Les personnels de soutien à l’éducation sont la clé d’un enseignement public inclusif et de qualité : un appel à la reconnaissance et à un traitement équitable
Les personnels de soutien à l’éducation (PSE) constituent la colonne vertébrale de nos écoles, mais ils connaissent malgré tout, pour la plupart, de la discrimination, des bas salaires et une faible sécurité de l’emploi. Pour la Journée mondiale des personnels de soutien à l’éducation, le 16 mai, les syndicats de l’éducation du monde entier ont fait entendre leur voix en faveur de leur reconnaissance et de l’amélioration de leurs conditions de travail.
Les PSE, colonne vertébrale de l’éducation
Lors d’un événement en ligne organisé à l’occasion de la Journée mondiale des PSE, « La force du public : ensemble on fait école avec les personnels de soutien à l’éducation pour assurer une éducation inclusive », le président de l’Internationale de l’Éducation (IE), Mugwena Maluleke, a appelé les gouvernements à investir dans les PSE : « Nous appelons tous les gouvernements à investir dans les personnels de soutien à l’éducation afin de garantir une éducation inclusive de qualité pour tous et toutes. »
Célébrant « les héros méconnus de nos écoles », il a souligné le rôle essentiel des PSE dans le soutien à l’apprentissage, au bien-être et à la sécurité des élèves, ainsi que la nécessité de les intégrer véritablement dans les projets pédagogiques des écoles.
Il a également fait remarquer qu’« en tant que syndicalistes, nous devons nous réjouir de la participation active et riche des PSE et du fait qu’ils soient reconnus dans nos syndicats à tous les niveaux ».
M. Maluleke a ajouté : « Vous êtes la colonne vertébrale de nos écoles. C’est votre dévouement et votre engagement qui rendent possible une éducation inclusive. Vous connaissez le nom de chaque élève, vous parlez sa langue, vous connaissez ses espoirs et ses craintes. »
La première partie du webinaire a porté sur les PSE et l’inclusion, en abordant la participation capitale des PSE à l’éducation inclusive et l’inclusion des PSE dans les syndicats et les environnements collaboratifs mis en place dans les écoles.
PSE et enseignant·e·s main dans la main pour défendre les droits collectifs et les valeurs partagées
Marjolaine Perreault, directrice exécutive de la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ) et membre du Bureau exécutif de l’IE, a souligné l’importance des PSE dans la promotion de systèmes éducatifs de qualité, équitables et inclusifs, à tous les niveaux d’enseignement.
Elle a rappelé qu’en 2023 les organisations membres de l’IE s’étaient réunies à Aveiro, au Portugal, à l’occasion de la deuxième conférence mondiale sur les PSE, où elles avaient signé la Déclaration d’Aveiro. Cette déclaration présente les revendications syndicales visant à garantir les droits et le statut des PSE et appelle tous les gouvernements à suivre cette orientation : « La force du public : ensemble on fait école avec les personnels de soutien à l’éducation ! ».
En outre, en 2024, à Buenos Aires, en Argentine, lors du 10e Congrès mondial de l’IE, une résolution a été adoptée pour continuer à plaider en faveur de la mise en œuvre mondiale de la Déclaration de l’Internationale de l’Éducation sur les droits et la condition des personnels de soutien à l’éducation. Mme Perreault a fait remarquer que cette résolution encourage les représentants des PSE et des enseignant·e·s à se soutenir mutuellement et à travailler main dans la main pour défendre des valeurs et des droits qu’ils partagent afin d’assurer la satisfaction des besoins des élèves.
Insistant sur le fait que les postes de PSE sont majoritairement occupés par des femmes, Mme Perreault a fait état des progrès réalisés ces dernières années au Québec grâce aux négociations salariales et à l’amélioration des conditions de travail. Elle a évoqué l’augmentation salariale historique de 17,4 % sur cinq ans, dont 6 % dès la première année, ainsi que le recrutement, récemment, de 4.000 auxiliaires de classe supplémentaires et une hausse des primes versées à certain·e·s travailleur·euse·s qualifié·e·s (de 10 % à 15 %) et aux psychologues.
Cependant, elle a également indiqué les difficultés que connaissent encore les PSE, tels que les coupes budgétaires, le gel des embauches et la précarité de l’emploi, qui sont de retour ces derniers mois. Par ailleurs, selon les données recueillies par la CSQ, les actes de violence envers les personnels de soutien ont triplé en trois ans.
Des PSE dévoués malgré des conditions de travail déplorables
Salamatu Braimah, présidente nationale du Teachers and Educational Workers’ Union (TEWU) au Ghana, a souligné le rôle essentiel des personnels de soutien à l’éducation dans la création d’un environnement favorable et propre, qui participe à la bonne santé du personnel et des élèves. Elle insisté sur le fait que ce sont ces membres du personnel qui préparent une alimentation saine pour les apprenant·e·s afin qu’ils aient l’énergie nécessaire à leur réussite scolaire.
Mme Braimah a souligné les conditions difficiles dans lesquelles les personnels de soutien à l’éducation travaillent pourtant dur et avec dévouement. Elle a indiqué que ces membres du personnel sont souvent victimes de discrimination, ce qui affecte leur moral, leur développement professionnel et la façon dont ils sont traités. Elle a notamment déclaré : « Les personnels de soutien à l’éducation travaillent beaucoup pour apporter leur assistance à nos homologues en salle de classe, et ce dans des conditions déplorables. »
Mme Braimah a demandé un financement accru et la reconnaissance de la valeur et des contributions des personnels de soutien à l’éducation. Elle a instamment appelé à la promotion de l’inclusion et de l’équité, à la mise à disposition de ressources pour le développement professionnel et à la garantie d’une rémunération et d’un traitement équitables.
Elle a également souligné le besoin de mettre en place des programmes de santé et de sécurité au travail, précisant que de nombreux membres des personnels de soutien à l’éducation souffrent du cancer du sein et d’autres maladies mortelles en raison des conditions délétères de leur environnement de travail. Elle a demandé l’aide de partenaires pour financer ces programmes et fournir une assistance médicale aux personnes diagnostiquées d’un cancer.
Le 19 mai, le TEWU a tenu une conférence de presse pour la Journée mondiale des PSE. À cette occasion, il a indiqué qu’une moyenne de 200 PSE (membres du syndicat) par mois quittent les établissements d’enseignement à la suite d’un départ à la retraite, d’une démission ou d’un décès. Sur la base des données relatives à ses membres, le syndicat a également donné le chiffre approximatif de 600 PSE qui prendront leur retraite d’ici la fin de l’année 2025.

Notant qu’il n’existe pas de politique de recrutement garantissant le remplacement des PSE qui quittent la profession, le TEWU a en outre exhorté le gouvernement à reconnaître que les PSE sont des travailleur·euse·s de l’éducation essentiel·le·s, à les impliquer dans l’élaboration des politiques et à prendre des mesures immédiates et durables pour recruter davantage de PSE.

Courage et intransigeance pour les PSE dans la défense de la démocratie, de l’inclusion, de l’égalité et de la solidarité
Flavia Bulletti, technicienne informatique membre de la Federazione Lavoratori della Conoscenza CGIL (FLC CGIL), a mis en lumière plusieurs problèmes cruciaux auxquels les PSE sont confrontés en Italie. Elle a souligné l’instabilité croissante des conditions de travail due aux actions répressives du gouvernement. Mme Bulletti a mentionné la question des inégalités entre les genres dans les pratiques d’embauche et les rémunérations, faisant remarquer que les femmes peuvent ne pas être embauchées si elles expriment le souhait d’avoir des enfants, et qu’elles peuvent être licenciées si elles tombent enceintes. Elle a également indiqué que lorsque les femmes ont la chance d’être embauchées, c’est avec des salaires inférieurs à ceux des hommes.
Elle a par ailleurs critiqué le gouvernement italien qui en introduisant sans cesse de nouvelles procédures administratives augmente la charge de travail, sans pour autant augmenter le personnel. « Quelle est la réponse du ministère à cela ? Il réduit les effectifs. Cela n’a aucun sens. »
Mme Bulletti a également souligné la nécessité de former l’ensemble du personnel scolaire, affirmant que le premier pas pour faire évoluer la société d’aujourd’hui est celui de la numérisation de l’école. Elle a déclaré : « Le but premier est de former les citoyens et citoyennes à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cette transformation doit être inclusive et ne pas créer des inégalités et des injustices, ou amplifier celles qui existent déjà. »
En conclusion, elle a lancé un appel à ses collègues : « Soyez courageux et intransigeants dans la défense de vos idées de démocratie, d’inclusion, d’égalité et de solidarité ! ».
La seconde partie de l’événement a traité des questions de financement des PSE et de l’importance de la campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! ».
Le syndicat des PSE confronté à de nombreux défis au Népal
Sushila Khanal, du Nepal School Employees’ Council (NSEC), a insisté sur l’importance des PSE, reconnaissant que « les PSE assurent une administration scolaire efficace, participent à l’inclusivité et la sécurité des espaces d’apprentissage, réduisent la charge de travail des enseignants et enseignantes, servent d’intermédiaires entre les écoles et les communautés et améliorent la qualité générale de l’éducation ».
En dépit de leur rôle essentiel, les PSE connaissent de nombreuses difficultés. Mme Khanal a mis l’accent sur la question des bas salaires : « Au Népal, trente et un mille PSE travaillent depuis bien des années sans sécurité de l'emploi ni reconnaissance appropriée. Il n’y a pas de protection sociale, comme la retraite, l’assurance maladie et autres. » Elle a ajouté : « Leur salaire n’est même pas suffisant pour subvenir aux besoins élémentaires et la plupart de ces personnes enchaînent les contrats à durée déterminée depuis des années ».
Mme Khanal a reconnu que « si nous voulons améliorer la qualité de l’éducation, nous devons investir non seulement dans les enseignants, mais aussi dans l’ensemble du personnel scolaire. »
Fragiles succès remportés par les PSE en Amérique latine
Julián Cabrera, trésorier de l’ Asociación de Trabajadores de Enseñanza Secundaria (ATES) en Uruguay, a témoigné des difficultés rencontrées par les PSE en Amérique latine. Il a souligné l’omniprésence de l’inégalité dans la région et le rôle essentiel des PSE dans la lutte contre ces disparités.
Il a également mis en lumière la présence croissante du secteur privé dans l’éducation au cours des dernières décennies, qui a détourné les ressources de l’enseignement public. Il a noté qu’en dépit de ces problèmes, des succès ont été enregistrés dans des pays comme le Brésil et l’Uruguay, où les efforts visant à introduire des structures préjudiciables aux PSE ont été contrecarrés.
Il a également lancé un appel à la solidarité mondiale, en déclarant : « Nous devons veiller à ce que les PSE soient reconnus à leur juste valeur. Nous devons veiller à ce qu’ils soient présents à la table de toutes les négociations que nous menons et à ce que tout le monde soit conscient de leur contribution et de leur importance ».
M. Cabrera a également évoqué une loi significative, qui avait été adoptée quelques années auparavant en Uruguay et qui concernait les PSE et leur travail avec les personnes porteuses de handicap. Cette loi a eu un impact considérable sur le système scolaire, permettant aux personnels de soutien de fournir des services essentiels aux élèves en situation de handicap. Malheureusement cette loi a depuis été démantelée, laissant de nombreux élèves sans ce soutien indispensable.
« Les PSE ne sont pas des personnels non enseignants. Notre contribution est quelque chose d’unique et n’a pas besoin d’être définie en fonction du fait que nous enseignions ou non. Nous devons être reconnus pour ce que nous apportons à la société et l’on doit partout nous garantir des conditions de travail décentes », a-t-il souligné.
Un appel à l’action
À l’occasion de la Journée mondiale des personnels de soutien à l’éducation, les syndicats de l’éducation du monde entier ont fait entendre leur voix pour réclamer de meilleures conditions de travail pour les PSE. Ensemble, ils peuvent faire en sorte que les PSE bénéficient du respect, de la sécurité de l’emploi et de l’équité professionnelle qu’ils méritent à juste titre. Il est temps que les gouvernements reconnaissent la contribution inestimable des PSE au sein de communautés éducatives dynamiques et qu’ils investissent dans leur bien-être et la sécurité de leur emploi.