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Royaume-Uni : bien-être des professionnel·le·s de l'éducation

Publié 27 novembre 2020 Mis à jour 1 décembre 2020

Le 26 novembre, Education Support a publié son index annuel sur le bien-être des enseignant·e·s pour 2020. Education Support a été fondé en 2015 mais a des racines qui remontent à 140 ans. C'est une organisation respectée et faisant autorité, qui se concentre sur la santé mentale et le bien-être des enseignant·e·s et autres professionnel·le·s de l'éducation au Royaume-Uni.

Le rapport examine le stress et ses problèmes connexes dans le contexte de la COVID-19. Cependant, il indique que « bon nombre des problèmes de bien-être des enseignant·e·s mis en évidence dans ce rapport existaient bien avant que la pandémie ne frappe. Nos rapports précédents ont démontré l’existence d’un problème constant de bien-être des enseignant·e·s et des éducateur·trice·s. Cette année nous a montré que nous fonctionnons à la limite de ce qui est possible dans le cadre des ressources disponibles. »

Points essentiels de l'enquête 2020

L'enquête initiale a été menée en juin et juillet, lorsque les écoles étaient fermées. Cependant, une deuxième enquête a été menée en octobre, après la réouverture des écoles. Elle a montré que :

  • 62% des enseignant·e·s et 77% des hauts responsables ont déclaré être stressé·e·s ou très stressé·e·s en juillet, alors que la plupart des établissements d'enseignement étaient fermés à tou·te·s sauf aux plus vulnérables.
  • 84% des enseignant·e·s et 89% des hauts responsables ont déclaré être stressé·e·s ou très stressé·e·s en octobre lors de la réouverture des écoles.

L'enquête a également montré une forte augmentation des symptômes de mauvaise santé mentale :

  • 52 % ont déclaré avoir souffert d'insomnie au cours de la dernière année (contre 37 % au cours des 2 dernières années).
  • 41 % de tendances à pleurer constamment (contre 26 % au cours des 2 dernières années).
  • 40 % ont souffert de problèmes de concentration (contre 23 % au cours des 2 dernières années).

Un autre problème, également accéléré par la pandémie, concerne le maintien en poste des personnels :

  • 51 % des enseignant·e·s et 59 % des hauts responsables ont déclaré avoir envisagé de quitter la profession cette année en raison de pressions sur leur santé et leur bien-être.
  • 68 % des professionnel·le·s de l'éducation ont déclaré que le volume de la charge de travail en était la raison (jusqu'à 76 % pour les hauts responsables).

Le message délivré par l'enquête est clair : par rapport au passé, la santé mentale s'est détériorée. C'est beaucoup plus grave notamment en raison de la pandémie, mais cela fait partie d'une tendance sur le long terme. Il est également devenu plus difficile pour le personnel d'en parler à l'école qu’auparavant. Leur manque de confiance et leur inconfort se font sentir malgré une amélioration de la disponibilité des services de santé mentale.

Le bien-être des professionnel·le·s de l'éducation comme enjeu international

Les organisations membres de l'Internationale de l’Éducation ont signalé une augmentation du stress lié au travail pendant la pandémie, également causée par une combinaison de charge de travail accrue, d'adaptation aux nouvelles méthodes d'enseignement et de problèmes de santé. Elles ont aussi souvent ressenti, comme le montre cette enquête, une profonde inquiétude quant au fait que leurs élèves ne sont pas suffisamment connectés à leur éducation, perdent leur motivation et ne peuvent pas avoir de contact direct avec des éducateur·trice·s ou d'autres étudiant·e·s. Beaucoup de ces préoccupations persistent même là où les écoles sont ouvertes.

L’enquête britannique a montré que les enseignant·e·s étaient préoccupé·e·s par leur statut. Bien qu’elle montre qu'il·elle·s se sentent apprécié·e·s par une majorité significative de collègues, de cadres supérieurs et de parents, peu se sentent reconnu·e·s ou apprécié·e·s par le gouvernement britannique, les départements de l'éducation ou les médias. Cette préoccupation, cependant, ne se limite pas au Royaume-Uni.

L'un des résultats les plus inquiétants de l'enquête de l'Internationale de l’Éducation auprès des organisations membres pendant la pandémie, confirmé par les rapports nationaux, était le fait que peu d'entre elles étaient réellement impliquées ou même consultées quant aux mesures à prendre pour fournir une éducation de qualité et sûre pendant la crise.

Le Secrétaire général de l'Internationale de l’Éducation, David Edwards, a réagi au rapport en déclarant ce qui suit : « Bien que les enseignants et enseignantes du Royaume-Uni connaissent des niveaux de stress élevés depuis très longtemps, souvent liés aux réformes de l'éducation imposées par le gouvernement, cela ne signifie pas qu'ils sont seuls à être préoccupés au sujet du bien-être ou que les résultats de cette enquête ne sont pas pertinents pour la communauté éducative dans son ensemble ».

« Sur la base des expériences de nos organisations membres, l’Internationale de l’Éducation se concentre sur le bien-être depuis de nombreuses années. Nous pensions que les gouvernements commençaient à partager nos préoccupations, mais beaucoup ne le font apparemment pas. L'Organisation de coopération et de développement économiques, par exemple, a dû abandonner sa proposition d'une étude sur le bien-être des enseignants car aucun gouvernement ne souhaitait la financer. »

« L’Internationale de l’Éducation continuera d'exhorter les gouvernements à mettre le bien-être des enseignants et enseignantes en tête de leurs priorités. Ils doivent comprendre que des professionnels de l'éducation confiants et respectés sont essentiels à la réussite de l'apprentissage des élèves. »