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De « mains invisibles » à professionnel∙le∙s reconnu∙e∙s : victoire syndicale majeure pour les personnels de soutien à l’éducation aux Philippines

Publié 22 juillet 2025 Mis à jour 30 juillet 2025

Lorsque l’ Alliance of Concerned Teachers (ACT) a lancé la campagne de l’Internationale de l’Éducation (IE) La force du public : ensemble on fait école ! aux Philippines, le syndicat a fait en sorte que les 120.000 membres des personnels de soutien à l’éducation (PSE) soient au cœur de ses activités de plaidoyer. L’ACT s’est mobilisé pour les droits et les conditions de vie et de travail des comptables, des concierges, des gardes de sécurité, des bibliothécaires, des conseiller·ère·s d’orientation, des assistant·e·s en technologies de l’information et de la communication, des technicien·ne·s de laboratoire et des infirmier·ère·s scolaires, qui font tourner les établissements d’enseignement.

Vers des postes permanents pour l’ensemble des personnels de soutien à l’éducation philippins

Pendant des décennies, les personnels de soutien à l’éducation ont été invisibles dans les débats politiques, coincés dans des « emplois intérimaires » contractuels ou des « contrats de service », payés à peine 11.551 pesos philippins (173 euros) mensuels et auxquels était refusée la sécurité de base d’un emploi fixe, d’une assurance sociale et de possibilités de promotion. Grâce aux incessantes actions syndicales de plaidoyer, aux manifestations massives sur le thème « La force du public : vendredi d’action » ou « Black Friday » devant le ministère du Budget et de la Gestion et à une série de réunions tripartites avec ce dernier et le ministère de l’Éducation, l’ACT a contraint le gouvernement à abolir les régimes contractuels dans l’enseignement fondamental, tant pour les enseignant·e·s que pour certains personnels de soutien à l’éducation.

« Nous n’avons jamais cessé de réclamer des salaires supérieurs et la création de postes plus permanents pour les personnels de soutien à l’éducation. En fait, rien que cette année, 16.000 nouveaux postes ont été créés », précise Ruby Bernardo, présidente de la section de l’ACT pour la région de la capitale nationale.

Et d’ajouter : « Le syndicat ne s’est pas arrêté aux salaires. Avec des réunions trimestrielles, le conseil accélère les procédures de réclamation, harmonise les charges de travail et fixe des normes de formation nationales, avec des sièges réservés aux représentant et représentantes des PSE nommés par l’ACT, afin de garantir que les voix de la base soient entendues lors de l’élaboration des politiques nationales. Le dialogue social est devenu une pratique institutionnelle. »

Les comités de négociation sectoriels de l’ACT sont désormais opérationnels dans les 17 régions du pays, traitent les problèmes que rencontrent le personnel enseignant ainsi que les PSE et concluent des accords locaux sur les primes de risque et la rémunération des heures supplémentaires.

À l’échelle nationale, la liste ACT Teachers Party a présenté au Congrès de nombreuses propositions de lois relatives au bien-être des personnels de soutien à l’éducation. L’une de ces propositions codifie la régularisation, fixe un salaire décent en rapport avec le seuil national de pauvreté et prévoit une hausse de cinq pour cent du budget annuel pour l’éducation. Des lettres de solidarité d’affiliés de l’Internationale de l’Éducation ont déjà été remises au Comité parlementaire national chargé de la fonction publique.

Le Président déclare le 16 mai « Journée nationale des personnels de soutien à l’éducation »

Le mouvement a atteint son apogée le 15 mai 2024, lorsque le Président Ferdinand Marcos Jr. a signé le Décret présidentiel n° 279 déclarant que la « Journée nationale des personnels de soutien à l’éducation » sera célébrée le 16 mai.

Ce décret impose à toutes les écoles publiques et privées, aux gouvernements locaux et aux instances nationales d’organiser des cérémonies, des expositions et des dialogues afin d’honorer la contribution des PSE aux résultats d’apprentissage. Il ordonne également au ministère de l’Éducation d’introduire une ligne budgétaire distincte pour les événements visant à la reconnaissance des PSA dans la loi sur le budget général annuel.

L’ACT envisage de se servir de la Journée nationale des PSE pour lancer chaque année des « Caravanes des droits des PSE » dans chaque région, en associant la célébration au mouvement en cours pour obtenir la régularisation complète des PSE contractuels restants, à l’instauration d’un salaire d’entrée de 36.000 pesos philippins (539 euros) en tant que minimum vital et à la campagne plus large La force du public : ensemble on fait école !

« Avant la campagne menée par l’ACT, nous étions des travailleurs contractuels payés tous les six mois », explique un bibliothécaire de Manille. « Maintenant que nous sommes permanents et organisés, mon salaire a doublé. Le syndicat n’a pas uniquement demandé un « soutien », il s’est battu pour nos droits en tant que travailleurs et travailleuses. »