Des milliards supplémentaires pour l’éducation. Une victoire historique pour les enseignant·e·s, les personnels de soutien et tous les enfants du Népal
Fort·e·s d’une victoire historique et durement acquise qui engage le gouvernement à augmenter le budget de l’éducation de près de 15 milliards de roupies népalaises (environ 96 millions d’euros), 36 éminent·e·s dirigeant·e·s syndicaux·les de tout le Népal se sont réuni·e·s pour lancer la phase suivante de leur action de plaidoyer consistant à diffuser la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » aux quatre coins du pays.
Cette victoire syndicale intervient après 90 jours d’intense mobilisation et 29 jours de manifestations pacifiques mais imposantes qui ont attiré l’attention de la nation.
Les dirigeant·e·s de toutes les organisations nationales membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) – l’ Institutional School Teachers’ Union (ISTU), la Nepal National Teachers’ Association (NNTA), la Nepal Teachers’ Association (NTA) et le Nepal School Employees Council (NSEC) – se sont réuni·e·s du 19 au 21 mai pour planifier la prochaine phase de la campagne.


Une victoire pour les enseignant·e·s, mais aussi pour tous les enfants du Népal
Ce rassemblement stratégique a été organisé à l’initiative de l’IE et la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES). Anand Singh, directeur du bureau de l’Internationale de l’Éducation pour la région Asie-Pacifique (IEAP), a ouvert l’événement en déclarant : « Vous avez fait preuve de la détermination qui fait bouger les nations. Il ne s’agit pas seulement d’une victoire pour les enseignants et enseignantes, mais d’une victoire pour chaque enfant népalais. Votre campagne a permis d’augmenter le financement de l’éducation de plusieurs milliards. À présent, nous devons porter cette flamme au niveau local ».

La représentante de la FES dans le pays, Natalia Figge, a salué « l’inflexibilité et l’inclusivité du mouvement », ajoutant : « Cet accord n’a pas été offert sur un plateau, il a été obtenu grâce au courage, à la détermination et à l’unité montrés depuis 2021. La forte présence des femmes dans ces manifestations et leur sens du leadership constituent un guide pour les mouvements syndicaux du monde entier. »
Les participant·e·s se sont consacré·e·s à la planification de campagnes locales visant à s’attaquer aux questions urgentes que sont la pénurie d’enseignant·e·s, le manque de financement de l’éducation et les problèmes systémiques qui accablent les systèmes éducatifs publics et privés du Népal. S’inspirant des recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, les dirigeant·e·s syndicaux·les se sont engagé·e·s à veiller à ce que ces lignes directrices orientent les politiques des gouvernements locaux.

Montrer le pouvoir de la mobilisation de masse, de la solidarité communautaire et des manifestations pacifiques
En réfléchissant au succès de la campagne nationale, les participant·e·s ont souligné le pouvoir des grandes mobilisations, de la solidarité entre communautés et des manifestations disciplinées. Un syndicaliste a mentionné ce fait : « Des milliers d’enseignants et enseignantes ont marché dans les rues de Katmandou, mais nous les avons laissées plus propres que nous ne les avions trouvées. Même le maire nous a félicités. »


Les dirigeant·e·s des syndicats ont dévoilé 18 plans de campagnes locales visant à collecter plus de 18 millions de roupies népalaises pour financer l’éducation au niveau local. La priorité sera donnée à la province de l’est, avant d’étendre les campagnes aux six autres provinces du pays.

Le coprésident de l’ISTU, Moti Ram Phuyal, a appelé à rester vigilant : « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Les enseignants et enseignantes des écoles privées sont toujours en attente d’équité. La nouvelle loi sur l’enseignement scolaire doit prendre en compte leurs droits et leur dignité. »
Bishnu Prasad Bhandari, président de la NNTA, a indiqué le prochain cap à franchir : « Ce sont les gouvernements locaux qui détiennent les clés du changement. Nous devons instaurer un dialogue social, assurer les financements et garantir des congés de maternité et des systèmes de soutien dans l’ensemble des 753 gouvernements locaux. »
Som Nath Giri, président de la NTA, a tenu à mettre en avant l’importance de l’unité et de la stratégie : « Nous avons tenu des centaines de réunions avec nos membres et le gouvernement. Notre caisse de grève nous a permis de faire en sorte que les manifestations se déroulent sans heurts et avec humanité. Cette campagne a véritablement été menée par le peuple. »
Le président du NSEC, Ganga Ram Tiwari, a lui rappelé que les accords conclus ne sont qu’un début : « Nos noms ne figuraient même pas dans le premier accord. Mais nous n’avons pas baissé les bras et maintenant les employés et employées des écoles bénéficient aussi de congés payés. La lutte continue. »
Ce moment marque un tournant dans l’histoire de l’éducation au Népal. Anand Singh a souligné que, de la capitale aux salles de classe du Népal rural, le message est clair : « Les enseignants et enseignantes se soulèvent et ne feront pas machine arrière tant que chaque enfant n’aura pas accès à une éducation de qualité et que chaque éducateur et éducatrice ne sera pas traité avec dignité. »