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Le dialogue mondial soutient la profession enseignante

Publié 22 mars 2018 Mis à jour 18 avril 2018

Le 8e Sommet international sur la profession enseignante, prévu les 22 et 23 mars à Lisbonne, au Portugal, offre une nouvelle fois aux représentant(e)s des enseignant(e)s et aux représentant(e)s des gouvernements une excellente opportunité d’engager des discussions sur la profession enseignante.

Les discussions seront basées sur les sommets précédents et centrées sur l’importance de reconnaître la place centrale qu’occupe la profession enseignante dans la mission de l’éducation.

Le Sommet s’articulera autour des trois thèmes suivants: « Les écoles au centre de leurs communautés », « Pédagogies d’avenir » et « Bien-être, confiance et efficacité des enseignant(e)s ».

Le premier thème, « Les écoles au centre de leurs communautés», met en avant les liens qui existent entre les écoles publiques et les communautés au service desquelles elles opèrent. Les écoles font partie intégrante de la communauté et y apportent une contribution très importante, notamment dans les zones difficiles. Elles jouent un rôle, entre autres, dans la cohésion sociale, la tolérance, l’intégration et le renforcement de la citoyenneté active. L’éducation de qualité pour chaque étudiant(e) dans chaque établissement scolaire, y compris les plus défavorisés, nécessite de développer et respecter la profession enseignante.

Le deuxième thème, « Pédagogies d’avenir» consistera en une discussion portant sur les innovations apportées par les enseignant(e)s, et non pas uniquement sur les technologies. Dans certaines situations, le travail de la profession enseignante est détourné et influencé par les capacités de « supervision » et de « suivi » propres aux technologies. Ce travail est trop souvent tributaire des possibilités techniques ou des intérêts des acteurs commerciaux et d’une poignée de géants de l’Internet. Cette discussion offrira l’opportunité de faire un pas en avant supplémentaire pour replacer la technologie dans le contexte des outils à utiliser pour améliorer la profession. Cette approche logique se révélera utile dans la situation actuelle, mais aussi dans le futur, compte tenu de la place de plus en plus importante qu’occupe l’intelligence artificielle.

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont une influence sur les environnements d’apprentissage, l’Internet étant devenu aujourd’hui une source d’informations qui ne cesse de se développer. Certains problèmes ont néanmoins été relevés concernant l’exactitude et la qualité des informations offertes sur la toile. Le volume d’informations brutes et souvent non vérifiées disponibles sur Internet encourage d’autant plus à replacer l’esprit critique au centre de l’éducation, afin d’apprendre aux étudiant(e)s à filtrer les informations et à émettre leur propre jugement, en toute indépendance.

Le dernier thème, « Bien-être, confiance et efficacité des enseignant(e)s» offre un nouveau terrain de discussion important au Sommet. Ce thème s’avère crucial, dans la mesure où les problèmes ont un impact important sur l’exercice de la profession enseignante et, par conséquent, sur les étudiant(e)s et la qualité de l’éducation.

Améliorer le bien-être des enseignant(e)s nécessite d’identifier les facteurs ayant une incidence négative et, dans la mesure du possible, de les éliminer. Cela signifie également créer des environnements d’apprentissage et d’enseignement positifs et collaboratifs.

Bon nombre de problèmes récurrents liés aux questions professionnelles et aux conditions de travail sont sources de stress, comme la taille des classes ou le manque d’encadrement et de temps pour les préparations par exemple. Il existe également des facteurs de stress pouvant être mis en lien avec certaines approches des réformes. Si l’environnement scolaire devient de plus en plus concurrentiel et de moins en moins collaboratif, ou si les enseignant(e)s travaillent sous la pression de processus d’évaluation mal avisés, l’enseignement et l’apprentissage s’en ressentiront.

Au cours d’une enquête sur le statut des enseignant(e)s menée par l’Internationale de l’Education (IE), le Korean Teachers and Education Workers Union(KTU) a souligné: « Dans un premier temps, une culture de la concurrence a été introduite au sein de la profession enseignante, se traduisant par les primes fondées sur le mérite, les tests normalisés, les systèmes d’évaluation du personnel enseignant, etc. Nos responsables politiques ont souhaité montrer... les efforts importants déployés par notre gouvernement pour introduire un changement innovant au sein de la profession enseignante, mais cela n’a rien amené de positif. Au contraire, ces politiques ont contribué à détériorer la culture de collaboration qui existe entre les enseignants. Ensuite, l’intérêt des étudiants pour l’apprentissage s’est amenuisé en raison de la poursuite d’un enseignement uniquement axé sur la réussite des tests. Le comportement des étudiants a commencé à poser problème et à échapper au contrôle des enseignants... »

Une enquête majeure menée en 2011, parrainée par le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), la Région européenne de l’IE, à laquelle ont participé plus de 5.000 enseignant(e)s dans 30 pays de l’Union européenne (UE) et de l’Association européenne de libre-échange (AELE), a révélé plusieurs sources de stress, la plupart liées à l’activité professionnelle.

S’agissant de la satisfaction au travail, cette même enquête nous apprend que les facteurs les plus importants sont « la confiance et l’équité » - deux domaines devant être améliorés et auxquels il convient donc d’apporter des solutions efficaces. Dans bon nombre de pays, des initiatives sont prises en collaboration en vue d’identifier et réduire l’incidence du manque de confiance et des autres facteurs de risque.

Le stress des enseignant(e)s n’est pas inévitable. Dans un environnement approprié, l’enseignement reste une profession apportant énormément de satisfaction. Quoi de plus gratifiant que d’exercer une influence positive sur un enfant, renforcer sa compréhension, améliorer ses compétences sociales et contribuer à son développement? Soutenir les enseignant(e)s et leur permettre d’exercer pleinement leur profession contribueront à améliorer la qualité de l’éducation, à revaloriser leur statut et à attirer et retenir des candidat(e)s talentueux/euses et motivé(e)s au sein de la profession.

Le Sommet international sur la profession enseignante (SIPE) démontre la valeur inestimable des échanges constructifs entre les différent(e)s représentant(e)s. Les valeurs communes des gouvernements et des enseignant(e)s sont une source d’inspiration pour chacun et chacune d’entre nous. Appliquées dans le cadre de discussions politiques, celles-ci peuvent aider à développer la confiance en soi et produire des résultats pour les étudiant(e)s, mais aussi à jeter les bases de l’édification de sociétés justes, libres et décentes.

La présentation du consultant de l'IE John Bangs sur "Les nouveaux défis et les nouvelles opportunités pour la profession enseignante dans l'enseignement public" (en anglais) est disponible ici.