mais aussi en encourageant les coopérations bilatérales « Sud-Sud » et en dynamisant le groupe d’échanges qui rassembleront tou∙te∙s les militant∙e∙s des syndicats francophones.

Malgré la tendance actuelle à la diminution des ressources pour la coopération internationale, le CSFEF ne baisse pas les bras, comme en témoigne Jokebed Djikoloum Mougalbaye, membre du bureau exécutif du Syndicat des enseignants du Tchad et vice-présidente du bureau du CSFEF : « J’exhorte l'Organisation Internationale de la Francophonie, dont le CSFEF est une organisation internationale non-gouvernementale accréditée depuis plus de 25 ans, de renouveler le financement en sa faveur afin de lui permettre d'instituer la langue française comme langue de l'action syndicale et d'échanges, de solidarité et de paix ».

Unis par une langue commune, les affiliés francophones de l’Internationale de l’Éducation continuent de trouver au sein du CSFEF un espace d’échange unique et précieux, ainsi que des opportunités concrètes de collaboration afin de surmonter les obstacles sur le chemin d’un enseignement public de qualité pour tou∙te∙s.