Mongolie : au cœur des grèves et des occupations continues menées par les éducateur·trice·s, le syndicat présente ses revendications au gouvernement.
Les grèves avec occupation pacifiques des enseignant·e·s et du personnel de soutien à l’éducation dans la capitale Oulan-Bator attirent l’attention nationale et suscitent une solidarité croissante d’autres secteurs, tels que les travailleur∙euse∙s du secteur ferroviaire qui ont rejoint la manifestation par solidarité. Soutenue par un fort appui du public, la Fédération des syndicats de l’éducation et des sciences de Mongolie (FMESU - Federation of Mongolian Education and Science Unions) a exprimé les revendications des éducateur·trice·s lors d’une récente réunion avec les autorités publiques, exhortant le gouvernement à donner la priorité à l’investissement dans les enseignant·e·s et le secteur de l’éducation.
« Les enseignants et enseignantes ne parviennent pas à joindre les deux bouts avec leurs salaires actuels. Nous faisons face à une inflation croissante, à des logements hors de prix et à une charge de travail trop importante, qui dépasse largement le domaine de l’enseignement. Nous sommes joignables 24 heures sur 24 pour répondre aux demandes des parents et des élèves. Par ailleurs, l’infrastructure de nos écoles se détériore et l’on s’attend à ce que nous devions gérer la situation sans avoir de soutien adéquat. De plus, notre population est de plus en plus diversifiée, nécessitant encore plus d’attention et des approches adaptées. Pourtant, les ressources ne sont tout simplement pas là », a expliqué l’un des manifestant∙e∙s.
Le 8 octobre 2025, le Premier ministre G. Zandanshatar, le ministre de l’Éducation P. Naranbayar et le ministre des Finances B. Javkhlan ont rencontré des représentants de la FMESU. Lors de cette réunion, le Premier ministre a fourni des informations sur la situation économique et le budget pour 2026. Il a indiqué que le budget national 2026 prévoit un doublement des investissements dans le secteur de l’éducation, ainsi qu’une augmentation de 100 milliards de tugriks des dépenses variables. Il a également déclaré que des augmentations de salaire seraient possibles grâce à la mise en circulation économique du gisement de Bortee (site d’extraction de charbon). Un projet de résolution sur cette question a été soumis au Parlement.
Le ministre de l’Éducation, P. Naranbayar, a souligné que l’augmentation du salaire de base à elle seule nécessiterait 3,3 trillions de tugriks par an, un montant actuellement au-delà de la capacité fiscale de l’État. Le Premier ministre a chargé le ministre des Finances, B. Javkhlan, d’étudier la possibilité d’augmenter progressivement le salaire de base des enseignant·e·s, dans le but d’atteindre un salaire de base de 3,5 millions de tugriks d’ici 2028. La phase initiale porterait les salaires à 1,85 million de tugriks en janvier 2026, suivie de 2,5 millions au second semestre de l’année 2026.

La Fédération a rejeté la proposition, invoquant l’urgence de la situation et l’insuffisance de l’offre. Le syndicat a engagé un différend collectif en vertu de l’article 148.2 du Code du travail, a nommé un médiateur, a accepté la conclusion de ce dernier et a soumis officiellement un préavis de grève.

Les médias continuent de couvrir les grèves avec occupation et de réaliser des interviews avec les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation participant aux manifestations. Parallèlement, la Fédération et la Confédération des syndicats mongols (Confederation of Mongolian Trade Unions - CMTU) partagent activement les derniers développements en temps réel via leurs pages Facebook officielles.
Actuellement, un enseignant·e perçoit un salaire de base ne dépassant pas 1,4 million de tugriks, soit moins de la moitié des 3,5 millions de tugriks gagnés par les conducteurs de bus publics. De nombreux∙euses enseignant·e·s ont exprimé leur frustration face à cette disparité et au manque de soutien gouvernemental pour disposer des infrastructures scolaires sûres et durables.
Parmi les manifestant∙e∙s se trouvent 20 enseignant·e·s de l'Aimag d'Orkhon. Ts. Dolgormaa, une enseignante en maternelle ayant 32 ans d'expérience, a déclaré : « Le ministre des Finances nous dit d’économiser et de faire attention. Je demande ce que font le gouvernement et les membres du Parlement pour économiser ? Peut-être devrions-nous commencer par eux ? »
Les revendications des enseignant·e·s ont reçu un large soutien de la part du public, exhortant le gouvernement à donner la priorité à l’investissement dans la profession enseignante et le secteur de l’éducation.
La FMESU reste ferme dans ses revendications d’actions immédiates et significatives pour améliorer les conditions de vie des enseignant·e·s et des personnels de soutien à l’éducation à travers la Mongolie.