Ei-iE

Mondes de l'éducation

#EI25 : Expériences et victoires dans la lutte contre le travail des enfants, par Juliet Wajega (UNATU, Ouganda)

Publié 18 octobre 2018 Mis à jour 29 octobre 2018
Écrit par:

Les dirigeant(e)s de l’Internationale de l’Education (IE) méritent d’être félicité(e)s pour avoir démontré que les syndicats de l’éducation ont un rôle à jouer dans l’élimination du travail des enfants et la promotion d’une éducation de qualité pour tous. Le 25e anniversaire de l’IE en 2018 est l’occasion de jeter un regard sur le passé et de puiser des forces dans les victoires qui ont été réalisées.

Lorsque j’ai intégré l’Uganda National Teachers Union (UNATU) en tant que coordinatrice du projet Education pour Tous (EPT)/SIDA le 1er septembre 2006, l’IE et ses affiliés considéraient le VIH et le SIDA parmi les principaux obstacles à la réalisation d’une éducation de qualité et ne mentionnaient pratiquement pas d’autres facteurs critiques tels que le travail des enfants.

Toutefois, en 2011, l’IE a pris conscience de la nécessité de participer à la lutte mondiale contre le travail des enfants et, à l'occasion de son 6e Congrès cette année-là, la première résolution de l’IE sur le travail des enfants a été adoptée. Grâce à l’IE, de nouveaux programmes relatifs au travail des enfants ont été lancés pour ses affiliés, dans le cadre de la mise en œuvre de cette résolution nouvellement adoptée.

Afin de mettre en œuvre la résolution de l’IE sur le travail des enfants, l’UNATU a commencé par sensibiliser les plus haut(e)s dirigeant(e)s syndicaux/ales quant à l’importance de la participation des syndicats d’enseignants aux actions contre le travail des enfants. La participation des syndicats d'enseignants à ces actions pouvait notamment leur permettre d'augmenter leur visibilité en tant qu’acteur clé de l’éducation, d'assurer la présence des apprenant(e)s à l’école et d'accroître le nombre de membres potentiels du syndicat. Nous avons également expliqué que le travail des enfants relevait de la thématique de l’amélioration de la qualité de l’éducation dans le cadre du plan stratégique de l’UNATU de l’époque.

Ce ne fut toutefois pas une tâche facile. La plupart des responsables syndicaux/ales considéraient qu’il s’agissait d’une mission de la société civile et d’un gaspillage des ressources du syndicat, qui auraient plutôt dû être consacrées à des campagnes sur des questions fondamentales pour les affilié(e)s.

En avril 2012, l’UNATU a reçu un soutien technique et financier de la part de l’IE et a organisé un atelier national sur le travail des enfants pour les dirigeant(e)s de l’UNATU. Cet atelier fut une révélation pour les dirigeant(e)s de l’UNATU et, depuis lors, le travail des enfants figure au cœur des actions menées par le syndicat.

En tant que responsable des programmes successifs soutenus par l’IE au sein de mon syndicat depuis 2012, j’ai réussi à faire du travail des enfants une priorité, grâce à l’inclusion de cette thématique dans les documents stratégiques, les rapports, les ordres du jour des réunions et les autres activités de l’organisation. Mes efforts se sont concentrés principalement sur la sensibilisation au travail des enfants en tant que partie intégrante des préoccupations des syndicats. Ces événements ont été l’occasion de mettre en avant les définitions et les conséquences du travail des enfants, ainsi que les avantages pour les enseignant(e)s et l’importance de l’implication des syndicats d’enseignants dans la lutte contre le travail des enfants. Ainsi, l’UNATU a mené une campagne visant à encourager nos affilié(e)s à refuser d’utiliser des enfants en tant que travailleurs/euses domestiques et à promouvoir des environnements scolaires favorables aux enfants afin de garantir leur présence à l’école. Cette campagne a été un grand succès, puisque les affilié(e)s se surveillent désormais mutuellement pour veiller à ce qu’aucun(e) d’entre eux/elles n’emploie des enfants en tant que travailleurs/euses domestiques. En outre, le taux de scolarisation a augmenté dans certaines écoles à la suite de cette campagne.

En 2012, l’IE m’a demandé de diriger l'élaboration d’un nouveau guide sur le travail des enfants [1]. Ce guide, qui a été adopté par les représentant(e)s des affiliés de toutes les régions en octobre 2013, lors de la troisième Conférence mondiale de l’IE sur le travail des enfants à Brasilia, est une preuve supplémentaire du rôle essentiel, actuel et futur, de l’IE dans l’élaboration d’outils d’action et de diffusion de matériel et de bonnes pratiques sur le travail des enfants pour les syndicats et les affilié(e)s. Ce guide pouvant aisément être personnalisé afin d'être utilisé dans le monde entier, l’UNATU s'en sert encore à l’heure actuelle: en 2018, nous prévoyons de l’utiliser pour former 180 enseignant(e)s de 15 écoles primaires du district de Nebbi et 120 enseignant(e)s de 12 écoles dans le district de Zombo, en Ouganda.

Le projet « Le rêve d’Omar » est un autre exemple du rôle de premier plan joué par l’IE pour encourager ses affiliés à participer au mouvement mondial.L’UNATU a eu le privilège de figurer parmi les affiliés ayant bénéficié de cette intervention. A l’échelle nationale, l’UNATU a réussi à établir des partenariats avec des organisations de la société civile et des membres du parlement et, en 2014, une motion a été proposée au Parlement, exhortant le gouvernement ougandais à inscrire à l’école tous les enfants en âge d’être scolarisés et à garantir qu’aucun enfant ne travaille. Ce fut l'une des plus belles victoires du projet « Le rêve d’Omar ».

Plus récemment, avec le soutien de l’IE et de l'AOb (Pays-Bas), l’UNATU a entrepris des activités sur le travail des enfants dans le cadre du projet « Quitter le travail pour l’école » dans la région du Nil occidental. Les bénéfices pour les enseignant(e)s et le syndicat sont nombreux: les enseignant(e)s ont adopté le projet et connaissent le concept du travail des enfants, les enseignant(e)s contrôlent la fréquentation scolaire grâce aux registres généraux et communautaires; les relations entre le syndicat et le district sont meilleures; et nous constatons une amélioration au niveau de la collecte des cotisations ainsi qu'une augmentation de l’affiliation. Grâce à notre travail de plaidoyer, au moins une enseignante dans chaque école participe au projet, et nous pouvons observer d’autres résultats tangibles qui profitent à l’ensemble de la communauté scolaire, tels que de meilleures installations sanitaires et infrastructures scolaires, une diminution du recours aux châtiments corporels et le développement de programmes de cantines scolaires.

En tant que femme syndicaliste africaine, ma collaboration avec l’Internationale de l’Education sur l’élimination du travail des enfants dans mon pays et à travers le monde a été une étape décisive dans ma vie. Lorsqu’on m’a demandé de mener le processus d’élaboration du guide mentionné ci-dessus, j’ai pris conscience de mon potentiel en tant que personne et cela m’a donné la confiance nécessaire pour tenter de plus grandes choses dès qu’une opportunité se présente. En 2015, lors du Congrès mondial de l’IE, je figurais parmi les défenseurs de la résolution relative à « l’Action accélérée contre le travail des enfants » présentée par l’UNATU et les syndicats d’enseignants au Mali. J’ai par ailleurs été invitée à intervenir lors de la session sur la promotion des droits, « Lutter contre le travail des enfants pour promouvoir le droit à une éducation de qualité », qui a appuyé ma campagne de candidature au poste de représentante de la région Afrique dans le Groupe des enseignants du Commonwealth.

Au fil des ans, j’ai amélioré mes capacités à m'exprimer devant un public ainsi que mes compétences rédactionnelles, mes techniques de plaidoyer et mes compétences en matière d’analyse politique et de dialogue social, grâce aux nombreux programmes sur le travail des enfants que j’ai coordonnés. Dans mon pays, j’ai été reconnue pour mon travail et je suis devenue membre du Comité directeur national sur l’élimination du travail des enfants. Ces expériences m’ont permis d’inspirer et d’accompagner les personnes qui m’entourent, en particulier les enseignantes de l’UNATU, que j’encourage à postuler à des postes à responsabilités. Je soutiens également d’autres femmes et je défends l’éducation des filles.

Compte tenu de la valeur de ces expériences et de ces victoires à de nombreux niveaux, je suis intimement convaincue du rôle de premier plan que jouera l’IE dans les années à venir, afin de continuer à s'appuyer sur les succès réalisés, à renforcer les capacités des syndicats de l’éducation du monde entier et à promouvoir la coopération entre les membres en ce qui concerne le partage de l’apprentissage dans le domaine de l’enseignement, la recherche d’une solution au travail des enfants, la négociation collective et le dialogue social, dans le but de lutter contre le travail des enfants et de réaliser l'objectif de développement durable 4.

Le 26 janvier 1993, l’Internationale de l’Education naît de la fusion de la Fédération Internationale des syndicats libres (IFFTU) et de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante (WCOTP). A l’occasion de son 25e anniversaire, une série spéciale de blogues #IE25, sera publiée tout au long de l’année. Elle mettra en avant les voix et réflexions de syndicalistes, militant(e)s de l’éducation, organisations partenaires et ami(e)s, revenant sur les combats et accomplissements passés dont l’organisation a tiré force et inspiration en vue de s’attaquer aux défis présents et futurs auxquels sont confrontées l’éducation et la profession enseignante. Si vous souhaitez contribuer à cette série de blogues, veuillez écrire à [email protected].

[1] Enseignant(e)s et syndicats de l’éducation: éradiquer le travail des enfants. Un guide pour les enseignant(e)s et les syndicats de l’éducation. IE, 2014.

Toutefois, en 2011, l’IE a pris conscience de la nécessité de participer à la lutte mondiale contre le travail des enfants et, à l'occasion de son 6e Congrès cette année-là, la première résolution de l’IE sur le travail des enfants a été adoptée. Grâce à l’IE, de nouveaux programmes relatifs au travail des enfants ont été lancés pour ses affiliés, dans le cadre de la mise en œuvre de cette résolution nouvellement adoptée.

Afin de mettre en œuvre la résolution de l’IE sur le travail des enfants, l’UNATU a commencé par sensibiliser les plus haut(e)s dirigeant(e)s syndicaux/ales quant à l’importance de la participation des syndicats d’enseignants aux actions contre le travail des enfants. La participation des syndicats d'enseignants à ces actions pouvait notamment leur permettre d'augmenter leur visibilité en tant qu’acteur clé de l’éducation, d'assurer la présence des apprenant(e)s à l’école et d'accroître le nombre de membres potentiels du syndicat. Nous avons également expliqué que le travail des enfants relevait de la thématique de l’amélioration de la qualité de l’éducation dans le cadre du plan stratégique de l’UNATU de l’époque.

Ce ne fut toutefois pas une tâche facile. La plupart des responsables syndicaux/ales considéraient qu’il s’agissait d’une mission de la société civile et d’un gaspillage des ressources du syndicat, qui auraient plutôt dû être consacrées à des campagnes sur des questions fondamentales pour les affilié(e)s.

En avril 2012, l’UNATU a reçu un soutien technique et financier de la part de l’IE et a organisé un atelier national sur le travail des enfants pour les dirigeant(e)s de l’UNATU. Cet atelier fut une révélation pour les dirigeant(e)s de l’UNATU et, depuis lors, le travail des enfants figure au cœur des actions menées par le syndicat.

En tant que responsable des programmes successifs soutenus par l’IE au sein de mon syndicat depuis 2012, j’ai réussi à faire du travail des enfants une priorité, grâce à l’inclusion de cette thématique dans les documents stratégiques, les rapports, les ordres du jour des réunions et les autres activités de l’organisation. Mes efforts se sont concentrés principalement sur la sensibilisation au travail des enfants en tant que partie intégrante des préoccupations des syndicats. Ces événements ont été l’occasion de mettre en avant les définitions et les conséquences du travail des enfants, ainsi que les avantages pour les enseignant(e)s et l’importance de l’implication des syndicats d’enseignants dans la lutte contre le travail des enfants. Ainsi, l’UNATU a mené une campagne visant à encourager nos affilié(e)s à refuser d’utiliser des enfants en tant que travailleurs/euses domestiques et à promouvoir des environnements scolaires favorables aux enfants afin de garantir leur présence à l’école. Cette campagne a été un grand succès, puisque les affilié(e)s se surveillent désormais mutuellement pour veiller à ce qu’aucun(e) d’entre eux/elles n’emploie des enfants en tant que travailleurs/euses domestiques. En outre, le taux de scolarisation a augmenté dans certaines écoles à la suite de cette campagne.

En 2012, l’IE m’a demandé de diriger l'élaboration d’un nouveau projet « Le rêve d’Omar » est un autre exemple du rôle de premier plan joué par l’IE pour encourager ses affiliés à participer au mouvement mondial.L’UNATU a eu le privilège de figurer parmi les affiliés ayant bénéficié de cette intervention. A l’échelle nationale, l’UNATU a réussi à établir des partenariats avec des organisations de la société civile et des membres du parlement et, en 2014, une motion a été proposée au Parlement, exhortant le gouvernement ougandais à inscrire à l’école tous les enfants en âge d’être scolarisés et à garantir qu’aucun enfant ne travaille. Ce fut l'une des plus belles victoires du projet « Le rêve d’Omar ».

Plus récemment, avec le soutien de l’IE et de l'AOb (Pays-Bas), l’UNATU a entrepris des activités sur le travail des enfants dans le cadre du projet « Quitter le travail pour l’école » dans la région du Nil occidental. Les bénéfices pour les enseignant(e)s et le syndicat sont nombreux: les enseignant(e)s ont adopté le projet et connaissent le concept du travail des enfants, les enseignant(e)s contrôlent la fréquentation scolaire grâce aux registres généraux et communautaires; les relations entre le syndicat et le district sont meilleures; et nous constatons une amélioration au niveau de la collecte des cotisations ainsi qu'une augmentation de l’affiliation. Grâce à notre travail de plaidoyer, au moins une enseignante dans chaque école participe au projet, et nous pouvons observer d’autres résultats tangibles qui profitent à l’ensemble de la communauté scolaire, tels que de meilleures installations sanitaires et infrastructures scolaires, une diminution du recours aux châtiments corporels et le développement de programmes de cantines scolaires.

En tant que femme syndicaliste africaine, ma collaboration avec l’Internationale de l’Education sur l’élimination du travail des enfants dans mon pays et à travers le monde a été une étape décisive dans ma vie. Lorsqu’on m’a demandé de mener le processus d’élaboration du guide mentionné ci-dessus, j’ai pris conscience de mon potentiel en tant que personne et cela m’a donné la confiance nécessaire pour tenter de plus grandes choses dès qu’une opportunité se présente. En 2015, lors du Congrès mondial de l’IE, je figurais parmi les défenseurs de la résolution relative à « l’Action accélérée contre le travail des enfants » présentée par l’UNATU et les syndicats d’enseignants au Mali. J’ai par ailleurs été invitée à intervenir lors de la session sur la promotion des droits, « Lutter contre le travail des enfants pour promouvoir le droit à une éducation de qualité », qui a appuyé ma campagne de candidature au poste de représentante de la région Afrique dans le Groupe des enseignants du Commonwealth.

Au fil des ans, j’ai amélioré mes capacités à m'exprimer devant un public ainsi que mes compétences rédactionnelles, mes techniques de plaidoyer et mes compétences en matière d’analyse politique et de dialogue social, grâce aux nombreux programmes sur le travail des enfants que j’ai coordonnés. Dans mon pays, j’ai été reconnue pour mon travail et je suis devenue membre du Comité directeur national sur l’élimination du travail des enfants. Ces expériences m’ont permis d’inspirer et d’accompagner les personnes qui m’entourent, en particulier les enseignantes de l’UNATU, que j’encourage à postuler à des postes à responsabilités. Je soutiens également d’autres femmes et je défends l’éducation des filles.

Compte tenu de la valeur de ces expériences et de ces victoires à de nombreux niveaux, je suis intimement convaincue du rôle de premier plan que jouera l’IE dans les années à venir, afin de continuer à s'appuyer sur les succès réalisés, à renforcer les capacités des syndicats de l’éducation du monde entier et à promouvoir la coopération entre les membres en ce qui concerne le partage de l’apprentissage dans le domaine de l’enseignement, la recherche d’une solution au travail des enfants, la négociation collective et le dialogue social, dans le but de lutter contre le travail des enfants et de réaliser l'objectif de développement durable 4.

Le 26 janvier 1993, l’Internationale de l’Education naît de la fusion de la Fédération Internationale des syndicats libres (IFFTU) et de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante (WCOTP). A l’occasion de son 25e anniversaire, une série spéciale de blogues #IE25, sera publiée tout au long de l’année. Elle mettra en avant les voix et réflexions de syndicalistes, militant(e)s de l’éducation, organisations partenaires et ami(e)s, revenant sur les combats et accomplissements passés dont l’organisation a tiré force et inspiration en vue de s’attaquer aux défis présents et futurs auxquels sont confrontées l’éducation et la profession enseignante. Si vous souhaitez contribuer à cette série de blogues, veuillez écrire à [email protected].

[1] Enseignant(e)s et syndicats de l’éducation: éradiquer le travail des enfants. Un guide pour les enseignant(e)s et les syndicats de l’éducation. IE, 2014.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.