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Les syndicats de l’éducation francophones veulent remettre les gouvernements sur la voie pour atteindre une éducation de qualité

Publié 26 octobre 2022 Mis à jour 5 décembre 2022

Le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF) qui regroupe les représentations syndicales des organisations francophones affiliées à l’Internationale de l’Éducation a tenu sa 18e Rencontre du CSFEF qui s’est tenue à Hammamet, en Tunisie, du 13 au 15 octobre. Les débats se sont centrés, entre autres, sur les conditions d'exercice de l'activité syndicale, l’égalité des genres et le droit de toutes et tous à une éducation de qualité.

Pré-rencontre des femmes

Pour la première fois lors d’une rencontre du CSFEF s’est tenue en amont une pré-rencontre des femmes, avec 25 participantes.

Celles-ci ont recommandé :

  • La formalisation du réseautage initié pour cette rencontre par la constitution d’un groupe « femmes » du CSFEF ; et
  • Le maintien dudit groupe à travers des réunions en ligne, des partages d’informations et des échanges d’expériences, des outils pour la promotion des droits de la fille et de la femme dans l’éducation, au travail ainsi que la participation dans les syndicats.

Analyse du PASEC

Par ailleurs, une des tables rondes a suscité beaucoup d’intérêt, celle sur le Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC) de la Conférence des ministres de l'Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN).

Dans sa présentation sur l’édition du PASEC du 2019, le représentant de la CONFEMEN, Konan Noël Kouassi, a rappelé que, à la demande du CSFEF, un Comité d’éthique et de déontologie a été mis sur pieds. Le CSFEF a pu y déléguer deux représentants.

Lors de la première réunion de ce comité, une charte a été adoptée afin de s’assurer que les données de l’enquête PASEC, qui comprend désormais une évaluation des enseignant·e·s, ne puissent servir à d’autres fins que celles prévues à l’amélioration des systèmes d’éducation. Cette charte d’éthique prévoit que l’enquête soit anonyme, ne permettant d’identifier ni les enseignants ou enseignantes ni les établissements, et que les résultats ne soient pas exploités pour dénigrer la profession enseignante, voire la sanctionner.

Une seconde réunion du Comité d’éthique a eu lieu après l’annonce des résultats du rapport du PASEC le 21 décembre 2020 à Dakar, au Sénégal, afin de réfléchir à comment diffuser les résultats de cette. Le CSFEF s’est alors assuré que les données demeureraient anonymes et ne pourraient servir à sanctionner les enseignant·e·s. S’il advenait que cette diffusion puisse permettre à un pays ou à un groupe de chercheur·euse·s d’identifier des enseignant·e·s ou des groupes d’enseignant·e·s, le comité devrait alors être convoqué.

Devant la forte attente de dialogue social de la part des syndicats de l’éducation sur le résultat de cette enquête et les recommandations qui correspondent aux revendications syndicales, le représentant de la CONFEMEN a garanti que l’objectif est une meilleure adéquation de la formation des enseignantes et enseignants, initiale et continue, aux besoins d’éducation.

Il a ajouté qu’un autre volet important est de pouvoir exercer son métier dans des conditions matérielles satisfaisantes (locaux, effectifs, outils pédagogiques), ce qui est loin d’être le cas dans plusieurs pays.

La CONFEMEN a aussi souligné la nécessité de rétribuer le travail des enseignants à sa juste valeur, de leur offrir des perspectives de carrière, devrait être un élément clé pour la qualité du système éducatif.

Enfin, elle a reconnu la nécessité de commencer l’apprentissage par la langue maternelle des enfants, et non en français, pour plus d’efficacité et de réussite.

Déclaration en vue du Sommet de la Francophonie

Les délégué∙e∙s ont également adopté à l’unanimité une Déclaration en vue du Sommet de la Francophonie qui se tiendra les 19 et 20 novembre 2022 à Djerba, en Tunisie. Le président du CSFEF, Jean-Hervé Cohen, a relevé que les États prenaient des engagements qui n'étaient ensuite pas tenus, le rôle des syndicat est donc également de veiller à la mise en application concrète de la déclaration officielle qui conclura le sommet des chefs d'État et de gouvernement.

Le secrétaire général du CSFEF, Luc Allaire, a regretté que « nous nous éloignons clairement de l’Objectif de développement durable 4 relatif à une éducation de qualité pour toutes et tous. À cause de la crise économique et énergétique, il y a beaucoup de réduction des budgets alloués à l’éducation. C’est dramatique. Nous ne pouvons ainsi que constater et déplorer une pénurie de personnels enseignants et de soutien à l’éducation. »

Condamnant la privatisation rampante du secteur de l’éducation, il a fait observer que « moins de budgets publics dans l’éducation signifie plus d’acteurs privés dans ce secteur. Or ceci entraîne plus d’inégalités, plus d’iniquité dans l’accès à une éducation de qualité. De plus, les personnels éducatifs embauchés par les établissements privés sont souvent sous-payés, sous-qualifiés et leur syndicalisation est beaucoup plus difficile. »

C’est pourquoi, dans leur déclaration, les syndicats francophones de l’éducation demandent aux chefs d’État et de gouvernement de s’engager, comme l’a fait la Banque Mondiale, à geler tous les investissements directs et indirects dans l’enseignement privé à but lucratif, dans le préscolaire, le primaire et le secondaire.

La Rencontre a aussi procédé à l’élection des membres du Bureau du CSFEF pour une période de deux ans. Cela a été l'occasion de remercier les membres sortants, en particulier Jean-Hervé Cohen qui quitte la présidence. Il a salué l'élection de la nouvelle présidente, Claire Guéville (SNES-FSU, France). Il est à noter que, pour la première fois de son histoire, le CSFEF sera présidé par une femme et son Bureau sera majoritairement composé de femmes: neuf femmes et six hommes.