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Royaume-Uni : le gouvernement doit mettre en place un système de certification plus équitable pour les examens de fin d’études secondaires

Publié 25 août 2020 Mis à jour 31 août 2020

Les syndicats britanniques de l'enseignement ont critiqué la mauvaise gestion par le gouvernement du système de certification du niveau A (fin du secondaire), suscitant anxiété et incertitude parmi les élèves.

Les syndicats britanniques de l’enseignement – NASUWT et National Education Union(NEU) – ont tous deux fait part de leurs inquiétudes à propos du stress des élèves et du personnel enseignant, suite à la récente volte-face du gouvernement concernant les certifications du niveau A. Mi-août, il a été annoncé que les résultats des épreuves du niveau A en Angleterre seraient basés sur l’appréciation des enseignant·e·s et non sur un algorithme.

Les résultats ont été tout aussi chaotiques en Écosse, en Irlande du Nord et au Pays de Galles. En Irlande du Nord, par exemple, les élèves se voyaient attribuer la note la plus élevée indiquée soit par l’enseignant·e, soit par le système officiel – également une volte-face.

NASUWT : aucun jeune ne peut voir ses perspectives d’avenir compromises

« Les élèves ont été confrontés à un grand nombre d’incertitudes et d’angoisses concernant les modalités de certification pour le niveau A et les options qui leur sont offertes s’ils ne sont pas satisfaits de leurs résultats », a déclaré Patrick Roach, secrétaire général de la NASUWT.

Alors que la pandémie de COVID-19 a créé des conditions difficiles pour les élèves, les écoles et les collèges, les jeunes se trouvent aujourd’hui au centre d’une nouvelle tourmente politique, leur avenir étant laissé de manière inacceptable à la merci des décisions de dernière minute des ministres », a-t-il ajouté. « Aucun jeune ne devrait voir ses perspectives d’avenir compromises en raison de la décision prise cette année d’annuler les examens pour cause de pandémie. Ces circonstances sont indépendantes de leur volonté. »

S’assurer du bon déroulement des examens l’an prochain

« La mauvaise gestion du gouvernement a entraîné une perte de confiance de la population en cette période critique », a-t-il précisé. « La crise, quelque peu laissée en suspens ces derniers jours, a eu des conséquences non seulement sur les jeunes diplômés de cette année, mais également sur la confiance de plusieurs milliers d’élèves qui préparent actuellement les examens de l’an prochain. »

Roach a conclu que des leçons devaient être tirées de cette situation, notamment en recherchant les meilleurs moyens de garantir un système de certification plus résilient, qui reconnaisse équitablement les résultats de tou·te·s les élèves l’année prochaine et dans les années à venir.

NEU : reconnaître le travail du personnel enseignant et des élèves

Mary Bousted, secrétaire générale adjointe du NEU et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation, a rappelé que le travail du personnel enseignant et des élèves ne devait pas être oublié : « La politique de certification pour la promotion 2020 a éclipsé le point le plus important : les élèves doivent être félicités pour leur travail assidu et leur patience, à l’heure où l’ensemble du pays traverse une période difficile. Le personnel enseignant et les responsables d’établissement scolaire ont fait tout leur possible, durant une période de grande incertitude, pour soutenir et aider les jeunes auxquels ils enseignent. Ils expriment aujourd’hui leur déception face à des décisions politiques prises à la hâte et un système inefficace. »

Ce tournant radical était la meilleure solution

Elle précise cependant que le ministre de l’Education Gavin Williamson avait en définitive agi comme il le fallait concernant la volte-face du gouvernement pour l’attribution des notes aux examens du niveau A : « Il est dommage de constater qu’il a dû prendre cette décision après avoir écarté toutes les autres options possibles. Les élèves et leurs enseignants ont enduré des journées de stress et d’inquiétude absolument inutiles. »

En effet, pour beaucoup d’élèves, cette annonce suscitera des incertitudes supplémentaires s’il·elle·s ne sont pas reçu·e·s dans leur premier choix de filière d’études à l’université, en raison du processus de certification inadéquat et inéquitable de l’Ofqual (département gouvernemental non ministériel chargé de réglementer les certifications, les évaluations et les examens en Angleterre).

Appliquer l’approche écossaise en Angleterre

« Cette situation est honteuse et ne doit plus jamais se reproduire », a déploré Bousted. La réforme en Ecosse prévoit une révision à long terme des méthodes d’évaluation utilisées pour la délivrance des certifications, avec notamment la possibilité de suivre plus de cours et une évaluation systématique et modérée du personnel enseignant. Il est indispensable que nous puissions appliquer cette approche en Angleterre. »

Elle a ajouté que les jeunes avaient suffisamment souffert. Peu de chances leur sont offertes sur le marché du travail, a-t-elle souligné, le pays est face à une récession et à une augmentation des taux de chômage. Elle a également rappelé que la levée des quotas dans les universités était une décision équitable, car elle permet à davantage de jeunes ayant travaillé sans relâche pour obtenir leur diplôme de niveau A de poursuivre leurs études et de réaliser pleinement leur potentiel.

Selon elle, une des nombreuses leçons que doit tirer le gouvernement de cette « triste saga » est de se mettre à l’écoute de la profession, car « la détermination du ministère de l’Éducation de mettre tous les œufs dans un même panier, en organisant une seule session d’examens en été, vient à nouveau le hanter – un désastre qu’il a lui-même provoqué ».

Le gouvernement doit engager le dialogue avec les responsables d’établissement, les enseignant·e·s et les représentant·e·s syndicaux·ales

Rappelant que la pandémie de COVID-19 n’est pas encore terminée et qu’elle entraînera des changements significatifs dans la société et l’éducation, elle a affirmé clairement : « Il est temps que le gouvernement rencontre les responsables d’établissement, les enseignants et leurs représentants syndicaux pour discuter des moyens d’offrir le meilleur aux enfants auxquels nous enseignons et de restaurer la confiance vis-à-vis de notre système de certification et d’évaluation ».

« Nous avons besoin de procéder à une révision minutieuse et systématique de notre système, mais aussi d’apporter aux élèves du GSCE (certificat général de fin d’études secondaires) et du niveau A la garantie absolue que cette situation ne se reproduira plus jamais », a-t-elle conclu.