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76e anniversaire de la libération d’Auschwitz : les syndicats allemands, israéliens et polonais s’unissent pour dire « Plus jamais »

Publié 28 janvier 2021 Mis à jour 29 janvier 2021

Pour commémorer le 76e anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz, les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation d’Allemagne, d’Israël et de Pologne ont organisé un séminaire en ligne le 27 janvier sur le thème « Un enfant témoin de l’histoire ».

ZNP : l’éducation à l’Holocauste est vitale

Il est essentiel d’enseigner l’histoire de l’Holocauste et de développer les ressources pédagogiques à cet effet, selon Sławomir Broniarz, président du Polish Teachers’ Union(ZNP) et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation. Le ZNP a joué un rôle majeur dans l’organisation de l’événement en ligne.

Montrant un journal scolaire de 1933-1939 tenu par des élèves juives de l’École municipale générale pour filles n° 15 de Cracovie et rappelant d’importants événements scolaires, il a souligné ce qui suit :

« En lisant ce journal, je n’ai pu m’empêcher de penser combien nous, les adultes, nous n’avons pas été à la hauteur de ces jeunes filles formidables. Je ne peux m’empêcher de penser au fait que, lorsqu’elles ont écrit leurs derniers mots dans ce journal, elles attendaient les vacances d’été suivantes avec curiosité, qu’elles étaient pleines d’empathie et d’enthousiasme et voulaient vivre dans leur pays et contribuer à sa construction. »

Ajoutant qu’il pensait à la manière dont elles avaient été arrachées à leur maison, conduites dans le ghetto en traversant les rues de leur bien-aimée Cracovie, déportées dans des camps d’extermination, Broniaz a rappelé que sur les 50 jeunes filles de la classe qui tenaient le journal,  sept seulement ont survécu à la guerre.

« Nous sommes ici aujourd’hui et nous serons là l’an prochain. Nous le leur devons ! », a-t-il conclu.

GEW : les syndicats plaident pour une société où il n’y aurait pas de place pour l’antisémitisme

Marlis Tepe, présidente du Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft allemand (GEW) et vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation, a déclaré : « Je suis heureuse que, même si la pandémie nous empêche de nous réunir physiquement à Auschwitz et à Cracovie, nous puissions nous réunir à nouveau cette année, à tout le moins virtuellement. En tant que syndicalistes et personnels de l’éducation, nous considérons qu’il est de notre devoir de nous manifester pour veiller à ce qu’Auschwitz ne se reproduise pas. »

Rappelant que les témoins qui ont survécu à l’horreur d’Auschwitz sont importants pour la mémoire de l’Holocauste dans les écoles et qu’à l’avenir, ces rencontres personnelles avec des survivant·e·s de l’Holocauste seront de plus en plus rares, elle a souligné que : « La technologie nous offre de multiples possibilités de décrire la vie des Juifs, de nous rappeler de nos voisins juifs et de conserver vivante la mémoire des crimes des Nazis contre les Juifs dans l’esprit des jeunes générations et de les accompagner pour qu’ils deviennent des démocrates actifs ».

Elle a ajouté que les éducateur·trice·s « s’inquiètent de voir que l’antisémitisme, la xénophobie et le racisme reprennent des forces en Allemagne. En tant que syndicats de l’éducation, nous devons défendre une société ouverte, tolérante et libre dans laquelle il n’y a pas de place pour l’antisémitisme. »

VBE : les théories du complot peuvent être démontées grâce aux événements de commémoration

Udo Beckmann, président du Verband Bildung und Erziehung allemand (VBE), a clairement affirmé que l’« essor des thèses conspirationnistes devrait nous inquiéter tous. Sans cesse, certains groupes de la population, en particulier les Juifs, sont la cible de théories qui relèvent de purs fantasmes. Une culture vivante de la mémoire aide la société à lutter contre ces fantasmes. »

Étant donné la connectivité globale de la société, lorsque des problématiques comme le harcèlement des Juifs apparaissent dans un pays, elles doivent aussi être une source d’inquiétude pour les citoyen·ne·s d’autres pays du monde, a-t-il expliqué.

Il a poursuivi en insistant sur le fait que « les enfants savent et peuvent comprendre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Nous devons soutenir les enseignants pour qu’ils puissent aider les enfants à faire la différence entre le bien et le mal ».

« Le national-socialisme a engendré des souffrances infinies. ‘Plus jamais !’ n’est pas une expression vide de sens, mais le cœur même de l’éducation politique. »

ITU : l’éducation doit être fondée sur le respect des enfants

La secrétaire générale de l’ Israel Teachers’ Union(ITU), Yaffa Ben David, a honoré la mémoire de l’éducateur et médecin Janusz Korczak, dont les idées éducatives et les valeurs ont servi de base à d’innombrables concepts pédagogiques et de fondement à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Korczak était un Juif polonais et dirigeait un orphelinat, qui fut déplacé par la suite dans le ghetto juif de Varsovie. Il était très connu et aurait pu échapper à la déportation vers les camps de la mort. Il a toutefois choisi d’accompagner les enfants vers une mort certaine dans les chambres à gaz.

Ben David a souligné que « l’éducation doit reposer sur le respect des enfants et non sur la volonté des adultes. Vous ne pouvez pas transmettre des valeurs si les enfants ressentent le sentiment de supériorité des adultes, en particulier des enseignants ».

Elle a également insisté sur le fait que les syndicats de l’éducation doivent contribuer à élaborer et à adapter les ressources pédagogiques en fonction de l’âge des enfants.

Le séminaire a été suivi par une diffusion de la cérémonie organisée au musée d’Auschwitz-Birkenau.

Informations générales

Le thème du 76e anniversaire de la libération est « Le destin des enfants à Auschwitz ».

« Plus de 200.000 enfants ont été assassinés à Auschwitz », a indiqué Piotr M. A. Cywiński, directeur du musée. « Des enfants totalement innocents, bons, curieux de la vie, aimant leurs proches, confiants. Le monde adulte – en fin de compte, si souvent injuste et cruel – n’a jamais fait preuve de plus d’insensibilité, n’a jamais été aussi malfaisant. Cela ne peut se justifier par aucune idéologie, calcul ou politique. Cette année, nous voulons dédier cet anniversaire à la libération des plus jeunes victimes du camp. »

Au moins 232.000 enfants et jeunes ont été déportés à Auschwitz. Parmi ceux-ci, 216.000 étaient des Juifs, 11.000 étaient des Roms, environ 3.000 étaient des Polonais, plus d’un millier étaient des Biélorusses et plusieurs centaines étaient des Russes, des Ukrainiens et d’autres nationalités. Un peu plus de 700 ont été libérés du camp d’Auschwitz en janvier 1945.